Aider un proche qui souffre de TCA

Si vous souhaitez aider un proche qui souffre de TCA boulimique ou hyperphagique, ne lui demandez surtout pas d’avoir plus de volonté. Elle ou il ne le peut pas.

On aimerait tant l’aider, le voir se libérer de cette compulsion destructrice, retrouver la paix. Mais on ne sait pas toujours comment s’y prendre. Faut-il intervenir ou se taire ? Le confronter ou le rassurer ? Trouver la juste place n’est pas facile.

Comprendre ce que vit la personne atteinte de TCA

La première étape pour aider un proche boulimique ou hyperphagique est de comprendre que ces troubles ne relèvent pas d’un simple manque de volonté. Il ne s’agit ni d’un caprice, ni d’une mauvaise habitude alimentaire. Derrière les crises de boulimie se cachent une immense détresse psychique, une souffrance identitaire souvent ancienne, et un besoin urgent de soulagement. Pour certaines personnes, manger jusqu’à l’épuisement est une manière – la seule peut-être – de calmer l’angoisse, de faire taire une douleur interne indicible.

Pour aider un proche qui souffre de TCA, évitez les jugements

Il est essentiel, si vous vous demandez comment aider un proche qui souffre de TCA, de comprendre qu’il ne faut jamais commencer par le culpabiliser. Dites-vous que s’il pouvait faire autrement, il le ferait. La honte, le désespoir, la colère contre soi-même sont déjà massifs. En rajouter ne fait qu’aggraver l’isolement.

Évitez les phrases du type :
– « Tu n’as qu’à te contrôler. »
– « Tu veux vraiment que ça ruine ta santé ? »
– « Il suffit de manger équilibré. »

Ces phrases, même dites avec de bonnes intentions, peuvent renforcer le sentiment d’être anormal ou irrécupérable.

Offrir un espace de parole sans attente de résultat

Offrir un espace de parole libre, sans pression, est un geste d’une grande puissance — et même un exploit — parce que vous êtes angoissé·e vous aussi. Et pourtant, il faudra éviter de rajouter votre angoisse à la sienne. Le mieux est d’aborder des sujets qui l’intéressent, après avoir dit une seule fois :
« Si un jour tu veux en parler, je suis là, sans jugement. »
Ou encore :
« Tu n’es pas seul·e. Je vois que tu ne vas pas bien. »

La personne qui souffre d’un TCA se sent souvent profondément inadéquate. Lui rappeler qu’elle reste digne d’amour et de présence, même dans ses pires moments, peut devenir un levier thérapeutique.

S’informer pour mieux comprendre

Une manière très concrète de soutenir votre proche est de vous informer sérieusement sur les troubles du comportement alimentaire. Lisez, écoutez des témoignages – il y en a beaucoup en vidéo sur ce site : consultez-les. Lisez ce que les professionnels écrivent, de préférence les psychologues, car le monde médical s’attache souvent trop à vouloir corriger le comportement nutritionnel ou à expliquer les troubles alimentaires uniquement par les émotions et les pensées qui précèdent les crises.

Certains professionnels ont compris que l’addiction alimentaire est liée à une hypersensibilité développée dès les mille premiers jours de la vie. De ce fait, ils ne cherchent pas à corriger le comportement alimentaire, mais à explorer les difficultés identitaires profondes qui se révèlent dans la vie relationnelle. C’est pourquoi, comme pour toutes les addictions envahissantes, la psychothérapie de groupe, telle que proposée par les psychanalystes, est souvent privilégiée. Vous devenez alors un interlocuteur plus juste, plus apaisant, moins réactif.

 

NOUVEAU : Réunions et ateliers d’information sur les TCA de Boulimie.fr – avec Catherine Hervais

 

Pour aider un proche qui souffre de TCA avec efficacité, encouragez-le à se faire aider, sans le forcer

Une personne boulimique ou hyperphagique a besoin d’un accompagnement professionnel. Mais encore faut-il qu’elle soit prête à l’accepter. Ce n’est pas toujours le cas. Ou, plus exactement, ce n’est pas toujours le moment. Tant que la boulimie calme l’angoisse, la personne peut rester dans un état qu’elle juge supportable. Mais il arrive, à peu près une fois par an, que la personne soit plus déprimée que d’habitude et souhaite de l’aide.
Votre rôle, quand c’est le cas, est de suggérer sans contraindre. Une simple proposition peut suffire :
« Je connais quelqu’un de bien. Si un jour tu veux essayer, je peux t’accompagner. »

La psychothérapie, en particulier la thérapie de groupe ou l’approche par la reconstruction identitaire, peut permettre de traiter le fond du problème – le vide intérieur, le mal-être existentiel – au lieu de se focaliser uniquement sur le symptôme alimentaire.

Ne pas devenir thérapeute à la place des thérapeutes

Un piège fréquent, quand on veut aider un proche souffrant de TCA, est de vouloir réparer à sa place. On s’épuise alors à chercher des solutions, à contrôler ses repas, à surveiller son poids. Et l’on finit par créer encore plus de tensions. Votre rôle n’est pas de guérir, mais d’accompagner. C’est très différent.

Vous pouvez être un appui, un repère, une présence. Mais vous ne pouvez pas porter le poids de sa guérison.

Est-il possible d’aider un proche qui souffre de TCA tout en préservant l’équilibre familial ?

Les troubles alimentaires peuvent perturber l’ensemble du système familial. Le climat devient tendu, les repas sont source d’angoisse, chacun marche sur des œufs. Il est crucial de poser des limites claires :
– Ne pas tolérer la violence ou les chantages émotionnels.
– Ne pas mettre sa propre vie entre parenthèses.
– Continuer à vivre normalement, autant que possible.

La personne boulimique ne doit pas devenir le centre exclusif de la dynamique familiale. Cela la culpabilise, et renforce l’idée qu’elle est un « problème ambulant ».

Trouver du soutien pour soi-même

Vous aussi, vous avez besoin d’aide. Accompagner un proche atteint de TCA peut être épuisant. N’hésitez pas à consulter un professionnel pour vous-même, ou à rejoindre un groupe de parole pour proches de personnes souffrant de TCA. Vous y trouverez des outils, des repères, et surtout, la sensation de ne pas être seul·e.

Dans les cas extrêmes : faire appel à des professionnels en urgence

Dans les formes les plus graves, les troubles du comportement alimentaire peuvent mettre en danger la vie de la personne : perte de poids massive, dénutrition, crises suicidaires. Dans ces situations, la médecine est nécessaire, et de nombreux services hospitaliers sont spécialisés dans les TCA. Il ne faut pas hésiter à solliciter un médecin, une hospitalisation ou une équipe spécialisée. Il en va parfois de la survie.

Même si cela provoque une crise, même si la personne vous en veut, vous avez le droit – et parfois le devoir – de protéger une vie en péril. Mais si vous ne jugez pas que sa vie est immédiatement en danger, préférez une psychothérapie adaptée aux personnes souffrant d’addictions envahissantes, c’est-à-dire une psychothérapie qui travaille sur les problèmes d’identité et de relations, afin de diminuer l’angoisse qui pousse à se jeter sur une addiction pour parvenir à lâcher prise.

Conclusion

Aider un proche qui souffre de TCA nécessite de la patience, de l’humilité et une attention constante pour éviter de transmettre votre angoisse

Vous ne pouvez pas guérir à sa place. Mais vous pouvez être là, sincèrement, patiemment. Ne pas juger. Ne pas contrôler. Créer du lien, du dialogue. Offrir un espace où l’on a le droit d’être mal, sans être rejeté.

Alors, comment aider un proche qui souffre de TCA ?
En étant une présence stable, pas parfaite. En l’encourageant doucement à se faire aider quand vous sentez que c’est le moment. Et en vous protégeant, aussi, pour éviter de sombrer ou de rendre l’atmosphère irrespirable pour votre proche comme pour le reste de la famille. Votre force, votre solidité, votre tendresse — même silencieuse — peuvent être ce fil d’or qui, le moment venu, permettra à votre proche d’entreprendre une psychothérapie appropriée, idéalement sous le contrôle du médecin de famille en cas de carence.

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