Méditation et addiction alimentaire : Une solution thérapeutique ?

La méditation et addiction alimentaire. L’addiction alimentaire est un combat quotidien pour beaucoup. Dans notre quête de solutions, la méditation émerge comme une réponse potentielle. Mais peut-elle vraiment aider à surmonter cette dépendance ?

La montée de la méditation en Occident

Ces vingt dernières années la méditation s’est considérablement développée dans le monde occidental. Inspirée des traditions hindouiste, taoïste et bouddhiste, elle a même conquis le champs de la médecine, tant pour soigner les maladies du corps que pour la gestion du stress. Sans visée spirituelle particulière, à usage thérapeutique, la méditation médicale vise à se distancier des pensées et des émotions qui perturbent le fonctionnement du corps et du mental.

Les bienfaits immédiats de la méditation

« Ça m’a calmé instantanément, comme si j’avais pris de l’alcool ou comme après une séance se sport » me dit-on souvent dès la première séance. Et si l’on en fait régulièrement, ne serait-ce que quelques minutes par jour, les bienfaits se prolongent bien au delà des séances, permettant d’acquérir plus de flexibilité mentale, de calme, de patience, de confiance en soi et en l’autre.

Les défis pour les hyper stressés surtout avant les crisses

Mais souvent les personnes hyper stressées ne sont pas réceptives à cette approche, trop tendues pour que les pensées, les émotions et les tensions corporelles se décrochent, même avec l’aide d’un accompagnement extérieur. Si tel est votre cas, ne battez pas en retraite. Il y a peut-être pour vous une manière d’entrer en méditation différente, mieux adaptée à votre difficulté à lâcher prise

L’importance de la posture

A commencer par la posture. Les professionnels de la méditation, disent souvent de rester bien droit et d’éviter de s’endormir. Ce conseil a certainement du sens, mais tout dépend à qui l’on s’adresse et quel objectif on veut atteindre. Mon expérience clinique de psychologue m’a montré que, pour se libérer de trop de tensions, vivre le moment présent et gagner en confiance en soi et aux autres, toutes les postures peuvent être intéressantes et induisent leurs propres effets. Mais, lorsqu’il s’agit de personnes hyper stressées, il y en a une qui réussit tout particulièrement, c’est celle qui se rapproche le plus de l’état végétatif, c’est à dire allongé sur le dos ou bien sur le coté, en fœtus, ou encore confortablement installé sur un fauteuil ou sur une chaise. J’ai même connu des personnes hyper stressées qui ne pouvaient jamais faire des séances immobiles mais uniquement en faisant des mouvements, en marchant ou même en courant.

S’endormir pendant la méditation : en psychothérapie c’est un signe de lâcher prise plutôt positif 

Les professionnels de la méditation insistent également sur l’intérêt de ne pas s’endormir pendant les séances. Mais, là encore, lorsque l’on se sent très très tendu, je propose ne de pas prendre cette règle à la lettre. Si l’on réussit à s’endormir pendant une séance, cela prouve que l’on a réussi à lâcher prise avec ses tensions et cela peut être thérapeutique. D’autant que l’on ne s’endort souvent pas totalement: l’expérience montre, dans une séance guidée, que ceux qui s’endorment se réveillent comme par hasard à peu près exactement au moment où la séance se termine.

Autre petite astuce: laissez-vous vivre ces séances sans vous accrocher à cette idée que ça ne marchera sûrement pas et que vous ne réussirez pas à vous détendre. D’ailleurs, quelles que soient les idées dont vous avez la conviction, donnez vous la permission, dans ces exercices, de ne pas vous accrocher à elles… Ne les chassez pas, mais ne les suivez pas non plus. Observez vos pensées de l’extérieur comme si elles n’étaient pas les vôtres, comme si elles étaient celles de quelqu’un d’autre. D’ailleurs le psychanalyste Jacques Lacan disait que nos pensées sont toujours celles de quelqu’un d’autre. Même si elles surgissent souvent comme des réflexes, elles sont liées à nos expériences passées, aux croyances du pays dans lequel avons évolué, aux personnes qui nous ont entouré, sans tenir vraiment compte des paramètres de la réalité présente. D’autant que si vous faites partie de ceux qui ont naturellement tendance fabriquer des pensées négatives, vous pouvez très bien rester figé dans un système pessimiste auto-entretenu et, de ce fait, ne pas vous laisser surprendre par une perception plus distanciée et plus apaisée des choses.

En même temps, s’il ne faut pas s’accrocher à ses pensées, il ne faut pas non plus lutter contre elles. Juste être attentif à ne pas se laisser happer par elles, soit en restant fixé sur les bruits environnants , la sensation des pieds ou du corps contre le sol, les mouvements et les sensations de la respiration (à condition d’accepter qu’elle soit plus ou moins oppressée et irrégulière, qu’elle ait son propre rythme, même s’il paraît trop rapide.

D’une manière générale si vous participez à une séance accompagnée et si vous êtes hyper stressé, ne suivez pas le protocole proposé à la lettre. Faites ce que vous pouvez et lorsque quelque chose ne vous paraît pas agréable ou faisable, ne restez pas bloqué sur ce que vous ne réussissez pas ou n’aimez pas faire. Écoutez la voix avec une certaine distraction. N’hésitez pas à vous appuyer contre le dossier ou à vous allonger si vous n’avez pas envie d’avoir le dos droit.

Quand on vous invite à vous sentir confortable, si vous vous en sentez incapable, ce n’est pas grave. Faites simplement du mieux que vous pouvez. Concentrez-vous sur une ou plusieurs sensations corporelles du moment présent, celles qui sont agréables mais aussi celles qui ne le sont pas, et si vous êtes tellement tendu que vous n’avez pas de sensation, n’en faites pas un problème. En laissant venir tout ce qui vient et tout ce qui ne vient pas, en regardant vos pensées de l’extérieur, comme si elles étaient les pensées de quelqu’un d’autre, petit à petit il se peut que vous sentiez la pression vous lâcher progressivement au fur et à mesure que la séance se déroule.

Autre petite astuce, ne considérez pas que votre séance est foutue si vous ne réussissez pas à vous détendre. Au besoin, comme le génial Milton Erickson le proposait à ses patients, n’essayez pas de vous détendre, restez tendu.

Enfin, ne prenez pas l’éventuel échec de la première séance comme un échec définitif. Retentez l’expérience deux ou trois autres fois. Il se peut que la répétition vous aide à accéder à juste ce qu’il faut de lâcher-prise pour que vous y parveniez.

 

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Méditation et psychothérapie : une combinaison puissante

D’un point de vue concret, quand vous aurez vécu ce que les scientifiques appellent un moment de « pleine conscience », vous pourrez « méditer » dans n’importe quelle posture, mais aussi à n’importe quel moment de la journée, dans des lieux différents, silencieux ou bruyants. On peut le faire dans des lieux publics, sans que personne ne s’en aperçoive, car il n’est pas nécessaire de fermer les yeux. Dans l’autobus, une salle d’attente, au bureau en étant assis sur sa chaise, en marchant, debout dans le métro, dans une réunion où l’on peut rester silencieux. On peut y passer très peu de temps aussi car l’état de la médiation n’est pas quantitatif mais qualitatif. Si je devais prendre une image, je prendrais volontiers l’image du pilote d’avion qui voit tout d’en haut ou bien l’image de Eckhart Tollé pour qui, faire de la méditation, c’est comme faire un pas de côté. Il vous suffira juste de vous assurer que personne ne viendra vous parler et que votre téléphone ne sonnera pas pendant la séance, quand vous la ferez.

Cette pratique marginale de la méditation m’a personnellement beaucoup aidée. Pas seulement dans les moments où je faisais mes séances, mais aussi dans la vie quotidienne ou mon corps et mon mental avaient intégré avec le temps, une manière d’être différente. Sans même que je m’en aperçoive, la méditation a été pour moi un entraînement qui m’a permis de vivre plus tranquillement, sans disques rayés permanents dans la tête…

Le moine bouddhiste Mathieu Ricard dit souvent que l’étape de l’apaisement n’est qu’une première étape de la méditation. La deuxième étape, celle qui, selon lui, apporte un réel changement de l’être au monde, nécessite un entraînement régulier et une ouverture à l’empathie. Sans empathie, pas de bonheur… Le fait est que cela se vérifie aussi en psychothérapie. L’empathie c’est-à-dire la capacité qui se consiste à se mettre à la place de l’autre, avec bienveillance, sans lui attribuer ses propres émotions, sans « paranoïer » non plus, permet non seulement de se sentir mieux parmi les autres mais également avec soi même. C’est la raison pour laquelle on conseille la psychothérapie de groupe aux personnes qui ont du mal à se connecter à elles mêmes et aux autres, comme si l’on ne pouvait avoir réellement accès à soi-même que si l’on accepte de s’ouvrir à l’autre, sans jugements.

En ce qui me concerne, les bénéfices de la méditation sur la vie quotidienne se sont à mon avis largement amplifiés du fait que j’avais fait une thérapie. Ainsi, si vous avez une addiction ou si vous êtes quelqu’un d’hyper stressé, vous retirerez beaucoup plus encore de la méditation si vous faites parallèlement une thérapie ciblée sur vos difficultés identitaires et sur votre difficulté à être vous-même parmi les autres.

Mais ce dont je suis sûre c’est que si vous pratiquez de telles séances pour vous détendre dans les moments où vous êtes trop tendu, avec le temps, quitte à vous faire aider au début par un praticien qui connaît la personnalité de ceux qui ne peuvent pas vivre sans une addiction, vous réussirez à surmonter de mieux en mieux et de plus en plus vite vos moments de tension.

Conclusion

La méditation offre une voie prometteuse pour ceux qui luttent contre l’addiction alimentaire. Avec la bonne approche et la persévérance, elle peut offrir une solution durable pour retrouver l’équilibre et la sérénité.

 

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