Boulimie et psychothérapie : le problème de ceux qui vomissent
Auteure de l'article : Catherine Hervais,
psychologue spécialisée dans l'addiction alimentaire
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Boulimie et psychothérapie : on essaie souvent plusieurs psychothérapies sans succès.
Depuis la rédaction des Toxicos de la Bouffe (Ed. Payot poche), de nombreux courriers et appels téléphoniques me sont parvenus. Tous m'ont touchée, pour diverses raisons ; tous bouleversants. Avec des interrogations qui reviennent souvent : « Pourquoi moi ?", « Pourquoi je fais des boulimies ? », « Est-ce qu'on s'en sort vraiment ?" "Qu'est-ce qu'une thérapie ?" "Est-ce que ça marche pour tout le monde ?" "Est-ce que ça va marcher pour moi ?"
Les vomissements et la boulimie. Quelles en sont les conséquences des vomissement sur la santé ? La peur de vomir du sang: quelles sont les mesures à prendre lorsque cela se produit. Une femme, par exemple me téléphone. Elle est inquiète pour sa fille de dix sept ans qui voit déjà un médecin généraliste et un psychiatre. On lui a parlé d’une psychothérapie spécialisée pour les personnes boulimiques anorexiques. Elle ne sait pas de quoi il s’agit. Elle veut en savoir plus.
Boulimie et psychothérapie : quelle psychothérapie choisir ?
La plupart des gens connaissent le mot « psychothérapie » sans savoir vraiment de quoi il s’agit. Ils s'imaginent souvent que cela consiste à aller raconter sa vie à un « psy » pour comprendre ce qui ne va pas et doute de l’efficacité d’une telle démarche. A quoi bon un « psy » pour comprendre ce qui ne va pas ? Un foyer éclaté dans l'enfance, la mort d'un parent ou des deux, le chômage ou sa perspective, les difficultés matérielles, une histoire d'amour qui se passe mal, s'est mal terminée, pas d'histoire d'amour depuis trop longtemps, un « régime » trop sévère (dans le cas de la boulimie anorexie… En quoi une psychothérapie peut-elle effacer les accidents de la vie ? Mon interlocutrice veut me passer sa fille et je l'entends dire sur un ton autoritaire et pressant : "viens, viens parler à la dame !".
La jeune fille prend le téléphone pour dire qu'elle est boulimique. Elle est inquiète, d'autant plus qu'elle se fait vomir et que cette après-midi elle a vomi du sang. Elle me demande si j'ai cinq minutes et demande à sa mère de quitter la pièce. Je la sens angoissée. D'un trait, en pleurant, elle me tient un discours que je connais par cœur pour l'avoir vécu et entendu, avec des variantes, des centaines de fois. Elle est désespérée, pense au suicide. Elle a tout pour être heureuse et a pourtant le sentiment d'être complètement perdue, d'errer. Elle ne parvient pas à se concentrer sur ses études. D'ailleurs elle a tout largué. Elle vit la boulimie comme une bête logée en elle, incontrôlable. En ce moment c'est tout le temps. Du lundi au dimanche. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle ressent une culpabilité et un vide immense. Vomir du sang lui fait peur : c'est la première fois que cela lui arrive.
Boulimie et psychothérapie : (avec vomissements ou pas).
Face à sa panique, je m'efforce de la rassurer. Les saignements sont probablement sans gravité : en bas de l'œsophage, il y a des petits vaisseaux qui se fissurent souvent à force de vomir. Je lui conseille fortement de consulter son médecin au plus vite qui établira un diagnostic précis. Quant à sa boulimie, son sentiment de vide et de honte, son errance, son désarroi, je lui explique que cela vient d'un problème d'identité. Les personnes boulimiques ne se sentent pas exister, même dans les détails de la vie quotidienne. Elles cachent en permanence leur véritable personnalité qui se comprime comme le ferait le contenu d'une cocotte minute dont la vapeur ne pourrait s'échapper. Pour éviter que ça n’explose les boulimies servent de soupape. En ce sens, elle sont nécessaires : en 1983 une étude américaine a recensé un taux de suicide plus élevé chez les étudiants boulimiques qui s'empêchaient de faire des boulimies. D’ailleurs, on ne peut pas se retenir d’avoir des boulimies indéfiniment. Celles qui ont essayé dans le cadre d'un accompagnement médical fondé sur la restriction ont rarement tenu au-delà de la période fixée par les programmes hospitaliers qui est en général de trois à six mois.
« Hyperphagie » ou boulimie anorexie sans vomissements
Toutes les boulimiques ne se font pas vomir. Mais en empêcher celles qui le font (pour les protéger dans l'immédiat), expose à un problème à plus long terme : certaines personnes prennent quinze kilos les deux premiers mois (cela peut aller jusqu'à 50, 60 kilos en six mois) et font une dépression grave voire même une tentative de suicide pour avoir laissé leur corps se déformer au-delà du supportable. (En ce qui me concerne, je recommande à toutes celles que je rencontre et qui sont dans ce cas de ne pas culpabiliser sur les vomissements (tant qu'elles n'ont pas de désordres organiques et biologiques pouvant se révéler préoccupants) et d'en faire surveiller de très près l'évolution régulièrement par le médecin traitant qui dira s'ils représentent un danger immédiat sur leur santé. Quelques fois, il suffit de pallier les dysfonctionnements créés par les vomissements avec une supplémentation en éléments minéraux et en différentes substances (potassium, sodium, vitamines etc.)).
Les causes de la boulimie
Je cherche des mots justes. Je lui dis que son comportement alimentaire se modifierait tout seul si elle faisait un travail sur elle-même pour mieux se comprendre et se réaliser en tant que personne. C'est en écoutant tout ce que notre inconscient a envie de dire (et que notre conscient a tendance à faire taire) que nous découvrons nos vrais besoins et que nous pouvons mettre en place des moyens autres que les boulimies pour les satisfaire. Au bout du fil la jeune fille ne dit plus rien. Je la sens un peu apaisée mais déçue, en même temps. Peut-être s'attendait elle à un conseil avisé qui lui permette de cesser ses boulimies, ses vomissements et surtout ses saignements. Les personnes boulimiques anorexiques souffrent parfois tellement qu'elles cherchent à être soulagées instantanément. Alors, pour elle, pour toutes les adolescentes qui sont dans son cas mais aussi pour les moins jeunes, pour l'entourage, pour tous ceux qui n'ont aucune notion de psychologie et qui ont cependant besoin de comprendre, je me suis dit qu’en plus de mes publications sur la boulimie anorexie et grâce au développement d’internet je pourrais peut-être créer un site dont la vocation serait d’informer sur la vraie cause de la boulimie pour donner aux internautes les moyens de mieux se prendre en charge dans cette maladie incompréhensible et très pénible à supporter tant pour ceux qui la vivent que pour leur entourage proche.
Guérir de la boulimie anorexie
En résumé : pour guérir de la boulimie anorexie il est nécessaire d’être informé sur l’origine de ce trouble du comportement et de ne pas prendre le symptôme (les crises de boulimie) pour la cause.
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Commentaires
Je me retrouve tout à fait dans votre article sur le faite que les boulimiques utilisent leurs crises comme une soupape de décompression pour éviter que ça explose ! Je me retrouve quand vous dites que les boulimiques " cachent en permanence leur véritable personnalité qui se comprime comme le ferait le contenu d'une cocotte minute " , car dans certaines situations je m'efforce de jouer un rôle , je fais comme si tout aller bien, je prends sur moi, mais à la fin de la journée , ça me coûte, car je me sens irritable ; en décalage avec moi-même et avec les autres et parfois j’ ai le sentiment de passer à côté de sa vie . Mais je me dis qu’avoir des masques et jouer un rôle, n’es ce pas un peu le cas de tout le monde ? Quand on est dans le milieu professionnelle par exemple, on est bien obliger d’avoir un masque pour se protéger ou prendre sur soi car on ne peut pas tout dire à cause des contraintes qu’impose le travail . Ou alors avec ses amis , quand on se sent triste, on essaye de le cacher et d’être positive pour ne pas plomber l’ambiance , mais « on finit par le payer un moment ou à un autre » car on est pas nous même, on se sens seul en décalage et on finit par faire une crise ! D’ailleurs quand je me donne le droit d’être triste et d’être plus authentique avec moi-même et avec les autres, je me sens moins en décalage avec moi-même et les autres et je me sens d’avantage exister et miracle … je ne suis plus obsédé par la bouffe et je n’ai plus besoin et envie de faire des crise de boulimie car j’ai trouvé autre chose qui pouvais me combler ! (la danse par exemple me prend aux trippes et me permets de me sentir exister et d’oublier tout mes souci et de faire le vide ) En effet quand on est en accord avec soi , qu’on écoute ses vrai besoins et pas ceux des autres , on se sens vivre et le sentiment de vide disparait !
Donc c’est vrai,je confirme, pour aller sur la voie de la guérison, il est vraiment important de DECOUVRIR QUI ON EST VRAIMENT et de se respecter.
En effet je me suis bien retrouvé dans le fait que la boulimie est comme une soupape pour éviter que ça explose. Quand je m'en empêche, je sens la colère monter en moi, suivi de tristesse, de culpabilité et de la honte et je me dégoutte. Il m'arrive parfois, si je m'empêche de faire des crises de boulimies , d’avoir des idées suicidaires tellement je me dégoûte et que je culpabilise et en même temps j’ai une profonde colère qui n’arrive pas à s’exprimer : sur le moment le fait d’avoir envie de passer à l’acte (suicidaire) c’est comme pour montrer ma « détresse »non entendu et ma colère envers tout ce qui m’ont fait souffrir, et de mettre fin à ses sentiments insupportable. Je me dis peut être que quand j’avais des crise de boulimie assez intense, c’est un peu comme si je retournais la colère contre moi que je n’arrivais pas à exprimer ou identifier . Et aussi, souvent, en ce moment particulièrement, sans vouloir éviter la crise de boulimie à tout prix, j’ai l’impression de la remplacer par des crises de larme, comme la crise de boulimie je ne peux plus m'arrêter et ça peut durer des heures! J’ai l’impression que mon cerveau tourne en boucle comme un disque rayé sur des pensées, que je sais avec le recul qu’elles sont irrationnelles.
Dans ces moments là, je me sens seul, abandonnée, je me sens coupable de tout alors qu’avec du recul je n’y suis pour rien, je sais pas pourquoi parfois j’ai l’impression d’endosser tout les problèmes des autres et de prendre tout à cœur, comme si je voulais jouer le rôle du bouque émissaire ou alors souvent quand je me sens vraiment minable j’ai l’impression qu’au moindre remarque reproche je me sens persécuté tellement que je me sens coupable.
En faite quand je me sens seule, j’ai l’impression d’être en décalage avec les autres, non pas parce que je joue un rôle, mais parce que j’ai du mal parfois à rebondir dans la conversation et après je me fais des reproches, je me dis pourquoi j’ai pas réagi à temps , pourquoi je me suis retrouvé bloqué comme une imbécile à pas savoir quoi dire ou à pas oser dire ce que je pensais de peur d’être rejeté ... et parce que j’ai trop honte .
Je me demande pourquoi dans ces moments je me mets dans ces états là car ma vie n'est pas si catastrophique que ça et il y a pire faut relativiser.
Mais c'est vrai je me retrouve pas mal quand vous dites que les boulimiques " cachent en permanence leur véritable personnalité qui se comprime comme le ferait le contenu d'une cocotte minute " , car dans certaines situations je m'efforce de jouer un rôle , je fais comme si tout aller bien, je prends sur moi, mais à la fin de la journée , ça me coûte, car je me sens irritable ; en décalage avec moi-même et avec les autres et parfois j’ ai un sentiment de passer à côté de sa vie car je me sens pas vraiment exister . Mais je me dis qu’avoir des masques et jouer un rôle, n’es ce pas un peu le cas de tout le monde ? Quand on est dans le milieu professionnelle par exemple, on est bien obliger d’avoir un masque pour se protéger ou prendre sur soi car on ne peut pas tout dire à cause des contraintes qu’impose le travail . Ou alors avec ses amis , quand on se sent triste, on essaye de le cacher et d’être positive pour ne pas plomber l’ambiance , mais « on finit par le payer un moment ou un autre » car on est pas nous même, on se sens seul en décalage et on finit par faire une crise ! D’ailleurs quand je me donne le droit d’être triste et d’être plus authentique avec moi-même et avec les autres, je me sens moins en décalage avec moi-même et les autres et je me sens d’avantage exister et miracle … je ne suis plus obsédé par la bouffe et je n’ai plus besoin et envie de faire des crise de boulimie car j’ai trouvé autre chose qui pouvais me combler ! (la danse par exemple me prend aux trippes et me permets de me sentir exister et d’oublier tout mes souci et de faire le vide ) En effet quand on est en accord avec soi , qu’on écoute ses vrai besoins et pas ceux des autres , on se sens vivre et le sentiment de vide disparait !
Pour les tensions aux travail , je sais qu’il faudrait d’avantage que je m’affirme tout en arrivant à mettre les formes qu’il faut pour traiter un problème tout en évitant les conflits, ce qui pourrait aussi m’aider à éviter le phénomène de « cocotte minute » à la fin de la journée, mais quand on a honte de soi et qu’on ose pas s’affirmer car on se sens coupable de tout et qu’on fait que de se reproche sur tout, et qu’on a honte de soi c’est plus facile à dire qu’à faire ! Je me dis que parfois je suis un peu dure avec moi-même et un peu trop perfectionniste ! Mais je me dis aussi que le à la fin de la journée, la pression fini par monté à force de prendre sur soi des petites choses et l’accumulation du stress de la journée et le contrôle sur soi tout du long de la journée font que j’ai l’impression de n’avoir plus de force mentale pour me retenir de faire des crises et le seul moyen pour soulager ce trop plein c’est la crise de boulimie qui me permets de faire le vide. Ce qui serait mieux, c’est de trouver une activité prenante qui nous ressource, nous redonne une meilleur image de nous même qui nous montre qu’on est capable de faire quelque chose, ; une passion qui permet de décompresser, de sublimer et de faire le vide et d’oublier tout les soucis le temps de la pratique. Enfin, je pense que je ne suis pas la seul à avoir du mal à gérer le stress, car certain fument, d’autre boivent pour se vider la tête ou pour se donner du courage et prennent de l’alcool ou le produit comme une bouée de sauvetage pour affronter les difficultés de la vie …mais on finit par se noyer dans l’addiction et le produit devient un faux amis ! C’est sûr , il est toujours là, il nous réconforte mais nous éloigne encore plus de nos vrai amis et de nous même ou plutôt c’est aussi parce qu’on est pas en relation avec les autres et qu’on est pas vraiment soi même qu’on va chercher à compenser par une addiction pour se sentir mieux . Mais concernant la boulimie, d’après mon expérience même si la boulimie en elle-même n’est pas la cause et le fond du problème, on peut quand même avoir de sérieux problème de santé, en plus on déprime encore plus et la bouffe finalement devient en même temps notre pire ennemie et notre meilleurs amis : elle nous soulage pour un laps de temps mais nous coupe des autres, de nos émotions et empêche aussi de trouver d’autre solution pour faire face aux difficultés puisqu’on a trouvé un moyen efficace et facile sur le cours terme pour soulager nos souffrance…
La fuite n’est pas non plus la bonne solution pour éviter la crise de boulimie car elle ne règle pas le problème , elle ne fait que retarder la crise , et on y pense encore plus, on est toujours obsédés par la bouffe pour ne pas penser à des choses plus douloureuses, c’est bien la preuve que le comportement boulimique n’est pas le fond du problème , même si c’est vrai à force de faire beaucoup de crises et d’intensité importante , cela peut vraiment dérégler l’organisme, entrainer une sorte d’addiction au gavage par des bouleversement physiologique biologique et par un conditionnement qui se met en place et dont il est difficile d’arrêter (hypoglycémie fréquente, perte complète de la sensation de satiété à force de se remplir qui favorise aussi les boulimies, je connais bien le problème, car en plus j’ai fais un BTS diététéique…)
Parfois j’arrive à employer d’autre moyen pour me détendre et éviter de faire une crise (sport, danse , musique, cinéma…) mais contrairement à avant , en faite ce n’est « plus vraiment une fuite pour éviter la crise de boulimie ou pour dépenser des calories» car c’est vraiment des activités que j’aime et qui me comble et me permets de ressentir des émotions et de me sentir exister, et dans ses moments là je me sens combler et je n’ai plus besoin de me remplir pour combler un sentiment de vide car je me sens combler et je me sens exister vraiment !!!
Donc c’est vrai, pour aller sur la voie de la guérison, il est vraiment important de DECOUVRIR QUI ON EST VRAIMENT et de se respecter.