Selon Nadine de Rotschild, la légèreté est pour une femme une qualité essentielle. Une femme, dit-elle ne doit pas « peser » sur un homme.
L’inverse va de soi : l’homme ne doit pas non plus « peser » sur la femme.
Deux hommes de ma connaissance, trop jaloux, se sont fait quitter récemment par leurs compagnes, pourtant amoureuses parce qu’elles n’ont plus supporté les questions, les remarques, les demandes d’explications qui finissaient par « plomber » constamment l’ambiance au quotidien. Pour être heureux vivons léger, évitons les reproches et les plaintes, et si nous ne pouvons pas nous empêcher d’avoir des pensées négatives, évitons de les dire à voix haute. Nos proches ne sont pas nos « poubelles » et ils ont la liberté de ne pas nous satisfaire s’ils n’en ont pas envie.
{xtypo_quote_right}Les personnes boulimiques ne se sentent pas vraiment en vie, c’est le noir, la confusion, tout est grave. On a beau avoir parfois tout ce qu’il faut pour être heureux, un bon métier, une chouette famille, on manque d’air.{/xtypo_quote_right}
La légèreté est nécessaire au bonheur.
Si la légèreté s’avère être le véritable ciment du couple, qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel, elle est également fondamentale pour la relation humaine d’une manière générale : je pense à une voisine qui sous des dehors respectueux, réagit toujours émotionnellement dans l’excès ou le drame, au point que les gens du quartier s’efforcent de l’éviter quand ils la croisent. On a d’ailleurs également intérêt à être « light » dans la relation avec soi-même : la légèreté est une sorte de liberté créatrice qui permet de survoler les soucis pour s’évader dans ce que le réel peut avoir de beau et de ludique.
Mais comment ne pas « se prendre la tête » quand on se sent « plombé » au plus profond de soi ? C’est le cas des déprimés mais aussi des personnes qui compensent avec une addiction. « Je suis allée en Grèce et je n’ai vu que les gâteaux au miel » m’a dit une jeune femme boulimique qui s’attristait de n’avoir pas su profiter des paysages somptueux qu’elle avait traversé pendant ses vacances. « Je suis tellement tendue que je ne suis même pas sensible au beau temps », « je ne me sens même pas marcher, j’ai l’impression d’être un zombie » disait une autre jeune femme qui, paradoxalement, était danseuse de son métier.
Les personnes boulimiques ne se sentent pas vraiment en vie, c’est le noir, la confusion, tout est grave. On a beau avoir parfois tout ce qu’il faut pour être heureux, un bon métier, une chouette famille, on manque d’air. D’ailleurs après les fêtes de Noël et de fin d’années, on respire. On n’a plus besoin de faire semblant d’aller bien. On n’a plus sous les yeux le spectacle de ceux qui s’amusent vraiment et qui vous font ressentir à quel point, en comparaison, on est seul.
Mais comment être léger si on se prend la tête ?
Quand elle est liée au mental, elle a plutôt tendance à renvoyer à un défaut, un manque de sérieux, un excès de frivolité. Mais pour certains, rien n’est plus sérieux que la légèreté dans la mesure où elle conduit au bonheur à condition de s’inscrire dans les limites du respect de soi et de l’autre. Elle offre un regard différent sur la vie qui permet de choisir de ne pas encombrer en permanence son esprit et celui des autres avec ce qui rend triste, avec ce sur quoi on est impuissant et ce qui provoque en nous des émotions négatives. C’est elle qui pousse à voir le verre toujours à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.
Les bouddhistes la trouvent tellement nécessaire qu’ils s’entraînent quotidiennement à la légèreté. Ils proposent des exercices à pratiquer régulièrement pour éviter de penser quand une action n’est pas immédiatement nécessaire ou que rien de concret n’est planifié. Il n’est en effet pas très sain de penser trop parce que la pensée n’est jamais innocente : chargée des émotions liées au passé, de nos besoins physiologiques, de nos désirs d’enfant elle nous empêche parfois d’être dans le présent et dans la fluidité de la vie.
Vivre ou penser, il faut choisir
La lourdeur s’installe très vite quand on se plaint, quand on attend des choses de l’autre quand on raisonne à la place de ressentir.
Vivre ou penser, il faut choisir. Dans la mesure où il est difficile de penser et de vivre au même moment il suffit de penser beaucoup pour alourdir notre quotidien. Comment avoir le moral quand on se dit que de toutes façons nos jours sont comptés, que la vieillesse est un naufrage, que nous ne reverrons jamais ceux qui sont mort et qu’on a tant aimé ? Comment trouver la force de vivre, d’affronter l’implacabilité d’un monde où l’on ne peut pas être faible et malade sans se faire engloutir. Comment rester léger si on pense trop à tout cela ?
D’autant que notre lourdeur mentale est souvent liée aussi à un état physiologique.
« Quand je suis fatiguée », dit une jeune femme boulimique « j’ai tendance à ruminer davantage et attendre de mon compagnon des choses qu’il n’est pas obligé de me donner. Je me dis « il préfère faire ses trucs plutôt que de me voir, il ne m’aime pas vraiment, je ne suis pas si importante que ça pour lui »..
Enfin, la façon dont nous nous comportons dans la relation à l’autre nous permet de contribuer aussi, bien à notre insu, à la construction de la lourdeur : exiger des choses de l’autre, lui « faire la gueule » quand on n’obtient pas satisfaction, ruminer tout seul pendant des heures quand on ne sent pas aimée, qu’on se sent seul, que le monde parait trop dur, qu’on est nul.
L’addiction une protection contre la lourdeur ?
Nous sommes alors amenés à construire des protections contre cette lourdeur. Si certains voient l’addiction comme une maladie on peut aussi la regarder comme la lutte désespérée de quelqu’un qui se noie dans l’obscurité d’un monde intérieur sans ouvertures, sans légèreté, et qui se débat. Les malades alcooliques, toxicomanes, boulimiques… ne cherchent-ils pas à travers leur comportement apparemment fou une décompression, un apaisement, une libération, une respiration, une expérience de légèreté finalement ?
b) l’hyperactivité et la fausse bonne humeur
Il existe d’autres façons de se débattre. On est ainsi quelquefois super excité, euphorique. Mais sans que ce soit vraiment de la légèreté parce que même dans ces moments là on n’est pas détendue : c’est une tension nerveuse peinte en rose qui dure peu de temps d’ailleurs dont on se pare pour les autres.
De temps en temps parfois on croit atteindre la légèreté, mais dans l’excès, dans un enthousiasme hystérique, avec l’énergie du désespoir : on rit fort, on s’ « éclate » au sens propre pour tenter d’atteindre une certaine forme de cette légèreté, qui n’est pas vraiment la légèreté.
C’est ainsi qu’un jour une jeune femme boulimique se voit prescrire des antidépresseurs par son généraliste. Elle ne lui avait pas dit qu’elle était boulimique. Etonnée, elle lui demande pourquoi il lui prescrit des antidépresseurs. Il lui répond que c’est parce qu’elle sourie tout le temps.
Et c’est vrai que la légèreté, ce n’est pas sourire tout le temps, faire le clown avec ses collègues, s’exploser dans les soirées. La vraie légèreté c’est l’apaisement, c’est un état d’esprit qui rend les individus très sociaux, toujours dans l’air du temps, bien intégrés dans une convivialité ludique qui ouvre sur la flexibilité et permet une capacité d’adaptation étonnante.
La légèreté, ce n’est pas faire le clown
La légèreté est une condition essentielle pour vivre heureux. Mais comment être léger quand on est boulimique, quand on a une addiction ou un autre problème grave?
Mais comment être léger quand on se sent si lourd, quand on se noie (dans la nourriture, l’alcool, la drogue, le sexe, le travail… quand on ne trouve pas d’air pour respirer, quand on se sent en apnée. Comment être léger dans ces conditions ? Ne paniquez pas. Si vous baignez dans la lourdeur, vous pouvez au minimum prendre conscience de vos lourdeurs relationnelles et vous escrimer à les éviter. Vous trouverez quelques pistes dans les « conseils » de boulimie.fr Cela nécessite beaucoup de rigueur, de volonté, de pugnacité mais ça vous changera totalement la vie au quotidien. Donnons un instant la parole à quelques personnes qui ont appris à le faire au travers d’une thérapie. .
« Dans un premier temps j’accepte mes obsessions, ma boulimie. Je n’ai même plus honte de me faire vomir. Sur les conseils de mon médecin, je prends des compléments alimentaires pour que mon corps ne se dégrade pas. Mais par contre, je zappe les pensées négatives, je ne me prends plus pour le centre du monde, je ne vit plus en fonction des autres dans toutes les situations de la vie, je tends vers mon propre plaisir et je laisse l’autre aussi tendre vers le sien, même si c’est pour des petites choses sans importance, même si c’est pour des choses qui vont à contre-courant, (en évitant, bien sûr de blesser ou d’humilier) ».
Je me fais violence pour ne pas emm.. mon compagnon
« Je sais qu’il y a des choses très graves, les enfants qui meurent de faim et de maladie, la guerre en Irak, la Bande de Gaza, la crise monétaire, les emplois qui sautent, la souffrance des animaux qu’on torture pour notre confort… Mais malgré cela j’évite d’y penser trop souvent pour ne pas mourir de tristesse, d’impuissance et de mélancolie.».
« Je me fais violence pour ne pas emm.. mon compagnon. J’essaie de me dire que je ne suis pas le centre de sa vie et qu’il n’est pas le centre de la mienne. C’est une gymnastique permanente. »
Il va de soi qu’une thérapie ne consiste pas à apprendre des règles et à les appliquer. Une thérapie permet d’expérimenter concrètement ce qui rend lourd (agressions verbales, reproches, plaintes). On s’immerge dans un processus qui permet de vivre des situations, de s’en imbiber, et d’en vivre les résultats. On s’imprègne ainsi tout naturellement d’un nouvel être-à-l’autre et d’un nouvel être-à-soi, qui se transpose petit à petit dans le quotidien. On s’apaise, On gagne en estime de soi, en légèreté. Les symptômes peuvent alors s’amender, les addictions, la boulimie ne sont plus nécessaires pour échapper à la lourdeur, de moins en moins présente.
sûr ce n’est pas gagné une fois pour toutes. Une fois le changement instauré une vigilance de chaque instant reste nécessaire. A l’occasion de moments de fatigue, à l’occasion d’un stress important, à l’occasion d’un changement de vie, les symptômes peuvent momentanément resurgir et on peut avoir tendance à retrouver spontanément (parce qu’on se sent mal) tout ce qui alourdit l’existence. Il peut alors être nécessaire de raviver tous les acquis pour ne pas laisser cette situation se pérenniser.
Ce que l’on fait en général bien volontiers. Quand on a connu ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, (ne serait-ce qu’en thérapie) des moments de légèreté, on est très motivé pour les retrouver et travailler à éviter ce qui entraîne et pérennise la lourdeur.
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