Dur dur d’être une femme

Dur dur d’être une femme

Tant dans son milieu professionnel qu’amical, elle avait un franc succès et était de tous les bons plans, de toutes les fêtes, tant elle était agréable à fréquenter.

Tant dans son milieu professionnel qu’amical, elle avait un franc succès et était de tous les bons plans, de toutes les fêtes, tant elle était agréable à fréquenter. Pourtant à son grand désespoir, elle se plaignait que personne n’était jamais amoureux d’elle : systématiquement ses rencontres masculines n’aboutissaient pas. On ne la rappelait jamais, et quand la soirée se finissait, on lui préférait toujours l’une de ses amies.Pourquoi cette fille jolie, intelligente et drôle ne plaisait elle pas aux garçons ?

Elle était belle et drôle,
mais les garçons ne rappelaient pas

La thérapeute coinçait. Cette fille était charmante. Dans le groupe thérapeutique (composé essentiellement de femmes) tout le monde l’appréciait. Quand elle parlait elle était drôle, elle ne s’imposait pas, elle était à l’écoute des gens avec une vraie générosité. Tout le monde l’écoutait avec plaisir… .

La thérapeute étant une femme ne pouvait pas très bien comprendre ce qui manquait à Florence pour plaire aux hommes.Lacan, psychanalyste contemporain, disait que la femme n’existe pas. Et si la femme n’existait pas hors de l’univers masculin ? Et s’il manquait quelque chose à Florence pour que les hommes la reconnaisse comme  » objet  » sexuel ? Peut-être était-elle trop sûre d’elle, même si elle ne cherchait en rien à prendre le pouvoir. Peut-être était-elle trop cérébrale, et de ce fait, pas suffisamment sensuelle pour un regard masculin ?

La thérapeute, dans le doute, proposa à Florence d’explorer cette hypothèse. Elle l’invita à essayer de rester plus en retrait et, à l’avenir, à faire plutôt  » la blonde de service  » qu’à contribuer à mettre de l’ambiance dans les groupes de ses amis.

Elle prit le risque de ne plus chercher à plaire

Elle essaya. Plus en retrait, elle laissa s’installer les silences et ne laissa plus échapper de  » pirouettes  » pour faire un bon mot. Courageusement, prenant le risque de passer inaperçue, elle s’exerça à la sobriété.

« Je m’efforçais de ne plus rire et même de ne plus faire rire autant, je parlais peu, j’observais les autres. Cela changea totalement mes rapports avec les gens mais, curieusement, je le vivais bien.
Par contre, mes amis étaient déroutés. Ils me sollicitaient avec inquiétude, me demandant sans arrêt si j’allais bien. J’ai tenu bon. Souvent, je me disais : non Florence ! ne parles pas, tu n’as pas besoin de parler et je gardais pour moi les trucs drôles qui me venaient à l’esprit. »

Le résultat ne s’est pas fait attendre.

« Je me suis aperçue que je pouvais m’amuser avec les autres sans avoir besoin de les distraire. Je sens maintenant qu’on me regarda différemment, que je plais autrement. Et hier soir j’ai passé une soirée délicieuse. Je suis rentrée avec le garçon le plus sexy du groupe. Le matin, j’ai ouvert les yeux, je n’ai rien dit, j’ai juste souri. Il s’est levé en me disant : « attends, j’en ai pour une minute ». Il est revenu avec des croissants pour m’apporter le petit-déjeuner au lit ».

Catherine Hervais

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