Amour addiction: sont-ils compatibles ou sont-ils antinomiques ?

Relation Amour Addiction. Même si l’un et l’autre mot  commencent par la même lettre, même s’ils signifient parfois la même chose, même si l’amour peut quelque fois être une addiction, aimer implique un vrai rapport à l’autre, tandis que l’addiction reste l’erzatz de ceux qui ne savent pas aimer.

« Comment ! » me direz-vous, « j’aime vraiment mon mari, ma femme, mes enfants, mon petit ami, ma copine, mes parents… »

Vous le pensez. Mais quand vous « tirez la gu… » en rentrant du travail parce que la vaisselle et le ménage ne sont pas faits, que votre chéri (e) a passé la journée à la maison alors qu’il(elle) aurait eu tout le temps de les faire et est étalé(e) sur le canapé devant la télé, scotché sur un match de foot ou une série télé, croyez vous vraiment que vous l’aimez ?  Quand vous lui reprochez de ne pas avoir pensé à votre anniversaire ou de ne pas vouloir venir chez vos parents un we par mois, croyez vous encore que vous l’aimez ? Quand vous lui en voulez d’être agacé par quelque chose qui vous amuse, croyez vous toujours que vous l’aimez ?

Non, nous dit le grand psychiatre anglais mondialement connu Ronald Laing. L’amour c’est être capable de compter jusqu’à deux, c’est prendre l’autre tel qu’il est, c’est concevoir qu’il est différent, c’est ne lui faire aucun reproche, d’accepter qu’il n’ait pas le même rythme ni les mêmes besoins que vous.

Mais quand on vit ensemble il faut bien que… Eh non, il ne faut rien du tout ! nous dit Ronald Laing(2), interviewé pour la télévision il y a quelques années.

L’amour nous dit Ronald Laing c’est « être avec quelqu’un dans un rapport de totale franchise et de totale confiance, sans que l’un des deux ne tente de nier, changer, altérer ou modifier l’autre pour le faire correspondre à ses désirs ».

A contrario, quand on veut changer, altérer ou modifier l’autre pour le faire correspondre à ses désirs, on est dans une relation à soi, et non à l’autre.

« La « co-présence », nous dit Laing, le fait d’être présent l’un pour l’autre, sans restriction (ni cette condition préalable qu’on pourrait appeler la « communion ») est pour moi  la perfection dans une relation où deux êtres sont ensemble. C’est la seule véritable paix qui puisse exister. » rajoute-t-il (cf. extrait vidéo de son interview dans la rubrique vidéo du mois sur ce site, vidéo qui mérite mille fois d’être vue en entier si vous réussissez à vous la procurer).

En même temps ce type de relation demande un travail phénoménal sur sa manière d’interagir avec l’autre.

Ceux d’entres vous qui sont tout le temps énervés et rigides doivent apprendre à ne pas « plomber » l’autre avec ce qui les énerve. Ceux d’entre vous qui sont collés aux autres et en attente de mille et une choses doivent trouver des moyens de garder une distance.

Laing ne nous dit pas de changer, il nous dit de ne pas polluer l’autre avec nos besoins et de le laisser totalement libre de vivre dans la légèreté fusse éventuellement sans tenir compte de nous. Et de protéger sa propre liberté, dût-elle contrarier l’autre (à condition de ne pas le blesser bien sûr)..

Mais rassurez vous, la légèreté, vous saurez vite y prendre goût vous aussi dès que vous lutterez contre votre « normopathie ». Inventé par la psychanalyste Joyce Mc Dougall*(1) ce mot désigne une tendance qui consiste à se conformer excessivement à des normes sociales de comportement, sans parvenir à exprimer sa propre subjectivité.

Selon Joyce, c’est la normopathie qui mène à l’addiction. Luttez contre votre normopathie, ne cherchez plus à être comme tout le monde, refusez de vous rogner les ailes en pensant à ce que les autres pourraient penser de vous, vivez pleinement votre folie à chaque seconde du quotidien et laissez à l’autre cette même liberté d’être « fou » lui aussi. N’interprétez plus les actes des autres, ne les jugez plus, acceptez qu’à certains moments ils ne vous supportent pas et vous voilà parti pour expérimenter un type d’amour qui n’est plus de l’addiction ni de l’amour de soi mais un amour nourricier pour ceux que vous aimez et dans lequel vous vous épanouirez vous aussi aussi.

(1) Joyce McDougall était une psychanalyste néo-zélandaise, reconnue pour ses travaux sur la psychosomatique, l’identité sexuelle, et le concept de « normopathie » lié à l’addiction.

(2) Ronald Laing était un psychiatre britannique influent, connu pour ses idées novatrices sur la schizophrénie, l’amour, et les relations, remettant en question les approches psychiatriques traditionnelles.

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