Faire l’amour dans sa tête

Bientôt Noël et comme cadeau, je vous présente, dans la rubrique des vidéos des personnes qui s’en sont sorties, le témoignage pétillant de la belle Dominique sur la sexualité.

Bientôt Noël et comme cadeau, je vous présente, dans la rubrique des vidéos des personnes qui s’en sont sorties, le témoignage pétillant de la belle Dominique sur la sexualité. Dominique, 50 ans, nous explique qu’avant sa thérapie, quand elle faisait l’amour, elle était trop « dans sa tête », alors que maintenant, après trois bonnes années de thérapie, elle est enfin « dans son corps », ce qui lui donne accès à tout un tas de sensations qu’elle n’avait pas jusqu’ici. 
J’ai trouvé son témoignage délicieux et je lui ai proposé de le mettre sur le site.

Elle m’a dit oui sans hésitation.En travaillant sur ta peur et ta honte face au regard de l’autre, en te battant pour gagner de l’estime pour toi-même, tu as fait disparaître les angoisses qui te rendaient boulimique et qui généraient aussi les obsessions et les tensions musculaires qui t’empêchaient d’avoir accès à tes sensations physiques.

En effet la plupart des personnes boulimiques se plaignent de ne pas sentir grand chose au lit et, en particulier, de ne pas avoir d’orgasme. Pendant l’amour elles pensent plus qu’elles ne sentent. Comme dit Dominique, elles sont  » dans leur tête « , plus centrée sur le plaisir de leur partenaire que sur le leur :

« Je reste spectatrice quand je fais l’amour »

« Pour moi », dit Aurélie, 23 ans, « l’amour c’est comme un film : je suis spectatrice. J’arrive pas à me lâcher, je me dis qu’il faut que mon partenaire soit content, qu’il ne soit pas déçu. Alors je suis en contrôle tout le temps, je m’occupe de lui, je suis comme une spectatrice et je m’oublie moi-même. Quand il jouit, je suis contente, je me dis que c’est grâce à moi, que j’ai le pouvoir de lui faire perdre la tête, qu’il va encore plus avoir besoin de moi ».

« Moi j’ai du plaisir, mais je suis surtout centrée sur l’autre ».

« Moi » dit Carine, 24 ans,  » …c’est pareil qu’Aurélie, mais j’ai quand même du plaisir. Avant de commencer les groupes, mon plaisir était surtout centrée sur l’autre. Je voulais lui faire du bien, j’étais surtout attentive au plaisir que je pouvais lui procurer. De temps en temps je m’accordais quand même un peu d’attention (j’ai des orgasmes quand je me caresse), mais j’étais surtout centré sur le plaisir de l’autre : ça me satisfaisait de voir l’autre prendre du plaisir grâce à moi ! Je pense que c’est un petit peu comme la relation qu’on a avec les autres où, en fait, on fait tout pour se faire aimer d’eux et c’est le retour qu’on attend. Là, dans l’amour, je pense que c’est la même problématique. C’est le retour de voir l’épanouissement, le désir et la jouissance de l’autre qui me procure du plaisir: moi j’ai pas de plaisir dans la vie, mais si l’autre en a et que j’y suis pour quelque chose, je trouve ça génial.

« Depuis ma psychothérapie je m’ouvre à la sexualité »

Aujourd’hui, depuis que je fais des groupes, j’ai pas encore d’orgasme avec mon copain mais je sens que je suis plus « dans mon corps » comme dit Dominique. Je ne me fais pas de soucis, je sens que ça viendra, ça bouge ».

Moi j’aime surtout le sexe pour les câlins après.
« … Moi », rebondit Aude, 33 ans, « j’ai pas d’orgasme non plus mais je suis très amoureuse de mon copain et sentir les frottements, les contacts, j’aime ça. Je me fais pas de soucis pour l’orgasme, je pense que ça viendra plus tard. Je vis avec mon copain depuis trois ans, j’ai débuté avec lui, il m’a fait découvrir plein de choses. J’ai toujours été très curieuse sur le sujet, j’ai toujours été très entreprenante. Lui est très joueur aussi, si on peut dire ça comme ça; on varie on fait des tas de petits trucs. Par moments c’est vrai, j’ai du mal à me lâcher, je suis un peu « dans ma tête », mais j’essaie de me détendre et ça va. Après avoir fait l’amour il y a beaucoup de tendresse, de câlins, peut-être que ça compense d’une autre manière le plaisir orgasmique que je n’ai pas encore »…

Dans l’amour je suis comme un bébé, ça me berce.

« Pour moi » dit Lolo, 43 ans, « l’amour est un moyen d’avoir des câlins surtout. J’aime bien ça aussi, je prends beaucoup de plaisir, mais par contre j’ai jamais eu d’orgasme. Et la question que tu posais sur le plaisir d’être pris dans les bras, enfin, je me retrouve assez là-dedans.

Je fais l’amour comme un petit bébé qui aurait besoin d’être bercé dans les bras de sa maman. L’amour ça me fait comme un réparation d’un maternage dont j’ai encore besoin « ..Dès que la relation s’installe, je ne suis plus intéressée.
 » Moi « , dit Rose-Marie,  » j’ai toujours bien aimé. Mais avant ma thérapie, moi aussi, c’était comme dans un film. J’étais pas là du tout, j’étais complètement tournée sur l’homme, en fait, et j’oubliais complètement ce qui pouvait me faire plaisir. Au début de la relation j’étais hyper excitée et après, quand la relation s’installait, j’étais plus tellement intéressée par le sujet. J’avais toujours l’envie de tendresse avec la personne mais plus d’envie sexuelle. Ça commence à changer. L’amour devient pour moi quelque chose de plus réel, de moins dans le fantasme et je ne m’ennuie plus quand la relation dure longtemps ».

Maintenant, quand je fais l’amour, je me sens dans l’acte.

« Moi, », dit Amélie, 28 ans, « j’avais pas de plaisir avant. Et comme Dominique, j’ai envie de témoigner pour dire que l’hypnose m’a décoincée sexuellement. Une fois, on en a fait dans un groupe, et pour la première fois de ma vie j’ai senti que mon corps était totalement détendu. Après cette expérience j’ai su que je ne sentirai plus jamais mon corps comme avant parce que j’avais vraiment ressenti toutes les parties de mon corps qui étaient en contact avec le sol. Et maintenant, quand je fais l’amour, je me sens dans l’acte, alors qu’avant, j’étais plus ou moins spectatrice en fait. J’ai toujours eu envie parce que j’aime bien le jeu, j’aime bien sentir l’autre, mais avant j’aimais surtout le contact, la présence d’un corps à côté de moi. Maintenant c’est génial, je tremble de tout mon corps pendant l’amour ». Je lui demande si elle avait des orgasmes avant. « J’avais du plaisir, mais j’avais pas d’orgasmes. Maintenant j’ai des orgasmes. Pendant l’hypnose, j’avais senti qu’il s’était passé quelque chose, physiquement. Depuis j’ai réussi à me laisser aller complètement parce que je savais que mon corps était capable de le faire. Avant, mon plaisir c’était plus faire plaisir à l’autre

Avant j’étais toujours  » ailleurs  »

« Mon comportement au quotidien était un peu comme ça aussi. La plupart du temps, je vivais dans un monde parallèle, j’étais  » ailleurs  » et dans l’acte sexuel pareil. Même si la personne en face a l’impression que c’est le top – nous les boulimiques, on est très fortes pour cacher notre jeu : je faisais en sorte que pour lui ça soit bien, mais je n’étais pas vraiment là. Faire plaisir à l’autre, le besoin de contact, le besoin qu’on me prenne dans les bras, c’était tout ce que je cherchais et ça me satisfaisait. C’est vraiment ça, ça rejoint la boulimie : on ne s’autorise pas, on s’enfonce dans notre bulle de mal-être. A partir du moment où on commence à aller un peu mieux dans sa tête – et c’était le cas pour moi quand j’ai fait l’hypnose – on s’autorise d’avantage de choses, et notamment de se détendre. Je pense que c’est un tout ».

Moi j’ai plusieurs types d’orgasmes. mais je les contrôle…Marie Pierre, 38 ans, fait partie des rares personnes boulimiques à avoir une sexualité satisfaisante sur le plan orgasmique. (Selon mon sondage personnel, 10% des personnes boulimiques seulement ont du plaisir en faisant l’amour).

« J’ai différents niveaux d’orgasme »

« Moi j’ai découvert la sexualité avec mon mari actuel, je n’avais aucune expérience avant. En fait je suis d’abord tombée amoureuse d’un garçon homosexuel. Ça m’a tellement frustrée que je suis devenue boulimique après. Ensuite je me suis mariée à 25 ans, j’ai eu deux enfants. J’étais plus mère qu’amante. Par la suite j’ai eu des amants, mais c’était narcissique: c’était pour moi, pour me prouver que je pouvais plaire. Mais en même temps ça m’a appris d’autres choses, purement physiques, ça m’a aussi épanouie sexuellement, et du coup, avec mon mari, ça se passait mieux aussi…

J’ai différents niveaux d’orgasme : ça va de l’orgasme de base… Je peux en avoir plusieurs d’affilée. Parfois je peux avoir un gros orgasme. Mais j’ai pas toujours envie d’avoir un gros orgasme. Je contrôle. Avec mon mari quand je sens que je vais en avoir un gros, parfois je contrôle parce que je n’ai pas envie de lui faire trop plaisir. Quand j’ai un gros orgasme il me dit « tu vois c’est bien… Pourquoi tu veux pas le faire plus souvent ? »… et ça m’énerve ! ».

Faire l’amour, une satisfaction narcissique ou une vraie sensation ?

Quelques jours après cette interview, Marie-Pierre m’envoyait un mail pour préciser deux trois détails: « Chère Catherine, après avoir un peu réfléchi sur les boulimiques et l’amour, je me suis dit qu’au « top » (si l’on peut dire ainsi) du symptôme, ne vivant que pour l’autre et par le regard de l’autre, faire l’amour était une satisfaction narcissique pour moi (ouf, je plais). Mais intérieurement on se dit qu’on ne mérite pas l’amour que l’autre nous donne. Donc je me tournais exclusivement vers le plaisir de l’autre, en essayant d’être « le meilleur coup », et en m’empêchant d’avoir du plaisir pour moi. Eh oui, sachant que je n’étais qu’une imposture, je m’interdisais d’en profiter pour me punir d’être aussi nulle « .

Voilà quelques interviews point de repère qui vous aideront à voir où vous en êtes vous-même de votre vie sexuelle et amoureuse. Les personnes interviewées, on le voit bien, présentent des points communs à relier avec le trouble de leur personnalité qu’elles ont aussi en commun: un côté très bébé avide de maternage plus que de sexualité. Heureusement, les nouvelles thérapies font grandir et les bébé deviennent femmes et hommes capables, tout comme Dominique dans l’extrait vidéo de ce mois, de vivre pleinement leur sexualité.

Catherine Hervais

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