Boulimie, addiction : manque d’amour ?

Quand on a tout… sauf la chaleur

Dans bien des maisons, tout est en ordre. Le cartable est prêt. Les sports d’hiver sont réservés. Les étés à la mer sont planifiés. Un séjour en Angleterre « pour l’anglais ». Du soutien scolaire au moindre souci. Tout est là.

Mais quand l’enfant a peur, on répond par une consigne. Quand il pleure, on répond par un programme. Quand il a honte, on répond par un conseil.

Il y a de l’amour. Il n’y a pas toujours la douceur.

Pour un enfant, la douceur n’est pas un luxe, c’est un langage. Un regard qui s’arrête. Une voix qui descend d’un ton. Une main qui dit « je reste ». Avec ce langage, l’enfant se sent en sécurité. Il peut respirer.

Quand la douceur manque, l’enfant sait que ses parents veulent son bien. Mais il ne se sent pas « bien dedans ». Alors il se tient. Il devient efficace. Parfois brillant. Il se détend mal. Il dort en serrant les dents. Il se lève déjà en alerte.

Les premières années posent la base. Quand les réponses sont « assez bonnes », l’enfant grandit avec un appui intérieur. Quand elles sont surtout rapides et pratiques, il apprend à contrôler. Ou il cherche des solutions qui anesthésient. Ce ne sont pas des fautes. Ce sont des manières de survivre.

L’amour sans douceur (amour « froid »)

Camille a neuf ans. Piano, judo, bibliothèque bien remplie. Sa mère gère. Son père prévoit. Avant le piano, Camille a mal au ventre. On change l’horaire. On supprime le jus d’orange. Rien ne change.

En séance, Camille joue avec des marionnettes. La maman-marionnette dit : « Vite, on n’a pas le temps. » Puis Camille la fait s’asseoir et chuchote : « Maintenant, tu restes. » Ce qu’elle demande n’est pas un service de plus. Elle demande une manière d’être avec elle. De la douceur.

Aimer et rester inquiet : l’enfant qui absorbe l’angoisse (amour « chaud »)

Il existe une autre histoire. Les parents aiment. Ils câlinent. Ils parlent doucement. Mais l’angoisse habite la maison. L’argent manque parfois. La santé inquiète. Le travail est fragile. Parfois il y a un vieux traumatisme. L’air tremble.

L’enfant devient sentinelle. Il observe les visages. Il veut rassurer. Il veut alléger. Il comprend trop tôt. Il porte trop lourd.

À l’adolescence, tout bouge : le corps, l’école, les amitiés. La tension interne cherche un bouton « pause ». Chez certains, la boulimie arrive. Manger beaucoup, vite, parfois en cachette. Le temps d’un repas, le bruit se tait. Cela marche. Puis cela coûte.

Ce n’est pas un caprice. Ce n’est pas un manque de volonté. C’est un moyen trouvé par le corps pour calmer une alarme trop haute.

 

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L’adolescente « éponge » (amour chaud + angoisse)

Jeanne a quatorze ans. Elle mange à la cantine. Puis elle remange dans la cuisine. Ses parents sont tendres. Ils s’aiment. Mais le soir, sa mère parle d’« angoisse dans le ventre ». Son père vérifie trois fois les factures.

Jeanne ne comprend pas ses fringales. « On m’aime. Pourquoi je fais ça ? » En groupe thérapeutique, elle dit : « Quand maman soupire, j’ai envie de remplir. » Peu à peu, elle comprend. Elle porte leur peur. Manger coupe le son.

On ne lui parle pas de « volonté ». On lui parle de climat. On lui apprend des appuis simples : marcher dix minutes après un appel anxiogène, boire quelque chose de chaud, envoyer un message à une amie calme, demander à quelqu’un de rester en silence. Les crises s’espacent. Puis disparaissent. Jeanne garde un lien doux avec ses parents. Mais elle cesse d’être leur baromètre.

D’où vient la boulimie ? Le corps qui apaise par la nourriture

Parlons simple. Le corps a une alarme. Quand il croit qu’un danger approche, il se met en mode « urgence ». Le cœur bat plus vite, le ventre se serre, la tête s’emballe. Normalement, quand le danger passe, l’alarme redescend. Mais si l’on a grandi dans un climat tendu — trop peu de douceur, trop d’inquiétude dans l’air — l’alarme reste souvent trop haute.

La nourriture fait deux choses. D’abord, elle occupe. Mâcher, avaler, sentir du sucré, du gras, c’est comme baisser le volume d’une radio trop forte. Ensuite, elle envoie au cerveau un signal de « ça va aller » : le ventre se remplit, des messagers du plaisir s’allument brièvement. Quelques minutes, on se sent protégé. La crise n’est pas folle. Elle est logique. Elle est même intelligente : elle calme pour de vrai, mais trop vite et trop court.

Le problème, c’est l’après. La honte. La culpabilité. Le corps qui souffre. Alors on jure « plus jamais ». Et l’alarme remonte. Et la prochaine urgence cherche la même issue. C’est un cercle.

Sortir du cercle ne consiste pas à « avoir plus de volonté ». Sortir du cercle consiste à offrir au corps d’autres moyens d’éteindre l’alarme. De la présence. Du rythme. Des gestes qui disent : « Tu es en sécurité avec moi. »

Trois leviers faciles à comprendre

Rythme. Trois repas, une collation si besoin. Un corps rassasié supporte mieux l’angoisse.

Sécurité. Un regard qui reste, une voix qui se calme, un contact du bout des doigts.

Sensations. Bouger, marcher, respirer lentement, prendre chaud ou frais. Le corps entend cela plus vite qu’un discours.

 

Violence ordinaire et autorégulation

La violence ordinaire n’est pas spectaculaire. Elle se glisse dans nos journées : sarcasmes, soupirs, interruptions, « dépêche-toi », « tu exagères », « ce n’est pas si grave ». Ce n’est pas un crime, mais c’est coupant. Chez un enfant, cette pluie fine abîme la capacité à se calmer seul. À force de se tendre pour « tenir bon », le système d’alarme reste trop haut.

 

Que faire quand on en hérite, adulte ?

• Se parler sans se couper : « C’était dur pour moi aujourd’hui, je respire. »
• Installer des micro-pauses : quand la voix intérieure crie, poser la main sur la poitrine, trois souffles lents.
• Rencontrer des voix qui n’humilient pas : un groupe, un ami, un pro.
• Régler l’exposition aux contextes agressifs : moins d’écrans tardifs, moins de débats qui hurlent, plus de présence douce.

De l’enfant à l’adulte : ce que ça laisse

Beaucoup d’adultes qui ont grandi ainsi sont solides. On peut compter sur eux. Ils tiennent leurs promesses. Ils font bien les choses. Parfois, ils brillent.

Et pourtant :

• Ils ont du mal à « sentir » l’amour. Ils savent qu’on les aime. Ils voient les preuves. Mais la chaleur n’entre pas. Les compliments glissent.
• Ils se reposent difficilement. Ils préfèrent faire. Organiser. Aider. Cuisiner pour dix plutôt que parler.
• Ils sont durs avec eux-mêmes. La moindre erreur les fait paniquer. « Si je ne suis pas bien, on ne m’aimera plus. »
• Ils veulent la proximité, et elle leur fait peur. La tendresse les attire. Et elle les inquiète. Ils avancent. Ils reculent. Ils se vexent vite. Ils se referment vite.

Ce ne sont pas des défauts. Ce sont des traces. Elles peuvent s’adoucir.

 

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A-t-on le droit d’en vouloir à ses parents ?

Oui. La colère a un sens. Elle dit : « Quelque chose d’important n’a pas eu lieu. » Elle montre une frontière à protéger.

Mais être dur avec ses parents n’apaise pas. Punir ne guérit pas. Il y a une autre voie : dire les choses simplement. Régler la distance. Chercher la chaleur ailleurs quand elle manque ici.

Trois appuis concrets

• Dire les mots justes. À soi, parfois à eux : « Il y avait de l’amour. Et la douceur a manqué. » Ou : « Vous m’aimiez, mais votre angoisse m’a débordé. » Ce n’est ni un procès ni une excuse. C’est une description honnête.
• Régler la distance. Voir ses parents moins longtemps. Parler de sujets plus simples. Dire : « J’ai besoin d’une phrase chaleureuse, pas d’un conseil. » Ou décider de ne pas le demander là, et de le recevoir ailleurs.
• Multiplier les sources de chaleur. Ne pas tout attendre d’une seule relation. Chercher l’amitié qui écoute. Le couple qui reste. Le groupe qui accueille. La thérapie qui tient.

Les yeux qui ne réchauffaient pas (amour froid, boulimie, groupe)

Elle a longtemps pensé que sa mère ne l’aimait pas. Et sa mère semblait penser la même chose d’elle. Entre elles, l’amour n’arrivait pas à passer. La mère avait un regard clair, souvent froid. Comme si la lampe restait éteinte.

À l’adolescence, la boulimie est arrivée. Manger vite, beaucoup, pour calmer le tremblement intérieur. Puis la honte. Puis recommencer. Pendant des années, la fille s’est dit : « C’est à cause d’elle. Si elle m’avait aimée avec douceur, je n’en serais pas là. »

Pourtant, il y avait eu les sports d’hiver. Les vacances à la mer. Un séjour en Angleterre. Du soutien pour le bac, même après plusieurs échecs. Un jour, la mère s’est presque agenouillée : « S’il te plaît, repasse ton bac. Fais-le pour moi. » La fille n’a pas su y voir de l’amour. Elle n’a vu que la pression.

C’est un groupe de psychothérapie qui a changé l’histoire. Dans ce cercle, on ne juge pas. On reste. On respire ensemble. Elle y a appris à nommer ce qu’elle cherchait dans les crises : un baume. Un ralentissement. Un « reste avec moi ». La boulimie s’est espacée. Puis elle a cessé.

Elle n’en a plus voulu à sa mère. Elle a arrêté de se juger. Mais elle n’a jamais pu s’habituer à ce regard neutre et froid. Elle a compris : avec sa mère, la chaleur ne viendrait pas. Elle a cessé de la réclamer là.

Plus tard, la mère est devenue très âgée. Elle ne pouvait plus s’habiller seule. Ni aller chez le médecin. La fille s’est occupée d’elle. Gentiment. Sans agressivité. Sans impatience. Parfois, la mère demandait : « Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? » La fille répondait : « Parce que tu es ma mère. » La phrase faisait pont. Pas flamme.

Après la mort de sa mère, la fille a regardé une vieille photo. Dans les yeux, elle a vu la fatigue, la peine, l’histoire. La guerre. La fuite. Les scènes atroces. Elle a compris que sa mère avait rêvé d’un enfant joyeux. Mais qu’elle n’avait pas les ingrédients pour créer cette joie. Elle ne savait pas poser les gestes qui réchauffent.

Devant la photo, la fille a murmuré : « Maman, tu ne savais pas aimer. Je vais t’apprendre. Je vais t’en donner un peu, pour commencer. » C’était tard. C’était après. Mais c’était juste. La rencontre a eu lieu autrement. Dans la mémoire. Dans la douceur simple d’un nouveau regard.

Depuis, elle parle autrement. Elle ne dit plus : « Ma mère était froide », comme un verdict qui ferme. Elle dit : « Elle ne savait pas faire. Et moi, je n’entendais pas ce qu’elle essayait maladroitement de donner. » Elle sait maintenant que sa boulimie n’était pas une faute. C’était une tentative de se consoler quand personne ne savait rester près d’elle.

Le père anxieux et l’adulte sous contrôle

Bastien a grandi avec un père aimant et très inquiet. Tout était vérifié, anticipé, sécurisé. Bastien a appris à « ne pas faire de vagues ». À vingt ans, il ne mange jamais à sa faim en public, mais dévalise le frigo la nuit. « Je ne comprends pas, dit-il, je n’ai pas été maltraité. » En thérapie, il entend pour la première fois : « Vous avez porté l’angoisse de votre père. »

Au lieu de lutter contre lui-même, Bastien apprend à redescendre l’alarme : marcher après les réunions, prévenir un ami « j’ai besoin que tu restes au téléphone », garder deux soirs par semaine sans écrans. Les crises s’espacent. Surtout, Bastien ose dire à son père : « J’ai besoin que tu me fasses confiance sans vérifier. » Leur lien se simplifie. L’amour respire.

Fratrie : deux stratégies, une même alarme

Zoé et Maxime ont grandi dans la même maison. Parents généreux, mais tendus. Zoé s’est réfugiée dans la performance et la restriction : listes, régimes, planning. Maxime, lui, a connu des épisodes de boulimie. Deux routes différentes, un même message intérieur : « Tenez bon. »

En groupe, ils se reconnaissent. Zoé apprend à manger quand elle a faim, pas seulement quand « c’est l’heure ». Maxime apprend à demander de la présence, pas seulement de la nourriture. À la maison, ils créent un rituel de retrouvailles simple : dix minutes sans téléphone après le travail. Petit à petit, ils inventent une autre atmosphère pour la génération suivante.

Prévention et réparation en famille

Beaucoup de parents veulent faire mieux… sans savoir par où commencer. Voici des pistes très concrètes, à taille humaine.

Rituel « je te retrouve »
Chaque soir, cinq à dix minutes sans écrans pour simplement se retrouver. Une boisson, un canapé, une marche courte. On se pose et on dit : « Contente de te voir », « Raconte-moi une petite chose de ta journée ». Pas d’enquête, pas de conseils, pas de jugement. Juste être là.

Paroles qui réchauffent
À la place de « ce n’est pas grave », essayer « je comprends, ça te fait mal ». À la place de « tu exagères », essayer « ça t’a beaucoup touché ». À la place de « tu dois », essayer « de quoi tu aurais besoin pour avancer ? »

Cadre doux
Dire non parfois, mais en restant présent. « Non pour l’écran, oui pour un jeu ensemble », « Non pour maintenant, oui pour après le dîner ». La douceur ne supprime pas le cadre, elle l’humanise.

Réparation simple
Quand on s’est emporté : « J’ai parlé trop fort. Je suis là. On recommence. » Les enfants n’attendent pas des parents parfaits. Ils attendent des parents qui reviennent.

Confidences ajustées
Si l’on est très inquiet (argent, santé, travail), choisir un adulte pour se confier. Épargner l’enfant des détails lourds. On peut dire la vérité, mais avec une dose qui ne lui fait pas porter le poids.

Dialogues types
Enfant : « J’ai raté. »
Parent : « Tu es déçu. Tu veux que je t’écoute encore, ou qu’on réfléchisse ensemble ? »
Enfant : « J’ai peur pour demain. »
Parent : « Viens, on s’assoit. Tu préfères que je te parle, ou que je reste silencieux près de toi ? »

Mythes et idées reçues sur la boulimie (et réponses simples)

1) « La boulimie, c’est un manque de volonté. » Non. C’est une réponse du corps à une alarme trop forte, apaisée trop vite par la nourriture.
2) « Ceux qui ont tout n’ont aucune raison d’être boulimiques. » Faux. On peut manquer de douceur ou porter l’angoisse des autres en silence.
3) « Arrêter d’un coup, c’est la preuve qu’on est guéri. » Parfois ça arrive, mais la plupart du temps on apprend à ralentir et à demander de l’aide.
4) « Parler de ses crises les aggrave. » Non, si l’on en parle dans un lieu sûr. Les mots rangent ce que la honte déforme.
5) « Il faut enlever tous les aliments ‘à risque’. » Cela aide parfois au début, mais la réparation durable passe par d’autres appuis que l’interdit.
6) « C’est pour attirer l’attention. » Non. C’est pour faire taire une sirène intérieure.
7) « Les parents sont coupables. » Personne ne gagne à ce tribunal. Mieux vaut comprendre le climat et chercher des gestes nouveaux.
8) « On n’en sort jamais vraiment. » Beaucoup en sortent. Avec du temps, des rencontres et de la patience envers soi.

Être parent quand on n’a pas reçu de douceur

Devenir parent réveille les mémoires. On a peur de faire pareil. La bonne nouvelle : il n’y a pas besoin d’être parfait. Être « assez bon » suffit. Être présent, la plupart du temps. Réparer quand on rate. Faire passer l’émotion avant le programme.

Pistes simples

• Moins d’ordres. Plus d’explications brèves.
• Mettre des mots simples sur les émotions. « Tu es frustré. » « Tu es vexée. » « Tu es fatigué. »
• Installer des rituels de retrouvailles.
• Demander de l’aide quand la fatigue ferme la porte à la tendresse.

FAQ — Questions fréquentes

Si je n’ai pas reçu de douceur, suis-je condamné à ne jamais en donner ?
Non. Vous avez moins de modèles. Mais le corps apprend tard. On peut devenir la personne la plus douce de sa lignée, justement parce qu’on sait ce que ça coûte d’en manquer.

Est-ce trahir mes parents que d’aller chercher ailleurs ce qu’ils n’ont pas su me donner ?
Non. C’est honorer la vie qu’ils vous ont transmise. Recevoir de la chaleur aujourd’hui, c’est la faire circuler.

Dois-je tout leur dire ?
Pas forcément. La « vérité totale » sert parfois à les changer. On peut parler moins. Et mieux. Ou ne pas parler de tout, en gardant quand même des choses belles : l’humour, le savoir-faire, la fidélité.

Est-ce normal d’être désagréable avec eux ?
C’est compréhensible. Mais cela n’apaise pas. La colère peut poser des limites ; la dureté ajoute du froid au froid. Cherchez des lieux où votre colère peut être entendue sans dégâts, puis bâtissez une relation à la bonne taille.

Et la boulimie, concrètement, comment s’en sortir ?
On ne retire pas une béquille sans donner un appui. Il faut remplacer la fonction de la crise : présence, gestes, rituels. En groupe. En thérapie. Par des rencontres stables. Et si les crises sont fréquentes ou dangereuses, parlez-en à un professionnel : des soins adaptés existent.

Glossaire simple

Amour sans douceur
Amour réel mais exprimé surtout par des actes pratiques, sans chaleur sensible. L’enfant voit des preuves mais ne « sent » pas.

Enfant sentinelle
Enfant qui absorbe l’angoisse familiale, anticipe, rassure, écoute trop et trop tôt. Il manque d’insouciance.

Douceur
Présence calme, gestes ajustés, voix qui baisse, regard qui reste. Ce n’est pas la mollesse : c’est une force qui protège sans humilier.

Alarme
Système corporel qui s’active face au danger. Quand il reste trop haut, la boulimie peut servir de bouton « pause » provisoire.

Réparation
Geste simple qui vient après un raté : « Pardon, je reviens », « Je t’ai entendu », « On reprend ». Elle vaut plus qu’un perfectionnisme impossible.

Restriction
Tendance à se priver, à contrôler fortement l’alimentation. Souvent, elle précède ou suit des crises.

Compulsion
Élan difficile à retenir vers un comportement (manger beaucoup, vite). Il apaise d’abord, puis fait souffrir.

Co-régulation
Capacité d’apaiser son système d’alarme grâce à la présence calme d’un autre.

Attachement
Lien affectif de base qui sécurise (ou non) nos manières d’être avec les autres.

Somatisation
Quand le corps parle à la place des mots (maux de ventre, migraines, tensions).

Itinéraire de soin possible (rappel bref)

Premier appui : le médecin généraliste pour un point santé et des relais.

Ensuite : une psychothérapie (individuelle et/ou de groupe), un accompagnement nutritionnel non punitif, un suivi psychiatrique si nécessaire.

Objectif : diminuer la fréquence et l’intensité des crises, augmenter les moments de présence douce, réparer les liens utiles.

Conclusion

Un parent qui aime sans douceur aime-t-il vraiment ? Souvent, oui. Il aime avec ses mains. Avec sa vigilance. Avec sa peur de mal faire. Mais sans douceur, l’amour devient difficile à sentir pour l’enfant. Et parfois, l’amour et la douceur sont là… mais l’angoisse parentale déborde. L’enfant devient sentinelle. Il porte trop.

Rien n’est figé. On peut apprendre la langue de la douceur plus tard. Dans un groupe qui attend. Dans une thérapie qui reste. Dans une amitié qui s’assoit. Dans un couple qui prend le temps. Au travail, quand quelqu’un pose la main au lieu de la règle.

Si vous avez reçu « tout » sauf la chaleur, vous n’êtes pas un imposteur. Vous êtes quelqu’un qui a eu froid dans une maison bien tenue. Ou quelqu’un qui a porté trop d’angoisse pour son âge. Cherchez les petites lampes. Demandez des gestes simples. Donnez-vous la permission de ne rien prouver quelques minutes. Et souvenez-vous : beaucoup de parents n’ont pas su être doux parce qu’on ne l’a pas été avec eux, ou parce qu’ils tremblaient déjà. Vous pouvez commencer autre chose. Avec vos enfants. Avec vos proches. Avec vous-même.

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