Bien sûr parler fait toujours du bien, cela peut soulager un moment mais on s’aperçoit rapidement que ce n’est pas en parlant de ses comportements et de ses difficultés relationnelles que l’on peut accéder à une véritable connaissance de soi ni apprendre à se sentir mieux parmi les autres.
Les groupes de parole à l’hôpital ou en clinique.
Selon les hôpitaux ou les cliniques spécialisés dans le trouble du comportement alimentaire, les groupes de parole durent entre une heure et une heure et demi par semaine. Chacun s’exprime sur ce qui ne va pas. Parfois il y a des thèmes et la parole est libre. . Ces groupes sont souvent animés par des infirmières ou des nutritionnistes. Toute la question est de savoir si parler pour parler, sans stratégie de changement sur les troubles de la personnalité fait vraiment avancer ou apaisent des personnes qui n’ont que du négatif à dire tant elles sont en colère ou désespérées.
Les boulimiques anonymes
Un soutien, pas un traitement.
les boulimiques anonymes sont des groupes de personnes boulimiques, femmes et hommes qui se réunissent régulièrement dans plusieurs grandes villes de France et fonctionnent sur le mode des alcooliques anonymes.
Pas de thérapeute, juste des anciennes (souvent encore boulimiques) qui animent les sessions à tour de rôle.
Ces réunions ont des côtés positifs. On se rend compte qu’on n’est pas seul(e) et que les boulimiques peuvent être des personnes très séduisantes et intéressantes. Ça aide à se voir sous un jour un moins horrible, à être un peu plus indulgent avec soi-même.
{xtypo_quote_right}Les boulimiques anonymes sont souvent un premier pas avant de s’engager dans une thérapie. {/xtypo_quote_right}Cette approche est très sympathique. Les réunions dégagent beaucoup de chaleur et font souvent ponctuellement du bien. On peut se choisir un coach, pour les moments difficiles, que l’on peut appeler lorsqu’on sent venir une boulimie, pour essayer de la contourner.
Un but : tenir sans crises
Mais cette approche présente les mêmes limites que les approches restrictives parce qu’elle s’appuie sur l’abstinence. Elle est trop axée sur le symptôme. Les gens tournent en rond autour du comportement alimentaire, de la culpabilité. Ils prennent la parole à tour de rôle pour dire qui a craqué et qui n’a pas craqué. Ceux qui n’ont pas craqué se félicitent d’avoir réussi et ceux qui ont craqué se promettent de tenir bon au sortir de la réunion. En fait ce n’est pas une thérapie dans la mesure où l’on n’affronte pas directement les dysfonctionnements de sa personnalité. Ce que j’écris sur OA est le compte rendu de mon expérience, du temps où j’ai assisté à des réunions en anglais et en français. Mais je vous livre aussi le compte rendu de Marie qui nous écrit, via le forum, son expérience, très différente de la mienne. J’ai jugé nécessaire de vous le faire partager aussi, dans la mesure où elle a vécu les choses d’une autre façon que la mienne :
Je m’appelle Marie et je connais les boulimiques anonymes
« Je m’appelle Marie et je suis boulimique. J’aime beaucoup ce site, il est vraiment bien fait. Je le consulte régulièrement, j’apprécie en particulier les témoignages vidéo. Je voulais cependant rectifier quelque chose que vous écrivez au sujet de OA – Outremangeurs Anonymes. Je participe aux réunions OA chaque semaine depuis environ 6 mois et ça m »aide beaucoup. J’ai lu sur votre site que l »approche de OA est : »Trop axée sur le symptôme. Les gens tournent en rond autour du comportement alimentaire, de la culpabilité. Ils prennent la parole à tour de rôle pour dire qui a craqué et qui n’a pas craqué. Ceux qui n’ont pas craqué se félicitent d’avoir réussi et ceux qui ont craqué se promettent de tenir bon au sortir de la réunion. »
Nous ne cherchons à culpabiliser personne
Ça ne correspond pas du tout à la réalité. Nous ne prenons pas la parole à tour de rôle pour dire qui a craqué ou n’a pas craqué, nous ne cherchons à culpabiliser personne, encore moins ne promettons-nous de tenir bon après la réunion. Le travail commence au contraire par l »acceptation de notre impuissance devant la nourriture, le lâcher prise (c »est la première des 12 étapes du programme de rétablissement, calqué sur celui des Alcooliques anonymes). Nous ne sommes pas là pour parler de nourriture. Pour moi, les réunions m »apportent un changement complet dans ma façon de voir la vie, dans mes rapports avec les autres. Grâce à ce programme, je prends confiance en moi et en la vie, je deviens moins orgueilleuse, moins égoïste, plus ouverte aux autres … En ce sens, j »estime pour ma part que c »est vraiment thérapeutique. Ceci dit je ne cherche pas à vous convaincre de quoi que ce soit, je ne parle qu »en mon nom et pas au nom de OA. J »ai découvert votre site peu de temps après avoir découvert OA, si ça avait été le contraire je pense que je ne serais jamais allée en réunion car je ne cherchais surtout pas quelque chose qui joue sur la culpabilité. »
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Jean-Pierre Bernadaux, webmestre.