Les deux façons de combattre la boulimie

Les deux façons de combattre la boulimie

Il y a deux façons de concevoir le traitement de la boulimie.

Il y a deux façons de concevoir le traitement de la boulimie. La première façon, la plus répandue, et probablement aussi la moins efficace, s’appuie sur la bonne volonté de la personne boulimique à qui l’on demande d’apprendre à réguler ses repas et à lutter contre ses pulsions et ses vomissements (si elle est vomisseuse).

La seconde qui n’est en général pas proposée pour la boulimie, tout en étant néanmoins probablement la seule à donner des résultats définitifs,
ne traite pas le SYMPTÔME BOULIMIE mais la PERSONNE ADDICTIVE. Quand les troubles de personnalité de la personne addictive sont traités, obsessions sur la bouffe, boulimies et vomissements disparaissent définitivement. « Choisis ton camps, camarade « , dirait Coluche.

La thérapie la plus proposée n’est pas la plus efficace

Commençons par le traitement le plus répandu (et de notre point de vue le moins approprié) tel qu’il est utilisé dans le protocole médical traditionnel pour le traitement de la boulimie. Santé Magazine en a fait un dossier spécial ce mois-ci. Ce traitement s’appuie sur la « bonne volonté » de la personne boulimique, et sur l’idée qu’on peut apprendre à manger autrement. « Au niveau comportemental », explique le docteur P. interviewé dans le magazine, « on va rompre le cercle vicieux, combattre le vomissement et retourner à une alimentation normale. Au niveau « cognitif », on va aider la patiente à faire table rase des idées fausses sur les féculents ou les mauvaises graisses ». Dans cette approche, on recommande la tenue quotidienne d’un carnet sur lequel sont notés tous les aliments consommés, les comportements de « compensation » et les émotions du moment. Lutter contre les vomissements est une priorité, précise le docteur P., puisque, dit-il, ils entretiennent le cercle vicieux des crises  » (Santé Magazine avril 2003, page 154). Par expérience, je reste réservée sur ce point de vue : les vomissements n’entretiennent pas le cercle vicieux. Il suffit d’écouter celles qui ne vomissent pas pour s’en rendre compte. Par contre, ils évitent l’obésité, et sans trop de risques si la personne vomisseuse se fait suivre de très près et régulièrement par un médecin informé du comportement vomisseur et prêt à remédier à un risque de carence. (Il y a des médecins qui l’ont compris et acceptent de suivre des boulimiques vomisseuses pour qu’elles restent en bonne santé malgré les vomissements, dans la mesure où elle n’ont pas un sous-poids dangereux, jusqu’à ce qu’elles évoluent grâce à la thérapie, et par voie de conséquence, soient débarrassée des boulimies.

La personne boulimique ne peut pas s’abstenir longtemps d’avoir des pulsions, ou alors en faisant d’immenses efforts provoquant une énorme frustration et des obsessions qui gâchent la vie de l’abstinente pratiquement autant que la boulimie elle-même. Les boulimiques n’ont pas un problème de volonté, elles en ont parfois beaucoup pour des tas d’autres choses, mais elles ont un problème d’identité qui crée des angoisses, lesquelles ont besoin des boulimies pour s’apaiser ).

Le traitement de la personne

Plutôt que de combattre les crises de boulimie et le vomissement, cette seconde approche propose aux boulimiques vomisseuses une thérapie centrée sur la personne qui laisse complètement de côté leur comportement alimentaire. Dans ce site, vous l’aurez compris, nous défendons surtout une approche qui travaille sur la personnalité, pas sur le symptôme.
En d’autres termes, nous vous engageons à chercher plutôt un psychothérapeute qui ne combat pas la boulimie, ni même les vomissements de front (ou les régimes yo-yo, pour celles qi ne vomissent pas). Si vous avez un dangereux sous poids ou un insupportable surpoids, prenez un médecin nutritionniste, voire un psychologue comportementaliste en plus de votre psychothérapeute.Souvenez-vous du psychanalyste que Marie Cardinal (Des Mots pour le Dire) était allée voir parce qu’elle avait des hémorragies vaginales : il lui avait dit dès la première séance qu’il ne voulait plus entendre parler des hémorragies

Trouvez vous un psychothérapeute avec qui vous ne parlerez pas de votre comportement avec la nourriture, mais uniquement de votre vie émotionnelle. Avez-vous remarqué combien les personnes qui boivent ou se droguent sont parfois » paranos », violentes ou évitantes, en manque permanent de calme et de satiété ?

Vous êtes vous aussi des « écorchées vives » sur le plan émotionnel, tout comme la majorité des personnes qui ont un problème d’addiction. Vous avez, en majorité, tendance à ne pas entendre l’autre tel qu’il est mais à l’entendre tel que vous avez besoin qu’il soit. Et vous vous sentez impuissant(e)s, seul(e)s, isolé(e)s en raison du non contact presque permanent que vous entretenez inconsciemment avec les autres. Encore une fois, je ne parle pas des relations sociales qui sont parfois très réussies, mais du relationnel affectif. C’est de ce non contact dont vous avez surtout besoin de guérir, à la suite de quoi vos angoisses et vos boulimies disparaîtront (ainsi, bien sûr que les vomissements).

Quelles psychothérapies ?

Rien ne vaut les groupes intensifs pour les personnes qui ont un problème d’addiction. Mais si vous n’en n’avez pas dans votre ville, voici, en résumé, les psychothérapies auxquelles vous pouvez vous adresser pour travailler sur vous et non sur votre symptômes. (Ces thérapies sont détaillées dans la rubrique thérapies de ce site) .

La psychothérapie cognitivo-comportementale est une méthode très concrète, très pragmatique et très efficace à condition qu’elle soit employée, non dans un approche du comportement alimentaire mais dans une approche des troubles de la personnalité. Par exemple, lorsque les thérapeutes cognitivistes travaillent sur les troubles de la personnalité et particulièrement sur les troubles de la personnalité borderline, ils entrent dans la relation avec authenticité et transparence pour réussir à établir un langage avec des gens qui ont beaucoup de mal avec leurs émotions, principalement quand l’affectif est en jeu (Nollet et Debray : Les Personnalités Pathologiques (Masson).

La psychothérapie existentielle (gestalt, analyse transactionnelle, thérapie familiale, thérapie ericksonienne, avec ou sans hypnose formelle, etc.) engage le sujet à visiter toute l’étendue de ses blessures et s’appuie sur ce qui fait de chacun une personne. Elle englobe souvent une approche corporelle, ou simplement verbale, ou artistique. Elle utilise parfois les techniques du théâtre (jeux de rôles) pour mettre sa vie en scène afin de restaurer et de valoriser sa capacité à mieux ressentir les choses, à les exprimer, à prendre des décisions en fonction de ce que l’on ressent au plus profond de soi-même dans le but de changer le cours de son histoire.

La psychanalyse, on le sait, fonctionne en principe sur la neutralité du thérapeute. C’est à la manière dont l’analysant entre en relation avec l’analyste qu’il se révèle à l’autre et surtout à lui-même. Mais bien que très subtile pour ce qui est de comprendre le passé d’une personne, elle ne l’aide pas assez rapidement à trouver les clefs qui lui sont nécessaire pour mieux vivre dans le présent.

Traitement de la boulimie: en conclusion

Que vous choisissiez un psychanalyste, un cognitiviste, un thérapeute existentiel, que vous choisissiez une thérapie individuelle ou de groupe, je vous recommande de vous responsabiliser dans la compréhension de votre problème et de traiter le fond et non la forme de votre problème (même si c’est la forme qui vous fait en apparence le plus souffrir. Si vous n’avez pas une maigreur qui vous mette en danger, ne travaillez pas avec un psychothérapeute qui chercherait à vous aider à contrôler votre poids et « à faire table rase des idées fausses sur les féculents et les mauvaises graisses ». Partez à la recherche de vous-même, sous surveillance médicale par ailleurs, dans un travail ou vous apprendrez à vous connaître et à vous affirmer tel que vous êtes, sans violence, dans le respect de votre identité et de celle des autres.
Et si, pour votre survie, vous avez besoin d’un traitement pour votre comportement alimentaire, faites-le avec un médecin très à l’écoute, mais jamais avec votre psychothérapeute.

Catherine Hervais

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