Une sensation hurlante de vide : le signe d’une personnalité borderline ?

Le vide intérieur ressenti comme une menace : une pathologie

Il y a des gens qui ne ressentent jamais l’angoisse du vide. Peut-être s’arrangent-ils pour avoir toujours quelque chose à faire ou à penser ? Peut-être savent-il se satisfaire des moments où rien ne se passe de particulier. Mais quel sont le signes d’une personnalité borderline ? Pour Jonathan, le vide est « pesant, oppressant et difficile à bouger. L’une des choses les plus denses de l’existence… ». Il écrit : « Je ne sais pas quand le vide s’est inséré dans ma vie, ce qui est certain c’est que lorsque je m’en suis aperçu il était déjà omniprésent.. Aujourd’hui le vide c’est l’absence, l’absence d’amour, de joie et parfois même d’espoir. C’est l’absence d’une Maman, l’absence d’une âme sœur, ou l’absence de l’idée que je puisse en rencontrer à nouveau une. Le vide c’est mon cœur qui ne bat plus depuis 2004, c’est une cohorte de doutes qui m’assaillent, ravagent mon âme, laissant ensuite aux angoisses le privilège de finir leur tâche : me plomber. (…), c’est une existence physique : je ressens physiquement sa présence.

Certains ressentent le vide comme totalement insupportable au point qu’ils ont besoin d’une addiction (alcool, drogue, boulimie…) pour essayer de lui échapper. Pour les bouddhistes, elle est source d’apaisement. Il est tantôt la nourriture que j’ingurgite pour le combler, tantôt la même nourriture que je vomis pour garder mon estomac… « vide » bien sûr. (…) Le vide n’est pas le néant, c’est l’anéantissement, celui de la vie..

Du vide qui plombe au vide qui ouvre sur la créativité

Mais la sensation de vide peut évoluer. De souffrance, elle peut, après une thérapie, devenir moins douloureuse : « Auparavant, je n’acceptais jamais le vide. Je comblais frénétiquement tout moments qui pouvaient m’y confronter. Les choses évoluent doucement avec la thérapie… À présent, par moments, je parviens à laisser entrer un peu le vide, à l’accepter d’avantage. » écrit Luz.

Pour Armelle, le vide est maintenant presque de l’histoire ancienne. Elle écrit :
« Dans son roman Le Souffle des Dieux, Bernard Werber (un de mes auteurs français préférés) décrit la force du vide, qu’il appelle aussi le « rien »… L’univers est parti de rien et n’aboutit à rien. Je me rends compte que depuis quelques années (depuis que j’effectue un travail sur moi en fait), j’ai beaucoup moins peur de l’idée du vide qu’avant.

« La peur du vide me faisait faire des cauchemars »

Lorsque j’étais petite, puis ado, et jusqu’à l’âge de 24/25 ans, j’avais des cauchemars récurrents, dont plusieurs liés au vide « physique ». Dans ces cauchemars, je dégringolais d’une route verglacée perpendiculaire (à 90°, bref une route qui n’existe nulle part, ou bien ça s’appelle un mur ! mais là c’était vraiment une route de campagne d’hiver, toute gelée), et ça n’en finissait pas, je chutais de plus en plus vite sans pouvoir me rattraper à quoi que ce soit, je hurlais, ce qui finissait par me réveiller, j’étais en sueur, mais vraiment en sueur (les draps trempés comme si j’y avais renversé un seau d’eau), donc deshydratée, et toujours terriblement angoissée et complètement crispée ; d’ailleurs je faisais beaucoup de crises de spasmophilie et de tétanie.

Dans un autre cauchemar, j’étais comme en suspension dans l’espace, enfin la galaxie, dans le noir, avec les étoiles autour de moi pour seule lumière ; au début j’étais donc en suspension, mais ça durait peut-être 2 secondes, et aussitôt après je me mettais à tomber, tomber, tomber toujours plus vite… bref même topo et même réveil en sueur que pour l’autre cauchemar. Et pourtant en haut de la Tour Eiffel par exemple, je n’avais pas peur du vide, pas le vertige, j’étais même fascinée.

 

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« Qu’est-ce que je fous ici »?

Depuis que je commence à aller vraiment mieux (depuis 2/3 ans), je n’ai eu ces cauchemars liés au vide qu’une fois (peut-être deux). Je me demande si la peur du vide, ce ne serait pas « tout simplement » (bien sûr que ce n’est pas simple !) la peur de la mort, la peur de la vie. Pour moi, la peur de la mort c’est la même chose que la peur de la vie. C’est parce que j’étais terrorisée par la mort, le temps qui passe, la jeunesse qui se fane, que je n’arrivais pas à vivre et quelque part j’avais peur de la vie. Et mes contradictions m’angoissaient : à la fois peur d’être aimée et peur de ne pas être aimée ; peur du succès et peur de l’échec ; envie d’être star et envie de passer complètement incognito, d’être invisible… Alors peur de la vie et peur de la mort, tout ça c’était la même chose pour moi ; tout ça allait dans le même sac « « mais qu’est-ce que je fous ici ? », « pourquoi ce spermatozoïde, plutôt qu’un autre ? », « pourquoi cette âme-là dans ce corps-là ? » etc. Les psychothérapies m’ont aidé, et m’aident encore à ACCEPTER : accepter le passé, accepter d’avoir été violentée, accepter de ne pas avoir décroché un poste que je convoitais, accepter le bruit, accepter le silence, accepter d’être surdouée, accepter d’être quittée, accepter que quelqu’un ne partage pas mon avis sans me sentir frustrée ou énervée, accepter l’Alzheimer de ma grand-mère, bref accepter tout ce qui fait partie de la vie et accepter la mort.

Oui vraiment je trouve que la mort et la vie, c’est un peu la même chose…la mort fait partie de la vie. À la fin d’une vie, il y a la mort, mais après la mort, il y a une nouvelle vie ; je crois au cycle de la renaissance. Je crois à la réincarnation ; en plus elle m’aide à accepter la mort, car je me dis que si je n’ai pas le temps de « tout faire » dans ma vie d’Armelle L., eh bien je le ferai dans ma prochaine vie de Kelly, Markus ou Robert.

Depuis que je m’accepte, le vide a disparu

Tout cela pour dire que depuis que j’accepte (la vie, la mort, le vide, et que je m’accepte, moi), mes angoisses ont disparu, mon dernier cauchemar remonte à plusieurs mois, ah oui et j’allais oublier les boulimies : elles se sont nettement espacées, surtout ces 2 derniers mois (avant c’était tous les jours, parfois plusieurs par jour, surtout les w-e ; maintenant, enfin ces deux derniers mois, ça a été en gros deux jours par mois.).

Le groupe de théapie de ce week-end, que j’ai trouvé vraiment formidable, presque « magique », a été une nouvelle étape très importante pour moi. Je ne saurais pas expliquer, mais une chose est sûre : j’ai eu la confirmation que quelque chose en moi avait encore changé, et cette « chose » me plaît bien.

Avant j’étais en vie. Maintenant, je suis dans la vie

Oui, au delà de l’accepter, j’apprends à aimer la personne que je suis en train de devenir. La petite fille terrifiée, l’ado cassée et la jeune fille paumée que j’ai été ont contribué à construire la jeune femme plus solide et épanouie que je suis aujourd’hui.Alors le vide c’est ce qui fait que je suis aujourd’hui dans ma vie. Avant j’étais « en vie », maintenant je suis « dans la vie », dans MA vie. Et je ne laisserai personne me la saboter car elle m’appartient (j’ai longtemps cru que même ça, ma vie, ne m’appartenait pas, que c’était la « propriété » de mes parents puisqu’ils m’avaient conçue ou plutôt « fabriquée »). Alors le vide ne me fait plus aussi peur qu’avant, je l’ai apprivoisé, comme j’ai apprivoisé la vie et la mort.

Le vide, finalement, c’est ce qui remplit ma vie. »

Conclusion

La sensation persistante de vide, particulièrement lorsqu’elle est intensément douloureuse et envahissante, peut être indicatrice d’une personnalité borderline. Cette douleur émotionnelle, souvent insupportable, reflète généralement une incapacité à construire un sentiment interne de sécurité et de stabilité. Les individus avec une personnalité borderline peuvent lutter contre une peur constante de l’abandon et une instabilité dans leur image de soi, rendant leur monde émotionnel particulièrement tumultueux et imprévisible. Cette incapacité à établir une sécurité intérieure est souvent enracinée dans des expériences de vie précoces, où les fondations d’une estime de soi stable et d’une confiance dans les autres n’ont pas pu être solidement établies. La thérapie et le soutien continu sont cruciaux pour naviguer à travers cette mer d’émotions et pour aider à construire progressivement un sentiment de sécurité et de complétude de l’intérieur.

 

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