A quoi sert un psy ? Psychothérapie pour la boulimie: un psy non neutre

Les gens qui vont voir un psychothérapeute ou un psychanalyste s’attendent à rencontrer quelqu’un de neutre qui va les écouter parler de leur passé, afin de tenter de comprendre ce qui n’a pas fonctionné dans leur enfance, pour qu’ils soient aussi mal dans leur peau et envahis des symptômes somatiques, comportementaux ou relationnels. La neutralité est-elle souhaitable pour tout le monde ? Ce n’est pas sûr…

La neutralité du psy

La neutralité du psy n’est pas souhaitable pour tous les psychanalystes. Elle ne l’était pas pour Ferenczi, avec son concept d' »analyse mutuelle », ni pour Ronald Laing qui disait communiquer avec ses patients psychotiques avec sa part de folie (« Le moi divisé »). Elle n’était pas non plus souhaitable pour le psychanalyste François Roustang, qui avait été formé avec Jacques Lacan et qui fut l’un de mes psychanalystes.

La neutralité comme une règle indispensable ?

Certains praticiens en psychologie considèrent qu’une base philosophique de la relation est indispensable pour construire avec le patient un univers dans lequel le réel et l’environnement ont leur importance. Mais si le psy est neutre, n’y a-t-il pas un risque que certains patients tournent indéfiniment sur eux-mêmes ? Il ne peut que projeter sur le psy un univers qui n’appartient qu’à lui. Est-il suffisant d’être totalement soi-même pour progresser lorsque l’on a de grosses carences affectives ?

Et si la non neutralité était plus intéressante ?

Une confrontation entre ce que ressent le psy personnellement face au discours du patient peut être utile, non pas pour savoir qui a raison ou qui a tort, mais pour que l’analysant apprenne à sortir de son individualisme. Les réactions du psy pourraient l’y aider, surtout lorsqu’elles ne lui plaisent pas.

De plus en plus, en particulier pour des personnalités qui ne sont pas névrosées mais atypiques, certains psys considèrent nécessaire qu’elles apprennent à s’assumer telles qu’elles sont, mais sans  nier l’autre pour autant.

Si le symptôme est un discours qu’on n’assume pas totalement, comment s’assumer totalement face à un psy si tout glisse ? Ce n’est plus un secret : on ne peut apprendre à devenir soi-même que face à l’autre.

La neutralité sur le contenu, la confrontation sur la forme.

Lorsque l’on apprend à s’assumer totalement face à l’autre, sans se soucier de ce qu’il va penser, et en même temps sans le nier, cela permet non seulement de développer l’affirmation de son vrai soi, mais de sortir de son individualisme ce qui aura pour résultat de ne plus avoir besoin de symptômes pour exister. Selon Alexandre Jollien si on n’apprend pas à sortir de son individualisme, on ne peut pas acquérir de liberté intérieure. Pour ce philosophe le lien à autrui (à distinguer du lien social) est très important pour se sentir à la fois bien dans sa peau et bien parmi les autres.

Écout de psy dans la psychothérapie pour la boulimie 

Une psychothérapie dans laquelle le psy écoute attentivement ses patients tout de se donnant le droit de dire ce qu’il ressent émotionnellement peut leur permettre d’apprendre à s’ouvrir aux autres, sans se sentir obligé de se rogner les ailes.

Je joins à ce texte une petite vidéo qui illustre cet article (rubrique VIDEO DU MOIS) ainsi que le titre d’un livre (rubrique LIVRE DU MOIS) paru récemment et co-écrit par un philosophe, Alexandre Jollien, un bouddhiste, Matthieu Ricard et un psychiatre, Christophe André : « A nous la liberté ». Trois points de vue différents, quelques désaccords et un grand bol d’oxygène.

PS : Pour ceux qui ne parviennent pas à lire, vous pouvez peut-être encore les écouter sur le replay de cette émission.

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