Approches nutritionnelles

Le traitement nutritionnel

Les thérapies qui reposent sur le succès d’une approche nutritionnelle visent l’apprentissage d’un équilibre alimentaire dans le but de supprimer les crises de boulimie (et les vomissements, pour celles qui vomissent). Il faut tenir un carnet alimentaire et tout noter avec, en accompagnement, la prescription d’un «cadre alimentaire » par une diététicienne.

{xtypo_quote_right}Ça peut sauver la vie même si ça ne guérit pas de l’obession alimentaire{/xtypo_quote_right}Ces approches partent du principe qu’en rééquilibrant la personne sur le plan alimentaire, celle-ci se rééquilibre en même temps sur les plans métaboliques et électrolytiques. Selon les thérapeutes qui pratiquent cette approche Il devrait s’en suivre une amélioration non seulement sur les dysfonctionnements alimentaires mais aussi sur les troubles de la personnalité et sur les problèmes relationnels qui leurs sont liés.

Ce qui paraît logique ne donne souvent pas les résultats escomptés…

Les personnes boulimiques elles-mêmes sont souvent persuadées que c’est sur au niveau alimentaire que se joue leur problème et pensent que leur problème sera réglé si on les aide à restreindre leur alimentation. Puisqu’elles n’ont pas de volonté elles-mêmes dans la durée, elles pensent qu’avec un « coatch » médical elles peuvent peut-être réussir ce qu’elles échouent toute seule.  

En pratique, l’amélioration spectaculaire remarquée par les médecins en fin de traitement ne dure qu’un temps. Au début, on a tellement envie que ça marche, on se sent soutenu par un médecin ou une équipe médicale et on peut parfois réussir à ne pas avoir de boulimies pendant la période du contrat fixé avec le thérapeute.

Mais on s’apperçoit sur le long terme que l’approche nutritionnelle n’atteint pas ses objectifs et les boulimies ainsi que les obsessions sur la nourriture reviennent au galop plus ou moins vite et plus ou moins fort après le traitement. Désenchantée, avec le sentiment d’être encore plus nulle et plus seule qu’avant, la personne boulimique se confronte alors à un sentiment d’échec d’autant plus rude que, même avec un thérapeute, ça n’a pas marché !

.. le témoignage d’Annabel

(Extrait Les « toxicos de la bouffe » éd Payot)
« On distribuait d’abord des carnets alimentaires à tenir d’une semaine sur l’autre. Avec marqué: Lundi, p’tit déj … midi … soir… » « Mardi, p’tit déj … midi …soir… ». Alors tu mets « non », « oui », « oui »… A la fin tu as une petite colonne : « sentiments éprouvés avant, pendant, après la boulimie ».… Mais il fallait pas trop en mettre, c’était pas la plus grosse case.

Alors tu remplissais ton carnet d’une semaine sur l’autre et puis, toutes les six, on avait vingt minutes chacune. Oui, six fois deux douze… Deux heures… c’était à peu près ça. Vingt minutes chacune pour dire oui, non, non, oui, parce que, comment. S’il restait un peu de temps, on discutait un petit peu, genre :« Qu’est-ce que vous mangez ? Combien de fois par jour ? Combien de plaquettes de beurre ? Ça t’a coûté combien cette semaine, Annabel ? Ce que tu pourrais faire ? Sortir. Ou quand tu auras vraiment faim, téléphone à un copain, ou à la limite, tu peux partir de chez toi : si vraiment tu as faim, ça t’aidera. Et voilà, c’était ça….

J’ai recraqué après l’hôpital

« Quand je suis partie, au bout de six mois, ils m’ont dit que je n’étais pas complètement guérie, mais qu’il y avait une nette amélioration, qu’ils pensaient que j’étais tirée d’affaire, qu’il fallait que je continue. Résultat de fait : au mois de septembre, je suis partie en vacances, donc désoeuvrée du matin au soir, jje ne te dis pas ce que j’ai fait ! J’ai recommencé à bouffer matin midi et soir.»

On ne peut pas apprendre à une boulimique à manger raisonnablement, ou à éviter la boulimie en la remplaçant par un autre comportement, parce que la boulimie a une fonction importante: elle sert de refuge. Malgré ses côtés parfois dévastateurs, elle a un côté réparateur dont la personne a absolument besoin pour vivre : elle apaise, elle permet de se vider la tête, de lâcher prise.

Cela dit, un break santé peut être nécessaire

Les approches nutritionnelles peuvent néanmoins parfois indipensables pour aider les boulimiques très maigres à reprendre des forces, ou les boulimiques obèses à perdre du poids…

Elles peuvent également être utiles aux personnes boulimiques qui ont sombré dans un cycle infernal et passent leur temps à manger, vomir, pour remanger et revomir en boucle, toute la journée. Épuisées et totalement déprimées avec des désordres métaboliques et électrolytiques un contrôle alimentaire en clinique, assisté, peut être parfois plus que nécessaire.

Une pause dans un service hospitalier ou dans une structure qui les aide à tenir un régime, elles réussiront momentanément à arrêter les boulimies, se reposer, reprendre des forces et de repartir sur un rythme différent avec des crises moins importantes et plus espacées.

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Jean-Pierre Bernadaux, webmestre.

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