Comprendre les troubles du comportement alimentaire

Comprendre les TCA

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) répondent à des impératifs mentaux différents. Certains ne peuvent pas être traités par la psychothérapie lorsque les gens n’en souffrent pas vraiment. D’autres, parce que le TCA, bien que parfois destructeur pour le corps, leur apporte un bénéfice mental secondaire de première nécessité.

Depuis plus de trente-cinq ans, le Centre Catherine Hervais donne des ateliers de psychothérapie de deux jours par mois le week-end, en visio, pour des personnes qui souffrent d’une addiction alimentaire.

Dans cet article, nous présentons la diversité des approches thérapeutiques afin de comprendre les troubles du comportement alimentaire.

Addiction alimentaire : Un cas particulier

Psychotérapie troubles du comportement alimentaireBien qu’elle soit classée et traitée par le monde médical comme tous les troubles du comportement alimentaire (TCA), les chercheurs actuels sont convaincus maintenant que l’addiction alimentaire n’est pas un simple TCA et qu’elle nécessite une psychothérapie particulière.

On peut être hyperphagique et bien dans sa peau

La psychologue spécialiste des troubles de l’addiction alimentaire raconte: « L’autre jour, je rencontrais une amie que j’ai connue toute mince dans nos jeunes années et en plus ravissante. Trente ans après, je la rencontre de temps en temps dans mon quartier. J’ai plaisir à la regarder, bien qu’aujourd’hui elle soit en surpoids, parce qu’elle est charmante et authentique dans sa manière de communiquer. Elle se désole de prendre des kilos et, en même temps, elle me dit, avec des yeux gourmands : « Moi, j’aime cuisiner et je fantasme sur mes prochains repas, mais mentalement, je vais bien. Je suis heureuse, j’aime ma vie, j’ai presque tout le temps la pêche… Je voudrais perdre du poids et en même temps, je n’y arrive pas parce que manger est un plaisir. »

On peut considérer que mon amie a un TCA, mais c’est un trouble alimentaire assumé. Elle reconnaît avec regret que ce n’est pas bon pour sa santé, mais le plaisir de manger l’emporte sur sa raison.

Comme elle, il y a un certain nombre de gens qui sont obèses et pourtant pas mal dans leur peau, mentalement équilibrés. Leur embonpoint les gêne dans certaines circonstances, mais ils ne sont pas complexés, ils ne se dévalorisent pas, ils n’éprouvent pas le besoin de consulter un psy, car ils n’en souffrent pas. On ne peut pas voir un psy par raison. Pour que la psychothérapie marche, il faut souffrir suffisamment pour être prêt à se remettre totalement en question.« 

Anorexie : le contrôle est un apaisement

C’est le problème des anorexiques « purs et durs ». Le contrôle drastique de leur alimentation leur donne un sentiment de puissance, et malgré les dangers de leur perte de poids, ils ne sont pas prêts à perdre leur contrôle, dussent-ils en mourir. Quand ils vont voir un psy, c’est sur la demande de leurs proches qui eux souffrent et craignent pour leur vie, mais ils ne sont pas prêts à abandonner le contrôle de l’alimentation sous peine de perdre leur identité, quitte à en mourir. Quand le protocole de vie est en danger, la seule solution est la psychothérapie familiale.

 

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Boulimie hyperphagie, une addiction sévère

Contrairement aux anorexiques, les personnes qui ont une addiction alimentaire de type boulimie ou hyperphagie souffrent de ne pas pouvoir maîtriser leur addiction alimentaire parce que manger est pour elles le seul moment où elles se sentent vivantes.

On peut donc avoir un TCA avec des comportements alimentaires dysfonctionnels parfois identiques, mais avec des schémas psychologiques très différents.

C’est pourquoi il est illusoire de traiter tous les TCA de la même façon. De même qu’il est parfois contre-productif de s’attaquer à régulariser la nourriture si le TCA a une fonction apaisante pour le mental.

La boulimie et l’hyperphagie boulimique

Comprendre les TCALa boulimie ou l’hyperphagie boulimique, en revanche, occasionnent une immense souffrance psychique et parfois physique. Mais le bénéfice mental est immense: Cette addiction est vitale parce que c’est le seul moment où les personnes boulimiques hyperphagiques parviennent à décompresser.

Leur addiction les maintient dans une survie parce qu’elle ne peuvent pas se sentir dans leur vie, ni même dans leur corps.

L’addiction alimentaire est parfois sans souffrance psychique

On rencontre aussi des personnes qui se disent bien dans leur vie, sans souffrance, mais avec un comportement alimentaire qui leur gâche la vie parce qu’il est trop chronophage.

Avoir un TCA ne signifie pas forcément être déséquilibré mentalement ; certaines personnes conservent un bon moral malgré ce trouble.

« Moi je me sens bien dans ma peau, bien dans ma vie, je suis heureuse, mais je voudrais me débarrasser de ma boulimie qui me prend trop de temps et d’argent. »

Cependant, pour la plupart des personnes dont la boulimie, vomitive ou hyperphagique, est essentielle à leur détente, la souffrance est très grande. Contrairement à ceux dont le trouble alimentaire ne domine pas l’existence, elles ont en plus de la boulimie un trouble identitaire et elles utilisent la nourriture pour apaiser leurs tensions.

 

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Les troubles de la personnalité borderline des personnes boulimiques ou hyperphagiques dont l’addiction est sévère

Avoir un TCA invasif peut donc aussi résulter d’un chaos identitaire qui ne trouve que la nourriture pour se soulager.

C’est le cas si :
• Vous avez une hypersensibilité émotionnelle.
• Tout est génial ou nul. Pas de nuance.
• Vous avez des humeurs en dents de scie.
• Vous en rajoutez pour être aimé, d’où votre syndrome de l’imposteur.
• Les contacts avec les autres sont compliqués, fatigants, trop intenses pour être légers.
• Vous avez une ou plusieurs addictions pour vous accrocher à la vie.
• Vous ne supportez pas l’ennui, et pourtant vous vous ennuyez beaucoup.
• Vous avez peu de motivations, il vous faut une excitation forte pour vous mettre en mouvement.
• Quand vous ne parvenez pas à être créatif, vous déprimez.
• Vous aspirez à un état végétatif paisible, comme un bébé dans les bras de son parent nourricier, quand vous n’êtes pas aspiré par une passion et des idéaux.

En conclusion, tous les TCA ne se ressemblent pas : certains sont reliés à une structure de personnalité équilibrée, d’autres à une personnalité névrotique, d’autres encore à une structure de personnalité « borderline » et, de ce fait, nécessitent une approche psychothérapeutique adaptée à leur personnalité. Par exemple, en ce qui concerne la personnalité borderline (dont les caractéristiques psychiques nécessitent des apprentissages), le groupe centré sur le problème d’identité est sans doute la meilleure solution.

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