Mécanismes de l’addiction
Si la boulimie n’est pas une drogue, au sens où elle disparaît souvent sans effort lorsque les problèmes mentaux des boulimiques sont traités en psychothérapie
S i la boulimie n’est pas une drogue, au sens où elle disparaît souvent sans effort lorsque les problèmes mentaux des boulimiques sont traités en psychothérapie (voir les témoignages des personnes qui s’en sont sorties), en revanche, les personnes boulimiques ont une personnalité addictive et elles se retrouveront dans l’approche du très déculpabilisant docteur William Lowenstein pour qui l’addiction est une vraie maladie. Voici donc quelques extrait de son ouvrage » Les Addictions Qui Nous Gouvernent « .
{xtypo_quote_right}L’addiction est souvent regardée avec mépris. Pourtant, on n’est pas responsable de se « droguer », c’est une maladie.{/xtypo_quote_right} »Avez-vous vu un nourrisson dans les bras de sa mère ? La petite tête, jouisseuse, blottie à portée du sein. Le monde entier peut s’écrouler autour de lui, il ne craint rien. Même pas peur ! Ni les autres, ni de lui-même, ni de la faim ou de la mort.
L’héroïne = une maman chimique
L’héroïne c’est ça. Du moins dans un premier temps. Une » maman chimique » toute-puissante et protectrice. Une force qui offre la tranquillité suprême, la peur de rien. Peur de rien, si ce n’est du manque… Que » maman héroïne » s’éloigne, vienne à disparaître et le manque se révèlera à la hauteur du bien-être perdu. Le monde redeviendra cruel, la pensée douloureuse, l’idéal tyrannique, la relation à l’autre sans distance, les jambes sans repos et le sommeil impossible. L’apaisement ne sera alors possible que si maman héroïne revient à proximité… ».
» …L’addiction, avec ou sans drogue, est une maladie du cerveau.Pourtant, les dépendances sont considérées, encore aujourd’hui, avec une forme de mépris. Elles sont regardées comme des maladies honteuses, des « fausses » maladies, parce qu’elles seraient issues d’une absence de volonté de guérir des individus.N’est-il pas toujours demandé aux addicts de se soigner seuls, de se désintoxiquer par eux-mêmes ou presque : aidez-vous (sevrez-vous), la société vous aidera… peut-être !
Le psychiatre pour soigner l’addiction
Mais au lieu de les aider, notre société les exclut et même pire, elle les accable. Elle peut apparaître ainsi des plus injuste, car après avoir encourage bien souvent l’usage. Et la consommation jeux de grattage et Loto national, périodes institutionnelles des soldes, promotion de l’Internet, etc.), parfois toléré l’abus de substances licites (des fêtes du jour DE l’an aux « troisièmes mi-temps », expression consacrée pour les beuveries de fin de match de rugby), elle condamne ou maltraite ceux qui sont allés trop loin et ne peuvent revenir : les dépendants. Et que dire du sort réservé aux femmes ! De plus en plus nombreuses, de plus en plus vulnérables face aux addictions, les femmes, notamment les mères, ne bénéficient d’aucune place spécifique que ce soit dans la prévention, le soin ou la réduction des risques.
Sans doute est-ce pour cela que j’ai si souvent entendu des patients me confier avoir longtemps réfléchir avant d' »oser » franchir la porte de mon bureau?
Au-delà de la honte, c’est la culpabilité qui les empêchait de faire le premier pas. D’ailleurs, lorsqu’ils doivent m’expliquer leur problème, c’est généralement la tête basse, rarement les yeux dans les yeux. Lors de ces échanges initiaux, j’ai souvent l’impression particulière de me substituer à un curé ou a un policier. Toute la difficulté pour moi consiste a leur rappeler que je suis médecin, addictologue et que je suis face à eux, avec eux pour les écouter, établir un diagnostic et les soigner.
Vous êtes ma dernière chance
Lorsque je les reçois en première consultation, ils ont déjà plusieurs années de dépendance derrière eux, plusieurs années de souffrances et de rechutes. Avant de passer la porte de mon cabinet, ils ont attendu d’être au bout du rouleau, de ne plus en pouvoir. Une fois le contact établi, ils me demandent de les aider à fuir leur enfer quotidien: « Vous êtes ma dernière chance ! » Derrière cette expression, je devine: « Si je la loupe, je serai condamné à vivre avec. » Je ne peux m’empêcher de penser que, dans une petite partie de leur cerveau, ils se disent : « Quelle douce condamnation ! »; car mes patients sont partagés entre deux sentiments: l’envie d’arrêter (même si cela leur semble insurmontable) et une nostalgie des premiers effets de leur addiction. »
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