La psychanalyse face à la boulimie et au mécanisme de l’addiction… oui mais…

Dans cette vidéo extraite d’un groupe de psychothérapie, une jeune femme explique en quoi le groupe) lui a permis d’accéder à un mieux être qu’elle n’a pas pu obtenir avec la psychanalyse

 

Psychanalyse pour la boulimie ? oui, mais…

La psychanalyse est très précieuse en ceci qu’elle permet de comprendre les processus psychologiques impliqués dans le besoin de s’accrocher à une addiction pour vivre.Mais si elle est très intéressante pour comprendre la boulimie, au sens où elle permet d’accéder aux processus psychologiques impliqués dans cette addiction, elle n’apporte pas tous les éléments nécessaires pour pallier aux manques identitaires caractéristique chez les personnes qui ne peuvent pas vivre sans une addiction.

Psychothérapie cognitive ? Psychanalyse ?

Généralement, quand la thérapie cognitivo-comportementale (carnet alimentaire, contrôle sur les boulimies etc…) échoue et que les personnes boulimiques ne réussissent pas à venir à bout de leurs crises, celles-ci se voient orientées vers une psychothérapie d’influence psychanalytique.

La psychanalyse comprend mais ne peut traiter l’addiction

Mais si la psychanalyse est très intéressante pour comprendre la boulimie, au sens où elle permet d’accéder aux processus psychologiques impliqués dans cette addiction, elle n’apporte pas tous les éléments nécessaire pour pallier aux manques identitaires caractéristique chez les personnes qui ne peuvent pas vivre sans une addiction.

Dans la psychanalyse la neutralité du psy pose problème

La psychanalyse en tant qu’approche thérapeutique permet de déculpabiliser, ce qui est déjà beaucoup, sans permettre d’avancer suffisamment pour les gens parviennent un jour à se sentir vraiment à l’aise parmi les autres. Déculpabiliser aide à souffrir un peu moins, mais, dans sa manière habituelle de fonctionner (neutralité du psychanalyste), l’approche freudienne n’est pas adaptée pour traiter les troubles de la personnalité.

Quelle leçon tirer de la psychanalyse pour l’addiction et la boulimie 

Pour qu’elle soit adaptée, il faudrait qu’elle sorte totalement de son cadre thérapeutique : le psychanalyste ne serait pas neutre (mais impliqué dans la relation) et les séances individuelles ne dureraient pas entre une demi heure et quarante cinq minutes mais une heure et demi.

Il faudrait que les psychanalystes acceptent l’interaction avec la personne qui a besoin d’une addiction pour vivre

Maragret Little, une personnalité qui souffre d’addition et de vide existentiel

Dans l’histoire qui va suivre vous verrez comment le psychanalyste Winnicott a tout axé sur le relationnel, avec sa patiente, Margaret I Little, ainsi qu’elle l’a raconté dans le récit de son analyse avec lui. J’ai choisi, dans cet éditorial, de vous raconter l’histoire de ce psychanalyste qui a su réinventé la psychanalyse pour cette patiente et improviser un accompagnement suffisamment nourricier pour que sa patiente, porteuse d’un trouble « borderline » de la personnalité et accessoirement d’une addiction alimentaire, puisse dépasser sa peur de vivre et se construire une vie enfin paisible.

Un psychanalyse hors du commun : Winnicott

C’est une histoire magnifique racontée par la patiente elle même, Margaret I Little, une femme médecin de quarante huit ans qui allait devenir psychanalyste par la suite . Margaret I Little sentait bien que sa précédente analyse n’avait pas touché les couches les plus profondes de son identité et en particulier sa peur d’exister.

Elle elle ne se sentait pas « quelqu’un »; Je voulais « être quelqu’un », c’est à dire une vraie personne, et non pas personne, ou une non-personne ». Pour elle, la sexualité ne pouvait qu’être hors de propos et sans signification aucune. Elle choisit comme troisième psychanalyste un homme dont elle pressentait qu’il allait pouvoir l’accompagner dans les zones les plus archaïques de sa personnalité..

Winnocott son regard de pédiatre sur les adultes

Winnicott, ce troisième analyste, avait été pédiatre auparavant et c’est sans doute la raison pour laquelle il savait voir dans l’adulte les carences du nourrisson, en deçà de toute sexualité, à laquelle renvoie toujours la psychanalyse. Là où les psychanalystes ont appris à se taire pour mieux renvoyer l’autre à lui-même, Winnicott a su pousser cette femme qui se sentait si inexistante à exister suffisamment pour entrer en contact avec lui.

Margarett Little, la patiente de Winnicott souffrait d’addiction 

Margaret I Little était peut-être boulimique dans la mesure ou elle racontera plus tard qu’avant ses séances elle se gavait dans une épicerie. Toutefois, quand elle exerça elle-même son métier de psychanalyste, elle allait écrire un livre sur l’addiction alcoolique. Margaret raconte sa première séance qui pour elle produisit une répétition de la terreur. « J’étais couchée, roulée en boule, complètement cachée sous la couverture, incapable de faire un mouvement ou de dire un mot. D.W. (Winnicott) garda le silence jusqu’à la fin de la séance puis se contenta de dire : « Je ne sais pas, mais j’ai l’impression que, pour une raison que j’ignore, vous me tenez à l’écart ».

Winnicott bien que psychanalyste ne reste pas neutre avec sa patiente

Tout doucement, sur la pointe des pieds, il était en train de lui dire : « nous sommes deux ici, vous n’existez peut-être pas encore, mais moi, j’existe déjà et je ne me sens pas pris en compte par vous ». Un autre jour, pendant toute une séance, elle fut saisie de spasmes de terreur. Elle lui attrapa les mains, s’y accrocha et il les lui laissa jusqu’à la fin des spasmes. Pendant quelques minutes, même il lui tint la tête comme il aurait tenu la tête d’un bébé à sa naissance. Elle ne s’y trompa pa : il s’agissait bien pour elle de la naissance d’une véritable relation à l’autre.

Winnicott décide d’adapter la psychanalyse à sa patiente : un nouveau départ pour Margaret

La sollicitude de Winnicott pour sa patiente alla même encore plus loin. Se rendant compte qu’il ne se passait presque rien pendant la première moitié de chaque séance parce qu’il fallait beaucoup de temps à Margaret pour trouver du calme en raison de l’environnement très perturbant de son enfance, il prolongea la durée de la séance à une heure et demie, sans changer ses honoraires, et ce, jusqu’à la fin de son analyse.

L’importance d’un nid sécurisé pour le nourrisson

Selon Winnicott un bébé devait être maintenu par sa mère avec sécurité pour pouvoir se développer harmonieusement et il recréa avec Margaret le maintien dont elle avait manqué, pour lui offir un nouveau « début » de vie. « Littéralement, il tenait mes deux mains serrées entre les siennes pendant de longues heures, presque comme un cordon ombilical, tandis que moi j’étais allongée, souvent cachée sous la couverture, silencieuse, inerte, renfermée, paniquée, enragée, ou en larmes, endormie et quelque fois rêvant. « En fait, Winnicott offrait sa propre force au patient et il la retirait à mesure que le patient devenait capable de la puiser en lui-même ». écrira Maragaret Little dans un article plus tard dans ses propres travaux psychanalytiques. 

Bien que la psychanalyse puisse déculpabiliser et soulager les souffrances liées à la boulimie, elle ne convient pas toujours aux troubles de la personnalité profondément enracinés. Cependant, certains psychanalystes, comme Winnicott, ont su adapter leur approche pour répondre aux besoins spécifiques des patients boulimiques, offrant ainsi une nouvelle perspective thérapeutique basée sur la relation et l’attachement.

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