L’addiction alimentaire et le sport sont deux sujets intimement liés, bien que souvent abordés séparément. En réalité, le sport lui-même peut devenir une forme d’addiction pour un grand nombre de personnes. Certaines personnes sont facilement enclines à l’addiction lorsqu’elles n’ont pas eu la chance de ressentir un cocon sécurisant durant leur petite enfance. D’après Boris Cyrulnik, un enfant qui n’a pas vécu dans la sécurité au stade nourrisson développera, à l’âge adulte, des comportements addictifs ou violents.
En soi, l’addiction n’est pas nécessairement problématique lorsqu’elle est saine et non destructrice. Certaines personnes ne peuvent fonctionner que par addiction, ayant besoin de sensations fortes pour se sentir vivantes. Ces individus n’aiment pas les nuances, ni la tiédeur, et ressentent un sentiment de mort lorsqu’ils s’ennuient. Ainsi, l’addiction ne pose problème que lorsqu’elle détruit. Le sport, en principe, ne fait pas partie des addictions destructrices. Au contraire, il permet de s’évader et d’agir positivement.
Le sport : une échappatoire saine
Le sport est souvent utilisé comme une addiction réparatrice par les personnes souffrant de boulimie ou d’hyperphagie boulimique. Pour ceux qui ne peuvent pas se faire vomir, le sport devient une méthode pour éviter l’obésité. Mais plus que cela, le sport permet de s’évader. Pourtant, il peut être très douloureux de courir pendant une heure ou plus après avoir trop mangé, au point de ressentir des nausées et un ventre prêt à éclater.
La douleur du sport pour éviter une douleur plus grande
De nombreuses personnes souffrant d’hyperphagie boulimique s’imposent de courir longtemps pour éviter de prendre du poids. À ce stade, le sport devient une véritable douleur auto-infligée pour échapper à une douleur encore plus grande : celle de vivre dans un corps qui se déforme à cause d’un problème mental, un corps qu’elles ne peuvent pas reconnaître comme étant le leur.
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La psychologie derrière l’addiction sportive
Les addictions, qu’elles soient alimentaires ou sportives, trouvent souvent leur origine dans des traumatismes ou des manques affectifs durant l’enfance. Selon Boris Cyrulnik, un manque de sécurité émotionnelle peut mener à des comportements addictifs à l’âge adulte. Ainsi, l’addiction au sport peut être vue comme une tentative de compenser un vide intérieur, de retrouver un équilibre émotionnel perdu.

Les bénéfices du sport malgré tout
Malgré les aspects douloureux et parfois excessifs de l’addiction au sport, il y a aussi des bénéfices indéniables. Le sport permet de libérer des endorphines, les hormones du bonheur, procurant une sensation de bien-être et de satisfaction. Pour beaucoup, il s’agit d’un moyen de canaliser leur énergie et de structurer leur journée, apportant une discipline et une rigueur salvatrices.
En conclusion, le sport peut effectivement être une addiction réparatrice pour ceux qui souffrent d’addictions destructrices. Il offre une échappatoire saine, une structure et un moyen de canaliser des énergies souvent néfastes. Cependant, comme toute addiction, il est important de veiller à ce qu’elle ne devienne pas elle-même destructrice. Trouver un équilibre et pratiquer le sport de manière saine et modérée est essentiel pour en tirer tous les bénéfices sans en subir les méfaits.
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