Le faux self est l’apparence qu’on se donne pour ne pas déplaire

Le Faux-Self, est un concept développé par Donald Winnicott, un psychanalyste pédiatre qui avait remarqué que déjà bébé, les enfants ne s’autorisaient pas de gestes spontanés tant ils étaient attentif à ne pas déplaire à leur personne nourricière.

Ainsi, on psuf vivre heureux jusqu’à l’adolescence sans avoir construit son « vrai self », son identité. à soi pour n’avoir jamais pris le rrisque de déplaire. Mais quand on sort du milieu familial, on se sent tout à coup vide de soi, même quand on a réussi sa vie professionnelle et familiale.

Dans la vidéo bd ci-dessous on voit comment la jeune femme est obligée de tricher au travail comme dans sa vie sentimentale tant elle a honte de son addiction

Les personnes qui ont une addiction ont dû, pour leur survie, se créer une personnalité de façade depuis l’enfance. C’est un véritable  » kit de survie  » élaboré par réaction à l’environnement plus que par choix réel. Ce masque peut passer totalement inaperçu dans les relations sociales mais sonne faux dès que les personnes se retrouvent dans des situations qui les confrontent à elles-mêmes. Selon chacune, le masque peut prendre des formes différentes. L’exubérance, la révolte, un comportement fusionnel ou politiquement correct.

Le faux-self est la personnalité dont on s’habille pour plaire aux autres depuis le plus jeune âge.Isabelle est professeur de philosophie. Elle a cinquante ans, deux enfants, un mari, un look raffiné. Dans les premiers temps de sa thérapie de groupe, elle était plutôt réservée, discrète, »bien élevée ».

A son septième groupe son armure se fissura

Elle intervenait peu, écoutait beaucoup. Tout à coup, à son septième groupe son armure se fissura : elle rangea son sourire poli dans sa poche et s’autorisa à exprimer son ras-le-bol de ne pas exister vraiment.

« Depuis trois groupes je me sens très mal. Pendant les pauses, je me force à manger avec les autres, à discuter , à dire « bonjour », « au revoir », à être sympa, à être vivable, mais j’ai envie de fuir, comme d’habitude. Je ne me supporte pas avec les autres. C’est difficile. C’est lourd. Je me sens coincée parce que je ne peux plus grimacer comme avant. Je n’y arrive pas. Je n’ai plus d’énergie pour ça. Ca commence à me peser énormément parce que je suis obligée de tomber le masque et je n’aime pas ça du tout. Je me sens en mille morceaux, vous comprenez ? ». Isabelle pose sur le thérapeute un regard exprimant un mélange de désarroi et de colère.

« Dans le groupe je vois à quel point je suis paumée. Je n’aime pas ça du tout. Ça m’insupporte. Dans ma vie professionnelle, dans ma vie familiale, j’ai mon petit  » kit de survie « que je branche le matin et ça fonctionne tout seul. ! Mais ici, dans les groupes, ça ne fonctionne pas du tout, je me sens mal, « vachement mal » ».

Si elle s’écoutait elle ne dirait « bonjour » à personne.

Isabelle confie que si elle s’écoutait, elle ne dirait  » bonjour  » à personne, elle ferait la gueule à tout le monde et irait déjeuner dans son coin. Elle résiste à cette envie parce qu’elle se rend compte qu’elle reproduirait un comportement pathologique répétitif : fuir. Elle a toujours vécu dans une grande solitude et n’a fait que suivre l’impulsion de ceux qui lui tendaient la main pour la sortir de son cloisonnement. Elle présente sa vie comme une autoroute sur laquelle elle est en pilotage automatique: mariage, enfants, entrée dans la vie professionnelle grâce à la réussite à un concours à l’éducation nationale.

Elle se sent une « collégienne en socquettes blanches » que tout à coup elle n’a plus envie de jouer. Son visage est déterminé. Sa voix tremble mais elle ne sourit plus. Pourtant, de toute évidence, lui fait remarquer le thérapeute, pour une fois, elle parle sans masque.

« Depuis trois groupes j’avais envie de prendre la parole mais je n’avais pas le courage. J’appréhendais la tête que j’allais faire, ce que les gens allaient penser de moi. Mais ce matin, je me suis dit qu’il fallait que je fonce, que je saute dedans ».

Les participants du groupe lui disent alors qu’ils apprécient quand elle se montre. Ils aiment son côté « cash » et naturel. Ils la trouvent belle.

J’ai l’impression de ne pas avoir de visage et de corps

Avec son pull bois de rose, son foulard de la même couleur que le pull, ses cheveux blonds, son regard direct, elle fait penser à une Grace Kelly moderne. L’échange se poursuit :

– Vous me trouvez belle et pourtant j’ai l’impression de ne pas avoir de visage ni de corps. C’est de la bouillie. C’est informe. Je ne me suis jamais sentie adulte, je ne me suis jamais sentie femme. Quand je ferme les yeux je me sens comme une petite fille à peine adolescente, plus jeune que mes élèves.

– Malgré cela, vous réussissez à donner des cours de philo ? – Oui, quand je fais cours, ça me fait vraiment vibrer. Mais après je me retrouve face à un immense vide et je ne sais plus où j’en suis.
– Peut-être n’êtes-vous pas vous-même quand vous faites cours ? demande le thérapeute pour tenter une explication sur l’immense vide qu’Isabelle ressent après.
Elle acquiesce immédiatement :  » Ca s’est sûr. Je fais mon show ! je me prends pour une star . Et en même temps c’est tellement fort… !
– Qu’est-ce qui est fort ?
– De me sentir exister.
– Vous ne savez peut-être pas vous sentir exister sans faire un show ?
Le thérapeute lui propose de montrer comment elle est lorsqu’elle fait un cours en faisant son « show », et dans un second temps de refaire la même chose sans faire de show, pour qu’elle expérimente le fait d’être elle-même en faisant cours.

Elle hésite :  » je suis tellement débile quand je fais cours! », puis accepte, se met devant le groupe et, courageusement, se lance. Ses gestes sont affirmés, sa voix posée, son regard inspiré. Tout le monde est subjugué par cette jolie femme passionnée qui ne doute plus du tout d’elle. Son discours est savant :

Elle parle cinq minutes, s’arrête, regarde le thérapeute comme pour attendre son verdict.
– Qu’est-ce qui vous gêne, dans ce que vous avez fait ? demande le thérapeute. En quoi vous faites votre « show » ?
– Quand je me la pète », répond-t-elle en se redressant, apparemment furieuse contre elle-même. Je sors des grandes phrases, je fais de grands gestes.

– Vos élèves vous comprennent ?
– Oui, je les prends à parti. Quand je veux faire passer une idée un petit peu abstraite, je donne des exemples concrets pour illustrer ce que je dis : je prends l’exemple de son stylo pour montrer à un élève la différence entre être et se savoir être. Je lui explique :  » votre stylo ne fait qu’être. La différence entre le stylo et vous, est que vous, vous vous savez être… « .

Je fais un show

Elle est convaincante. On la sent très impliquée, soucieuse de se faire comprendre. – Qu’est ce qui vous dérange dans votre show ? insiste le thérapeute.
– Rien. J’adore ça dit-elle en croisant les bras avec un air mutin.
– Vous croyez en ce que vous dites ? vous êtes passionnée ?
– Oui, reconnaît-elle, et je pense que je passionne mes élèves.
– Vous ne trichez pas ?
– Alors au fond vous ne faites pas votre  » show « , si vous ne trichez pas ?
– Oui c’est vrai. Je croyais en faire un parce que ne suis pas comme ça dans la vie. Quand je fais cours, j’ai l’impression d’avoir une vie pleine. J’aimerais bien que ce soit tout le temps comme ça. – Au fond vous ne vous sentez pleine que quand vous êtes prof ? Quand vous faites cours, vous êtes passionnée, vibrante. Le cours fini, vous retrouvez vos complexes, vos pathologies, vos côtés petite fille… En fait, en vous observant, je me dois de vous dire que c’est quand le cours est fini que votre  » show  » commence… Finalement, c’est quand vous faites cours que vous êtes vous-même

Dépasser les croyances que l’on a sur soi

Elle est stupéfaite. Elle pensait que c’était le contraire. Elle conclut : – Mon masque, finalement, c’est quand j’ai mon côté petite fille. Quand je parle avec passion, que ce soit pour faire mon cours ou pour exprimer ici mon ras-le-bol, c’est MOI ! Il est probable qu’à force de jouer un rôle depuis la toute petite enfance, pour plaire aux autres, pour tenter de se faire aimer, pour trouver sa place, pour construire autour du vide que l’on ressent en soi un semblant d’existence, on finit par ne plus savoir qui on est vraiment. Isabelle pensait qu’elle  » se la pétait  » en faisant cours parce qu’elle était tonique et affirmée alors qu’elle avait toujours été discrète et effacée. Sa détermination en thérapie, son courage de se montrer et le jeu de rôle, lui ont permis de dépasser les croyances qu’elle avait sur elle-même et de faire la connaissance de qui elle est vraiment.

Conclusion :

Le voyage introspectif d’Isabelle nous dévoile l’importance cruciale de la quête d’authenticité et de l’expression du « vrai self » dans le processus de guérison et de développement personnel. Le concept du « Faux-Self », tel que décrit par Donald Winnicott, n’est pas seulement un mécanisme de défense, mais également un obstacle à l’épanouissement de l’individu, le confinant dans un rôle qui ne reflète pas sa véritable essence. Isabelle, à travers son expérience en thérapie de groupe, a pu démanteler son masque, révélant ainsi les fissures dans son armure construite depuis l’enfance. En se permettant d’être vulnérable, en exprimant son mécontentement et en explorant ses véritables passions, elle a non seulement surpris les autres membres du groupe, mais s’est également redécouverte. La révélation que son « show » lorsqu’elle enseigne est en réalité son « vrai self » en action, démontre que l’authenticité peut parfois être cachée derrière les activités où l’on se sent le plus vivant et passionné. Cela souligne l’importance de créer un espace sûr, tant dans les thérapies que dans les relations, où l’individu peut explorer, sans jugement, les différentes facettes de son être. En fin de compte, le défi réside dans l’acceptation de soi, dans la reconnaissance et l’embrassement de notre véritable identité, permettant ainsi de vivre une vie non pas comme un rôle que l’on joue, mais comme un être authentique et entier. Isabelle nous enseigne que le chemin vers la découverte de soi peut être tumultueux et inconfortable, mais qu’il est essentiel pour vivre une existence pleine et authentique.

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