Boulimie et sentiment d’imposture. Les personnes boulimiques ont toujours un sentiment de décalage. Quand elles ne sont pas dans un registre intellectuel, elles sont rarement synchro avec les autres. Soit elles ne peuvent pas ou n’osent pas dire ce qu’elles pensent ou ce qu’elles ressentent, soit elles monologuent sans s’en rendre compte.
Après un long travail personnel, Véronique s’est rendu compte qu’elle avait un sentiment d’imposture parce qu’elle était décalée. Et qu’elle était décalée parce qu’elle se décalait elle-même.“ Après plusieurs années en psychanalyse, j’ai compris pourquoi j’étais décalée et comment j’étais décalée : j’étais prisonnière de mon passé et je ne vivais pas dans la réalité. Je me faisais des films tout le temps, je me sentais agressée pour un rien, je me dépréciais en permanence, je voyais la vie en blanc ou en noir.
Je passais à côté de moi-même et des autres d’où le sentiment d’imposture
« Autant dire d’ailleurs que je ne la voyais pas telle qu’elle est, puisqu’elle est à la fois blanc et noir avec plein de nuances au milieu ! Je passais à côté de moi-même et des autres en permanence parce que ma personnalité dysfonctionnait et m’empêchait d’être présente. Je passais mon temps entre la colère et la tristesse, j’étais engloutie par mon passé ou angoissée par mon avenir, mais je n’étais jamais vraiment dans le présent.
Je croyais communiquer mais j’envahissais les autres
Un de mes problèmes, par exemple, c’est que je m’étalais trop avec tout le monde, avec n’importe qui, sur n’importe quoi. Je croyais communiquer mais j’envahissais les autres, parlant immédiatement de choses intimes même quand je ne connaissais les gens que depuis cinq minutes . Je n’avais pas de limite dans la bouffe, mais je n’en avais pas dans le contact non plus.
Un jour, dans un groupe, tandis que j’avais la parole, ma psy m’a coupé la parole et a dit en rigolant : « oui, Alexandra se masturbe en public ». Ça m’a fait rire et j’y repense tout le temps ce qui me conduit à changer progressivement mon comportement.
Maintenant je fais en sorte d’être vraiment à l’écoute.
Hier soir, j’ai vu des amis et j’ai réussi à ne pas leur dire tout ce qui me passait par la tête. J’ai essayé de les écouter EUX en fait, sans répondre systématiquement quelque chose. J’ai essayé aussi, quand on me disait quelque chose de ne pas partir dans des envolées lyriques.
Je ne cherche plus a prouver que j’ai raison
Et quand je n’étais pas d’accord, là aussi, je me suis retenue de vouloir leur démontrer que j’avais raison. Il y a eu une meilleure qualité de communication et j’étais vachement bien. Je peux même dire que c’était la première fois que j’étais vraiment bien avec des amis. Depuis, quand on m’invite le soir, alors que d’habitude j’ai tendance à dire non ou au dernier moment, maintenant j’accepte, je n’ai plus peur, parce que je sais inconsciemment que je saurais être mieux, dans la relation.
Avant, j’y allais en me sentant plus nulle que tout le monde. Je me disais : « je n’aurais pas dû dire ça ; qu’est-ce qu’ils vont penser de moi ».
Maintenant, je fais en sorte d’être vraiment à l’écoute et au final, la soirée achevée, je n’ai plus rien à me reprocher.
Ce qui a pour effet de limiter mes pulsions sur la bouffe : de plus en plus souvent, quand je rentre chez moi, je ne me rue plus sur le frigo ! Tout ça pour une petite phrase de ma thérapeute : » Alexandra se masturbe en public ! « .
Depuis l’adolescence je me sentais seule au monde. Jusqu’à cette phrase-là, je n’avais pas compris que j’étais moi-même l’artisan de ma solitude.
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