La Gestalt thérapie

La gelstat thérapieLa gestalt thérapie a beaucoup évolué depuis sa création, elle s’est enrichie de théories nouvelles, qui n’étaientpas aprouvées par son fondateur et qui, dans la pratique, lui retirent son efficacité avec les personnes qui ont un problème profond d’identité.

mais dans ses changements, elle ne ressemble plus à ce qu’en avait fait son fondateur, Fritz Perls. C’est dommage pour les personnes qui ont un profond sentiment de décalage avec eux-mêmes et avec les autres telles que les personnalités dites « borderline » ou « état limite » comme pour celles qui ont un vraiment problème d’identité au point d’avoir besoin d’une addiction pour vivre.

La pratique d’origine telle que l’avait fondée Fritz Pelrs, ancien pyschanalyste convient beaucoup mieux aux personnes qui ont (à part leur addiction) rien de pathologique à priori, mais présentent un développement identitaire inachevé de type prégénital et qui va se manifester par une tendance à jouer un rôle pour cacher leur vide intérieur quand ils sont avec les autres (ce qui va leur donner une apparence de personnes bien adaptées) ou par un repli sur soi quasiment permanent quand elles sont dans leur environnement intime. 

Fritz Perls, son fondateur, ancien psychanalyste travaillait dans le présent, à la frontière contact entre moi et l’autre. Avec lui on ne pouvait pas jouer un rôle, tricher, fuir dans l’intellect ou l’évitement. Il était très attentif à rester lui-même dans la relation thérapeutique et pas seulement un psy qui écoute, ou rassure. Il s’impliquant plein pot dans la relation thérapeutique, pas seulement en tant que thérapeute mais aussi tant qu’humain et attendait de ses patients qu’ils s’entraînent à en faire autant. Avec lui, on ne pouvait pas tricher, tourner autour du pot, minauder ou sortir son prêt à porter pour séduire.

Rares sont les gestalt thérapeutes d’aujourd’hui qui travaillent encore dans une telle transparence, et qui osent demanderà leurs patients d’être eux-mêmes, vraiment, sans faux semblants. Face à lui, il fallait s’impliquer, s’entraîner à repérer ce que l’on ressent dans le présent de la séance, et en prendre la responsabilité en l’exprimant, même si on en avait honte. On pouvait voir émerger des côtés de soi que l’on n’exprimait jamais. Il ne donnait pas le choix, il fallait être vrai, s’impliquer, entrer dans le contact avec l’autre tel que l’on se sentait, tout au fond de soi, dans le présent de la séance.

Si les choses évoquées portaient sur le passé, Fritz Perls faisait faire des « jeux de rôle » pour les rendre présentes. Ainsi, leses émotions très profondes, très archaïques de la toute petite enfance qui émergeaient dans la séance, grâce aux « jeux de rôle » pouvaient souvent prendre une tournure totalement différente pour le sujet qui, parce qu’il était aussi adute, réussissait à leur trouver une résolution d’adulte.

Fritz Perls ne protégeait pas son patient, ne travaillait avec lui que s’il était prêt à enlever ses masques mais au final, on ne s’effondrait pas et on entrait avec l’autre dans un contat de personne à personne (puisque Perls s’impliquait aussi en tant que personne et pas seulement en tant que miroir) ce qui permettait de voir immerger son vrai soi. Cet accouchement douloureux procurait au patient, à sa grande surprise , une véritable jubilation, comme s’il avait enfin pris une rechanche sur son passé, lui qui s’était depuis toujours senti plus ou moins aux « abonnés absents » dans la relation aux autres. Avec Fritz Perls on n’avait pas d’autre choix. Il exigeait de ses patients qu’ils soient authentiques. Il ne se contentait-il pas de les écouter avec une neutralité bienveillante, mais il s’impliquait également en tant qu’être humain, avec authenticité, dans la relation thérapeutique afin de pouvoir observer la manière dont ses patients étaient ou n’étaient pas dans le contact avec lui. Les réactions de son patient lors de la séance lui en disaient beaucoup plus que tout ce que ce dernier pouvait raconter sur lui-même. S’ils essayaient de fuir le contact dans l’intellect ou dans la séduction ou tout simplement dans l’évitement, il les encourageait à s’exercer à une communication authentique en essayant de ne pas fuir, de prendre la responsabilité de ce qu’ils ressentent ou ne ressentent pas.

Cette technique permettait de laisser le passé au passé, mais aussi d’apprendre à s’ajuster à l’autre, au présent, tout en restant eux-mêmes. Cet ajustement créateur était selon Fritz Perls ce qui leur permettait de se débarrasser de leur symptômes. Il suffit d’être en accord avec ce que l’on sent, de l’exprimer tout en s’ajustant à l’autre pour devenir soi-même, ce qui n’a pas plus se faire pour x raisons lorsqu’ils étaient petits.

En travaillant ainsi, dans le relationnel, le thérapeute pouvait se rendre compte, au travers des réactions du patient dans le présent, quelles étaient les peurs, les stratégies d’évitement de ce dernier et comment il s’y prennait pour pour être ou ne pas être dans le présent, lors du contact avec l’autre.

Cette approche confrontante de la thérapie permettaient aux gens de ne plus fuir dans l’intellect ou dans la séduction mais incitaient les gens, souvent à leur grande surprise, à devenir eux-mêmes face à l’autre dans un contact authentique.

Perls n’était pas le premier psychanalyste à utiliser la confrontation et l’authenticité dans le contact thérapeutique du psy comme du patient. Ferenczi, du temps de Freud le faisait déjà et avait observé combien l’analyse progressait dans ce cadre qu’il appelait « l’analyse mutuelle ».

Mais Perls le faisait systématiquement et a appelé son approche la gestalt thérapie, ce qui signifie en français « la thérapie de la forme ». La forme (de la relation) qui comprend aussi bien les mots que les postures, les expressions… traduit le fond de l’inconscient bien plus directement que ce que le patient peut raconter de son histoire.

Aujourd’hui, rares sont les gestalt thérapeutes qui travaillent comme Fritz Perls. Ses successeurs ne se sont pas contenter de théoriser mais ont voulu enrichir cette pratique de leur propres théories. Certains s’en réjouissent et trouvent la gestalt d’aujourd’hui plus douce, plus riche dans sa pratique.

Mais heureusement pour les personnalités qui ne peuvent pas vivre sans une addiction il reste des gestalt thérapeutes 

Il va de soi que vous êtes perdu, que vous cherchez désespérément du soutien. Mais malgré votre tentation de trouver du soutien, cherchez, si vous voulez vraiment vous en sortir, un thérapeute qui sera attentif non pas à vous soutenir mais à travailler avec vous à la la décontruction de la personne que vous croyez être pour vous aider à constuire la personne que vous êtes vraiment au plus profond de vous-même. C’est à l’issue de ce travail que votre addiction alimentaire disparaîtra.

En fait, vous n’avez rien de pathologique à priori (en dehors de la boulimie), mais dans la relation affective, vous avez un développement psychique inachevé (prégénital). Rien ne vous empêche de trouver du travail, de fonder une famille, de réussir votre vie sociale. Mais si vous savez très bien sauver les apparences —vous vous êtes forgé un personnage qui semble tenir la route de l’extérieur— vous ne vous appuyez pas sur des fondements identitaires qui vous sont personnels. Plus que d’être « soutenue » votre personnalité très particulière a besoin d’une véritable reconstruction.

Pour ce faire le thérapeute, quel qu’il soit, ne peut pas se positionner ou se laisser positionner par vous comme un expert à l’image de la relation avec un médecin. Même si il est un expert dans son domaine, il devra se positionner comme un simple humain, au même niveau que vous, pour vous donner l’occasion d’entrer avec lui dans un contact authentique afin que vous puissiez expérimenter une relation intime authentique et viable, à la fois pour vous et pour lui. Vous avez besoin d’un contact authentique avec l’autre pour pouvoir entrer dans un contact authentique avec vous-même.

Fritz Perls, le fondateur de la gestalt, travaillait dans ce sens. Quand, en face de lui, son patient minaudait, « tournait autour du pot » ou intellectualisait pour échapper au contact et à ses émotions, il lui demandait d’aller droit au but, de dire ce qu’il ressentait sans détour, de prendre le risque d’être lui-même. Pour certains c’était parfois pour la première fois de leur vie (cf. Fritz Perls Here and Now de Jack Gaines éd. Celestial Arts, en anglais http://www.amazon.fr/Fritz-Perls-here-Jack-Gaines/dp/0890871868

Le monde de la gestalt thérapie a évolué et peu de praticiens travaillent encore de cette façon pour plusieurs raisons. L’une d’elle est qu’ils ne sont pas formés pour être confrontants, et l’autre est que cette posture nécessite une prise de risque pour le thérapeute, dans la mesure où il devra être amené à se dévoiler partiellement lui aussi, montrer ce avec quoi il est mal à l’aise ou au contraire ce avec quoi il se sent bien. Bien sûr le psy n’est pas LE représentant de tous les humains, il peut lui aussi faire des projections, mais il peut aussi être le seul de vos interlocuteurs à vous dire ce que vous faites pour ne pas entrer en contact avec l’autre ou ce que vous pouvez faire pour entrer en contact avec l’autre. Fritz Perls qui était psychanalyste avant de fonder la gestalt thérapie, gardait du psychanalyste la posture non protectrice mais n’hésitait pas à se montrer tel qu’il était, et à montrer à ses interlocuteurs ce qu’ils ne faisaient pas pour qu’une véritable rencontre ai lieu.

Seule, une véritable rencontre non protectrice peut vous permettre de trouver vos ajustements dans la relation à l’autre dans un premier temps, puis dans la relation à vous-même dans un second temps. Comme pour le bébé qui a d’abord besoin de faire confiance à maman avant de se faire confiance, vous avez besoin de faire confiance à votre thérapeute sur ses qualités humanistes de transparence, d’authenticité, d’implication (en tant que personne et non seulement en tant que thérapeute) pour faire, grâce à cette positure d’égal à égal, la rencontre avec l’humain qui est en vous. 

En conséquence, je reprendrai la formule de Boris Cyrulnik, qui n’est peut-être pas gestaltiste mais dont la philosophie semble très proche: « pour qu’il y ait rencontre, il faut qu’il y ait affrontement, sinon il y a croisement ». 

Il va de soi que la confrontation peut faire peur. On peut se sentir agressé, pas aimé, pas soutenu. Néanmoins, ayez le courage de trouver un thérapeute qui saura exister tel qu’il est en face de vous afin de vous exercer à sortir de vos shémas dépendants, séducteurs ou persécuteurs. Fritz Perls ne se laissait pas faire. Il refusait d’être un papa ou un homme à séduire. Il refusait l’inauthenticité. Mais malgré cette exigence,  il avait beaucoup de chaleur de générosité, de respect pour ses patients, traquant les faux semblants pour favoriser la richesse d’une véritable rencontre, une rencontre où il faut compter aussi sur les différences, les incompatibilités dans certains domaines, les conflits et surtout, surtout, leur résolution dans un dénouement gagnant gagnant. Une telle approche psychothérapeutique est très structurelle pour ceux qui ne se sont pas encore trouvés eux-mêmes, ce qui est votre cas puisque vous avez besoin d’une addiction pour vivre.

Je ne sais pas très bien pourquoi Fritz Perls n’a majoritairement plus une très bonne image dans le monde de la gestalt d’aujourd’hui. Peut-être était-il trop provocateur (souvent dans le but de faire réagir)  peut-être n’a-t-il pas assez théorisé. En tout cas, il avait une grande qualité qui ressort de tous les documents livres et vidéos sur son travail : l’honnêteté, l’authenticité, l’exigence, le sens de la responsabilité et l’art d’aider les gens à retrouver leur chemin sans qu’ils se perdent dans des labyrinthes de rationnalisation ou de la plainte.

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Jean-Pierre Bernadaux, webmestre.

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