À quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, nous avons voulu présenter ici un portrait du célèbre plongeur britannique Tom Daley (29 ans), ex-boulimique, qui cette année défendra son titre olympique du plongeon synchronisé à 10 mètres. Pourtant, malgré ses exploits et médailles olympiques, ce jeune sportif de haut niveau cachait un combat personnel intense dû à une fragilité émotionnelle qu’il apaisait avec de la boulimie.
SOMMAIRE
- Un athlète face à la boulimie
- Vide à l’intérieur, brillant à l’extérieur
- L’addiction alimentaire : boulimie, hyperphagie boulimique
- Comment Tom Daley a réussi à surmonter son addiction alimentaire
Un athlète face à la boulimie
En 2009, Daley a remporté son premier titre de Champion du Monde à Rome dans l’épreuve du 10 mètres plateforme, faisant de lui l’un des plus jeunes champions du monde de plongeon. Ce succès a solidifié sa réputation comme l’un des meilleurs plongeurs de sa génération.
Prenant tout le monde par surprise, il a révélé qu’il luttait contre la boulimie, un trouble de l’alimentation caractérisé par des épisodes de frénésie alimentaire suivis de comportements compensatoires tels que le vomissement ou l’exercice excessif. Selon lui, cette condition a gravement affecté son moral et sa capacité à apprécier ses succès et sa vie personnelle.
Bien que la boulimie affecte la vie personnelle, elle permet en même temps d’apaiser une tension psychique insupportable.
Cette année 2024 à Paris, et après avoir vaincu sa boulimie, Tom Daley fera sa cinquième participation aux Jeux Olympiques.
Être un champion ne suffit pas pour être soi
Malgré son côté envahissant et apparemment destructeur, une addiction est souvent l’oxygène dont on a besoin quand on n’a plus de souffle. C’est une image, car physiquement Tom Daley ne manquait pas de souffle. Sans le savoir, il avait une fragilité émotionnelle et relationnelle intime qui l’empêchait de trouver son autonomie identitaire. Être un champion ne signifie pas nécessairement être soi.
L’addiction alimentaire pour lâcher prise
Tom Daley prouve qu’on peut avoir une vie en apparence totalement épanouie et plus que réussie, et en même temps, au fond de soi, se sentir bancal, fragile, mal dans sa peau et mal parmi les autres. La plupart des gens ont tendance à penser que les problèmes identitaires et relationnels sont dus à l’addiction alimentaire. Mais quand on fait une psychothérapie spécialisée pour les personnes qui n’arrivent pas à se sortir d’une addiction malgré les différents sevrages, on comprend vite que le problème n’est pas l’addiction en elle-même, mais ce qui fait qu’on a besoin d’une addiction pour vivre.
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On est boulimique parce qu’on ne se sent ni dans sa peau ni dans sa vie.
Quand elle n’est pas due à un problème physiologique, et quand elle ne parvient pas à se résoudre avec différents sevrages, l’addiction, qu’elle soit alimentaire ou autre, n’est pas ce qui détruit, mais au contraire, ce qui permet de survivre malgré le sentiment constant de ne pas être vraiment dans sa vie. En parlant d’une patiente de Donald Winnicott, Jacques Sédat, un psychanalyste contemporain, dit qu’elle avait tout d’une personne comme les autres, voire plus brillante que beaucoup d’autres, et paradoxalement elle était une non-personne. Malgré son intelligence et ses diplômes, elle n’était pas habitée de l’intérieur.
Le sport intensif permet de se sentir vivant.
On ne peut pas être champion et ne pas aimer le sport. Vraisemblablement pour Tom Daley, le sport lui permettait de se sentir vivant parce que c’était une sensation forte. Mais en dehors du sport, il ne se sentait sans doute, comme tous ceux qui ont une addiction sévère, ni dans sa peau ni dans sa vie, et il s’accrochait à la nourriture, non par faim mais pour se sentir vivant.
La boulimie a eu des conséquences néfastes sur la vie de Daley, créant un cycle de culpabilité et de stress qui ternissait ses réalisations. Malgré ses succès sportifs, il se sentait souvent submergé par des sentiments de honte et d’anxiété, incapable de savourer pleinement ses victoires.
Face à sa boulimie, Tom Daley a demandé de l’aide.
En révélant son problème et en demandant de l’aide, Tom Daley a contribué à montrer que la boulimie n’est pas un manque de volonté puisqu’il avait, par ailleurs, la volonté d’un sportif de haut niveau dans ses entraînements et ses compétitions. Comme d’autres athlètes souffrant aussi de boulimie ou d’hyperphagie boulimique, il a prouvé qu’on pouvait avoir un corps sain et bien bâti, une tête bien pleine et en même temps une fragilité émotionnelle d’enfant.
Son traitement de la boulimie
Nous ne connaissons pas les détails concernant le traitement de sa boulimie, mais Tom Daley a sûrement consulté des psychiatres dans un premier temps pour réguler ses humeurs, et certainement aussi une psychothérapie centrée sur ses fragilités émotionnelles. Comme tous les gens qui ont une addiction pour des raisons psychiques, il se sentait incomplet comme un enfant dans un corps d’adulte. Quels ont été ses thérapeutes ? Quel a été le psychothérapeute qui lui a permis de se sentir enfin exister face à l’autre ? On ne le sait pas. Ce qui est sûr, c’est qu’il a commencé à déculpabiliser et qu’il a dû franchir en psychothérapie des étapes qui lui ont permis de se construire intérieurement un soi autonome.
Tom Daley n’est pas le seul athlète à avoir souffert d’une addiction alimentaire. Il y en a eu d’autres qui ont osé parler de leurs compulsions alimentaires incontrôlées, que les gens, par honte, gardent secrètement pour eux-mêmes. Mais il est un exemple inspirant de résilience et de détermination.
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Tom Daley un champion hors du commun
Malgré ses victoires sportives remarquables, Tom Daley a su faire preuve d’une force héroïque pour avoir réussi tant d’exploits tout en souffrant d’une boulimie vomitive, dont les effets de fatigue sont importants. Une addiction, ça calme mais ça « crève » en même temps. C’est chronophage et culpabilisant. Réussir sa vie d’athlète tout en souffrant d’une addiction alimentaire est véritablement de l’héroïsme, car il se sentait certainement – comme tous ceux qui souffrent d’une addiction – physiquement et moralement plus bas que terre. Les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront l’occasion de voir Tom Daley sous un nouveau jour, avec pour objectif principal de défendre son titre de champion.