Différence entre boulimie et hyperphagie

Introduction

Quelle Différence entre boulimie et hyperphagie? Bien que souvent confondues, sont perçues différemment selon le prisme médical ou psychologique. Comprendre ces nuances est essentiel pour orienter vers un traitement adapté. Plongeons dans ces différences.

1. Le regard médical sur l’addiction alimentaire

Selon les critères médicaux les individus ayant des pulsions alimentaires répétées sans recours au vomissement volontaire ou à des stratégies compensatoires ne sont pas considérés comme boulimiques. Les centres spécialisés en TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) se concentrent principalement sur la régulation du comportement alimentaire, sans nécessairement aborder ses causes sous-jacentes.

2. Le regard psychologique sur l’addiction alimentaire

La psychologie établit un lien entre les comportements humains et leurs besoins ou désirs internes. Deux principales théories émergent :

La théorie Psychanalytique

Elle suggère que l’addiction, qu’elle soit alimentaire ou autre, est soit liée à un conflit inconscient névrotique, soit à un manque affectif précoce. Ces conflits ou manques peuvent conduire à des comportements addictifs comme mécanismes de compensation. En effet, selon les théories psychanalytiques l’addiction, quand elle n’a pas une cause organique, qu’elle soit alimentaire ou non, qu’elle soit avec ou sans vomissements, , est liée:

  • Soit à un conflit inconscient de type névrotique (c’était le point de vue de la psychanalyse à ses débuts) qui l’amène, souvent à l’adolescence (parfois avant) à chercher à combler ce manque par des substituts, tels que des substances ou des comportements addictifs.
  • Soit à un manque affectif précoce, souvent au stade oral du développement psychosexuel ce qui est la thèse de la psychanalyse contemporaine qui s’intéresse au développement affectif de l’enfant à l’âge préverbal. Le nourrisson peut développer un sentiment de manque ou de privation. On sait aujourd’hui que les parents ne sont pas nécessairement impliqués dans ce sentiment de manque et e privation, que l’enfant peut avoir dès sa naissance une hypersensibilité émotionnelle c’est à dire être, comme le dit Boris Cyrulnik « un petit transporteur de sérotonine ». L’enfant peut alors ressentir des angoisses disproportionnées, de type psychotiques (Joyce Mc Dougall) qui n’ont rien à voir avec la réalité de son vécu. Bien qu’ayant rencontré de telles angoisses, il peut ne plus les ressentir pendant l’enfance s’il évolue dans un environnement sécurisant. Mais, comme rien ne se perd dans l’inconscient, il les retrouvera à l’adolescence ou à l’âge adulte quand il devra affirmer son identité en se différencier de l’univers familial.

Donc selon la théorie psychanalytique, pour résumer :

Pour la théorie psychanalytique post-freudienne qui s’est intéressée à l’évolution psychologique de l’enfant à son stade pré-verbal, la pulsion addictive, quand elle n’a pas de cause organique serait liée:

  1. Soit à un profil psychique névrotique (comme presque tout le monde selon Freud)  à la recherche de satisfactions immédiates plutôt qu’à la tolérance de la frustration,
  2. Soit, selon un profil borderline à la seule solution pour échapper à des angoisses trop importantes, ingérables, psychiquement trop menaçantes.

La théorie Génétique et Neurobiologique

Elle valide la thèse psychanalytique du trouble de l’attachement durant la petite enfance, la période que la psychanalyse appelle la période pré-oedipienne. c’est à dire à cette période de la vie où le nourrisson n’en est pas encore aux difficultés relationnelles affectives avec son parent nourricier, valide la thèse psychanalytique du trouble de l’attachement dans la petite enfance et reconnaît qu’il joue un rôle dans le développement psychique ultérieur.

La pulsion d’attachement 

L’attachement est le lien émotionnel profond et durable qui se forme entre un enfant et ses principaux soignants, généralement les parents. Lorsque cet attachement est compromis ou perturbé, cela peut avoir un impact sur le développement social, émotionnel et comportemental de l’adulte. On est capable aujourd’hui de distinguer les zones du cerveau et les hormones impliquées dans le besoin permanent de réconfort et d’apaisement chez l’adulte. Les enfants qui ont connu un trouble de l’attachement peuvent développer des difficultés à réguler leurs émotions et à gérer le stress. En grandissant, ils peuvent chercher des moyens de se réconforter et de se calmer, et l’addiction peut devenir une méthode de recherche de ces sensations apaisantes face à des difficultés de régulation émotionnelle, des modèles relationnels déficients (de type fusionnel).

L’attachement, tant pour la psychanalyse post-freudienne que pour les récentes recherches en neurophysiologie, est donc crucial pour le développement émotionnel et comportemental. Les perturbations dans ce domaine peuvent mener à des problèmes de régulation émotionnelle et à des comportements addictifs à l’âge adulte.

Conclusion

La distinction entre les perspectives médicale et psychologique est cruciale. Selon l’origine du trouble – organique ou psychique – le traitement  variera. Reconnaître la cause profonde est la clé pour une intervention thérapeutique efficace, qu’elle soit médicale, psychanalytique ou inter-relationnelle.

  • Si la problématique est supposée avoir une cause organique, alors la médecine est la plus compétente pour la traiter.
  • Si la problématique est supposée répondre à un conflit psychique de type névrotique, alors la psychothérapie de type psychanalytique est tout à fait capable de la résoudre.
  • Mais si l’addiction est liée à une personne qui a un trouble de la personnalité borderline, la problématique est la conséquence d’une difficulté émotionnelle du tout premier âge de la vie, alors ni la médecine ni la psychothérapie traditionnelle ne seront appropriée. Il faudra une psychothérapie de type inter-relationnel, de préférence en groupe, où, face aux autres, on développe les bases de son identité authentique, souvent très différente de celle que l’on affiche socialement et à laquelle on tente de s’identifier. 
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