S’impliquer pour réussir sa thérapie

S’impliquer pour réussir sa thérapie

Que ce soit en thérapie individuelle ou en thérapie de groupe, il est nécessaire de s’impliquer pour réussir sa thérapie.

Que ce soit en thérapie individuelle ou en thérapie de groupe, il est nécessaire de s’impliquer pour réussir sa thérapie. Je connais des personnes boulimiques qui n’ont jamais osé dire à leur thérapeute qu’elles étaient boulimiques et qui ont volontairement omis da parler de certaines choses dont elles avaient honte.

Je connais des personnes qui, en groupe, se contentent d’écouter ce qui se passe sans intervenir sur ce qui leur plaît ou leur déplaît de peur d’ennuyer les autres et d’être ridicule. Récemment sur le forum, une personne se plaignait d’avoir fait un an et demi de thérapie de groupe sans en avoir tiré grand-chose.

Elle reconnaissait cependant n’avoir pas osé s’impliquer parce qu’elle se sentait mal-aimée du thérapeute, dont elle avait peur, par ailleurs, parce qu’elle le jugeait trop direct.

Le groupe lui a paru superficiel

Je vous propose comme édito ce mois-ci le texte de Laurence qui aborde avec pertinence et passion le thème de l’implication en thérapie.

« Voilà quatre mois aujourd’hui que je m’investis dans une thérapie de groupe centrée sur la personne, sous forme de week-ends intensifs.
Je confie mon ressenti après chaque séance à l’une de mes amies qui me confirme en retour, l’air envieux, qu’elle me trouve déjà plus  » posée « .

Il se trouve que le mois dernier, cette même amie a eu une violente altercation avec son fiancé. Tout à fait consciente que la dispute était due à sa personnalité, elle s’est empressée de me demander le numéro de téléphone de ma thérapeute et l’a suppliée de lui trouver une place dans un groupe le plus vite possible, afin de débuter une thérapie. Et la voilà, débarquant (comme tout le monde d’ailleurs) avec ses lourds bagages remplis de fausses croyances et d’une énorme rigidité. Même si elle savait qu’une thérapie se fait au long cours, et pas en une séance, fut-elle intensive, peut-être espérait-elle inconsciemment ressortir du groupe complètement guérie, avec, le soir même, tous ses soucis réglés, et son chéri retrouvé !

Après le groupe, elle m’appela le soir même en proie au désespoir, me livrant qu’elle s’était demandée toute la journée ce qu’elle faisait dans ce groupe, à écouter des histoires débiles qui ne la concernaient pas. La thérapeute ne lui avait quasiment pas adressé la parole se trompant de prénom, même, dans les rares moments où elle s’était adressée à elle !

Tout lui avait paru trop superficiel. Par exemple, une jeune fille de seize ans, dont la mère est esthéticienne, avait passé une demi-heure à raconter comment avait réussi à affronter sa mère au sujet de son épilation du maillot. La jeune fille voulait s’épiler le maillot au rasoir, tandis que sa mère insistait pour qu’elle le fasse à la cire.

Par peur d’être jugée, elle ne décrocha pas un mot dans le groupe

Tout cela parut bien puéril à mon amie qui ne décrocha pas un mot du week-end s’imaginant que, de toute façon, elle serait jugée par les autres et que son histoire n’intéresserait personne. Elle avait perdu son week-end, l’argent de la thérapie et sa vie n’avait pas changé !

J’ai pensé que toute la rigidité avec laquelle elle était arrivée (et repartie !) l’avait empêchée de percevoir l’essentiel. Concernant la jeune fille dont elle m’avait parlé, elle n’y avait entendu qu’une histoire d’épilation. En réalité cette jeune fille, au travers de l’anecdote d’épilation, jubilait d’avoir pu s’opposer à sa mère sans violence et d’avoir réussi à faire ce qu’elle avait envie de faire sans se plier, comme avant à ce que sa mère voulait qu’elle fasse.

Mon amie était arrivée avec de nombreux et lourds bagages, traînés depuis trop longtemps, et elle est repartie avec, faute de ne pas avoir voulu les ouvrir.

Je pense que nous avons tous de lourds bagages et que la thérapie nous aide à nous débarrasser des excédents (qui nous ont certes sans doute été utiles à une période de notre vie), mais dont nous devons nous passer désormais pour avoir une vie plus légère.

Et si je prends la métaphore du train, il ne suffit pas de rester sur le quai à regarder les trains passer ! Il faut aussi décider de monter dedans.

La réussite d’une thérapie nécessite, à mon avis, qu’on soit acteur et non spectateur. En ce qui me concerne, j’ai osé poser le pied sur le marchepied et je me suis accrochée de toutes mes forces à la rampe. Au début, c’est vrai, ça surprend… J’ai été ballottée, secouée, j’ai perdu mes repères, j’ai découvert (et je continue à découvrir) de nouvelles sensations.

Mais petit à petit, en acceptant de changer de lunettes (au début sans forcément tout comprendre), j’ai bouleversé mes vieilles habitudes et ai commencé à m’inscrire dans un nouveau projet de vie, beaucoup moins rigide que mes vieux schémas habituels. En fait, je me suis investie dans la thérapie, dans MA thérapie. J’ai pris conscience que mes bagages étaient trop lourds, qu’ils m’encombraient, m’entravaient, et qu’ils n’étaient pas adaptés à mes nouveaux objectifs.

A force d’efforts répétés, à force de persévérance, tout en continuant à être secouée dans le train, ma place me parut beaucoup plus confortable.

Dans les groupes, j’ai posé mes bagages, j’en ai jeté quelques-uns, j’en ai gardé quelques autres et tout en les vidant d’une partie de leur contenu par la fenêtre, tout en me délestant de ces poids inutiles – que je croyais indispensables, j’avais la sensation que le train allait de plus en plus vite.

Il me reste encore des bagages, dont je n’ai pas encore fait tout le tri, mais je sais aujourd’hui que lorsque je serai libre des vieux schémas rigides qui me restent, le symptôme qui m’a poussé jusqu’ici ne sera plus mon compagnon, ou alors il sera devenu si insignifiant que je ne m’apercevrai qu’à peine de sa présence. D’ailleurs, il commence à s’espacer, moins acide, cédant la place à de nouvelles envies. Peut-être ces envies étaient-elles déjà là sans que je sache les voir, trop absorbée par mes angoisses et par mes boulimies ?

Il ne fait aucun doute pour moi qu’en poursuivant mes efforts, je vivrai enfin pleinement la vie, légère, tourbillonnante, tour à tour calme puis tumultueuse … telle un petit train de campagne le nez au vent, sifflotant à travers champs, accompagné par le chant des oiseaux .

J’ai dit à mon amie que je n’avais pas l’intention de laisser passer ce train, et que je m’efforcerai à chaque instant de rester dedans.

Ma détermination est d’autant plus grande qu’en quatre mois déjà, depuis le début de ces groupes, j’ai déjà  » mordu  » un peu de cette vie légère. Je me sens un peu plus apaisée. Avant, je ne m’apaisais que lorsque j’étais au régime. Maintenant, il s’agit d’autre chose. Ce sont des changements intérieurs, relationnels aussi puisqu’ils sont visibles par mes proches qui apprécient d’entrevoir enfin qui JE SUIS vraiment. Je me sens plus authentique et je commence à m’estimer.

Je pense qu’il est dommage de ne pas vouloir se remettre en question, en thérapie. Et pour en revenir à l’image du train, on peut passer chaque séance à le regarder passer sans quitter le quai pendant 2 ans, 5 ans ou même 10 ans, toujours à la même place, dans la grisaille, tandis que ceux qui ont pris le risque d’y monter, sont déjà loin, le cœur léger.

Ecouter, regarder, apprendre… c’est bien, c’est une étape qui m’est nécessaire, mais ensuite j’agis, je suis en actes , du mieux que je peux. Je me suis approprié ma thérapie, ma vie et mes envies.

Décidée à ne pas rester sur le quai, dans la journée qui suivait notre conversation, mon amie fixait un nouveau rendez-vous, bien consciente de sa rigidité et surtout déterminée à s’impliquer. En attendant le prochain week-end pour elle, et entre deux groupes pour moi, nous nous efforçons de travailler à sortir de notre bulle en accord d’ailleurs avec les conseils prodigués sur ce site « .
Laurence Hoyet.

Catherine Hervais

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