Boulimie et hypnose 

Je me souviens d’une histoire concernant l’hypnose avec une  femme qui m’appelle pour faire de l’hypnose et connaître mes tarifs.   Elle voulait savoir combien coûte une consultation. 

Je lui réponds et je lui demande comment elle a eu mes coordonnées. Par son psychiatre comportementaliste, me dit-elle, qui lui a parlé de l’hypnose ericksonienne en lui disant que c’est un bon complément pour le travail qu’ils font ensemble.

Elle a donc téléphoné à l’Institut Milton Erickson qui lui a envoyé la liste des hypnothérapeutes, elle m’appelle en premier parce qu’elle a lu sur la liste que j’étais spécialisée dans la boulimie

— Quel travail faites-vous avec votre comportementaliste ? je demande. Elle me répond qu’elle fait un travail sur ses comportements alimentaires.

Me mêlant de ce qui ne me regarde pas – parce qu’après tout elle ne me demande pas de conseil – mais sachant qu’elle perd son temps à travailler sur le comportement alimentaire, je lui suggère, dans son intérêt, de demander à son psychiatre comportementaliste d’axer le travail thérapeutique sur ses comportements relationnels et non sur ses comportements alimentaires.

Elle ne semble pas intéressée par ce que je lui dis.  Elle veut essayer de comprendre son enfance avec l’hypnose. Je lui explique que les psychothérapeutes bien formés n’utilisent plus l’hypnose pour aider leurs patients à comprendre leur enfance, comme le faisait Freud jadis avant d’avoir inventé la psychanalyse, mais pour apprendre à se sentir exister dans le présent. L’hypnose a le pouvoir d’aider les gens à faire un pas de côté et même si elle ne guérit pas de la boulimie, elle aide les gens à s’apaiser, à ressentir leur corps ce qui est déjà un grand pas pour une personne boulimique qui ne sent son corps qu’en mangeant.

Elle veut comprendre son enfance

Je lui explique que chez les boulimiques particulièrement, mais c’est vrai aussi pour les autres personnes,  il n’y a rien à comprendre de l’enfance. Même si l’enfance a été difficile – ce qui n’est pas toujours le cas – la boulimie remonte à la période de l’allaitement où un stress s’est installé pour l’enfant au moment où il est entré en contact avec son environnement immédiat (la mère ou la personne nourricière).Boris Cyrulnik, le neuropsychiatre l’explique très bien dans ses interview YouTube de 2023 où il abandonne son concept de résidence pour insister sur l’importance des 1000 premiers jours de la vie. Si les parents sont sous pression, stressés par leur vie, leurs problème, l’enfant absorbe tous les neuromédiateurs de stress ce qui aura une influence sur son développement affectif et relationnel plus tard. 

Néanmoins, si l’hypnose n’est pas utilisée pour comprendre par les psychothérapeutes bien formés, elle est tout à fait indiquée pour apprendre à se vider la tête et à se relaxer. Les personnes boulimiques sont tendues en permanence par toutes sortes de peurs archaïques (des peurs de bébé) et de pensées négatives. Elles ne connaissent pas le lâcher-prise. Complétée par un travail sur les automatismes relationnels dus aux troubles de la personnalité, l’hypnose permet d’apprendre à  » zapper  » le négatif répétitif et à  » flexibiliser  » le mental pour aborder la vie avec plus de calme et de recul.

– Oui, bon, me dit-elle agacée, moi j’ai besoin de comprendre mon enfance pour pouvoir m’en sortir.
– Et si vous vous trompiez ? dis-je ? Elle s’impatiente et conclut :  » bon, ok, merci  » et raccroche avant moi.

Je repose le téléphone en regrettant pour elle qu’elle ne soit pas encore prête à entendre comment pouvait être employée l’hypnose ne serait-ce que pour l’apaiser au point de la rendre apte à écouter l’autre sans s’agacer. 

Dans sa quête de compréhension elle exprime un désir profond de comprendre les racines de son enfance à travers l’hypnose. Elle n’est pas prête à entendre que comprendre le passé ne sert pas à grand chose. Le changement ne passe pas par l’intellect mais par la capacité à ‘apprendre à vivre l’instant présent, à se relaxer dans le but de se  défaire de pensées limitantes. 

Souvent les gens se font une fausse idée de l’hypnose, pensant que l’on peut retrouver des souvenirs.

L’Hypnose pour la Boulimie et principalement l’hypnose ericksonienne offre une voie prometteuse pour ceux qui cherchent d’autres ressources d’apaisement que l’addiction. On n’apprend rien sur son passé mais elle aide à s’entraîner à mieux  vivre le présent. Combinée à un travail sur les automatismes relationnels, elle peut être un complément puissant à la thérapie relationnelle, qui permet de se trouver enfin vraiment soi sans jouer un rôle, en communiquant authentiquement et sereinement avec les autres.

 

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