Toujours au régime et très « sur les nerfs »

Toujours au régime et très « sur les nerfs »

A la limite ce n’est pas qu’elle soit toujours au régime qui vous inquiète le plus, c’est son irritabilité, son insatisfaction quasi-permanente de ne pas réussir à atteindre le poids qu’elle souhaite avoir et aussi

A la limite ce n’est pas qu’elle soit toujours au régime qui vous inquiète le plus, c’est son irritabilité, son insatisfaction quasi-permanente de ne pas réussir à atteindre le poids qu’elle souhaite avoir et aussi (pour les amoureux) le refus d’être touchée tant qu’elle se sent trop grosse. Vous ne comprenez pas ce qui lui arrive.

Je n’ai jamais réussi à vomir

Clarisse qui est ronde et jolie mais se trouve moche et énorme. Elle a parfois des variations de poids impressionnantes. Aujourd’hui, depuis sa thérapie qui a traité ses problèmes d’identité et non son trouble du comportement alimentaire, elle n’a plus de complexes, mais elle se souvient:

« Je n’ai jamais réussi à vomir. Ca ne m’empêchait pas de me gaver. Mais après la crise, je gardais tout. J’avais bien sûr un ventre énorme et de terribles douleurs dans le dos à cause de la tension du ventre qui tirait sur les lombaires. Pour moi, avoir cette nourriture dans le ventre était un handicap majeur, non seulement pour la fatigue et les maux que ça me causait, mais surtout pour la prise de poids que cela engendrait. Pour ne pas devenir énorme, je passais mon temps à alterner les périodes de crises et celles où je me contrôlais du mieux que je pouvais. Mon poids faisait le yo-yo, j’avais des pantalons qui allaient de la taille 38 à la taille 44. Faire des régimes à gogo était la seule solution que j’avais trouvée pour éviter de devenir obèse. »

30 kilos de plus, 30 kilos de moins

Les variations de poids de cette autre jeune femme étaient encore plus phénoménales que celles de Clarisse : elle passait son temps à perdre 30 kilos pour les reprendre aussitôt. (Vous pouvez regarder son témoignage dans la section vidéo, «Boulimie et Thérapie» extrait n° 9)

 

« J’avais une obsession, c’était d’atteindre 57 kilos. C’était pas 57,100 ou 57,200, c’était 57,00. Je m’efforçais d’y arriver ; j’y arrivais et le lendemain même, je recommençais à bouffer. Ce qui se passait, c’est que je me disais : « ça y est, tu as craqué, tu vas forcément grossir » et il suffisait que je mange un morceau de pain pour penser que j’allais reprendre tous mes kilos, que j’étais nulle, que je ne valais rien. Alors les crises de boulimie s’enchaînaient. Tu sais, quand tu vides ton organisme à faire un régime pendant six mois, un régime à mille deux cents calories par exemple — j’ai jamais bousillé ma santé, j’ai toujours fait des régimes équilibrés — et que, du jour au lendemain, tu recommences à t’enfiler 30 religieuses au chocolat en une journée, il y a un tel différentiel entre le peu que tu as mangé pendant des mois et tout ce que tu manges pendant les crises, que tu reprends des kilos à une vitesse… Je ne crois même pas que le commun des mortels puisse imaginer ! Je me voyais regrossir dans la nuit. Je sentais les kilos se réinstaller avec une douleur, comme quand tu as des bleus, comme quand tu as été battue. Je reprenais sept, huit kilos en une semaine. Je ne pouvais même plus me toucher : ma peau me faisait mal. Irrémédiablement, je continuais à bouffer jusqu’à ce que j’atteigne le seuil maximal auquel je ne pouvais plus me supporter : 85 kilos. Alors je retrouvais le seul et unique but de ma vie : faire un régime pour remplir le vide de mon existence. »

Maxime, boulimique, 163 kilos

En surfant sur internet, Maxime est tombé sur le site de www.boulimie.fr et s’est reconnu dans le profil des personnalités boulimiques. Il me raconte avoir consulté plusieurs fois pour son trouble du comportement alimentaire. « On me dit hyperphage, mais qu’importent les classifications, je souffre beaucoup. Tous les spécialistes que j’ai vus m’ont aidé à maigrir sans jamais prendre en compte mon obsession de la nourriture. Alors j’ai toujours regrossi. Je ne sais plus quoi faire, je ne peux pas rester aussi gros, et en même temps je sais que maigrir n’est pas ma solution. »

Contrairement aux idées reçues, rares sont les personnes obèses qui sont boulimiques. Ce qui permet de différencier une personne simplement obèse d’une personne boulimique et obèse, c’est l’intensité de la souffrance et de la culpabilité dans laquelle vit cette dernière. On peut être obèse parce qu’on mange trop ou trop souvent, mais sans nécessairement être obsédé par la nourriture et donc sans être boulimique.

Maxime quarante et un ans est comédien. Pendant longtemps il a réussi à se maintenir à un poids normal au prix d’efforts surhumains. Au fil des années, il lui est devenu impossible de s’astreindre à suivre un régime suffisamment longtemps et sérieusement pour perdre le poids accumulé dans les périodes de crises de plus en plus fréquentes.

« Depuis l’âge de vingt ans je vis des crises de boulimie intenses, intercalées de régimes sévères. Je me suis promené de 90 kilos à 163 kilos, poids que je pèse aujourd’hui. Je suis acteur, j’ai de moins en moins de travail, je ne réussis plus à maigrir. Ma vie est un enfer. »

Plus souvent que les femmes, les hommes se laissent grossir. Ils ont moins la pression de la minceur, sans doute. Cela dit si, comme Maxime, une personne boulimique ne réussit plus à maintenir son poids dans des limites à peu près acceptables, elle est probablement en dépression. Il faut parfois que le psychiatre intervienne pour soigner la dépression avant qu’un travail de psychothérapie ne puisse s’amorcer.

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