S’en sortir

S’en sortir

Ce mois-ci l’édito c’est l’interview de Rosemarie. Depuis quatre ans Rosemarie n’a plus de boulimies. Sa vie est équilibrée, sereine.

Ce mois-ci l’édito c’est l’interview de Rosemarie. Depuis quatre ans Rosemarie n’a plus de boulimies. Sa vie est équilibrée, sereine. Vous pouvez également l’écouter et la voir dans la rubrique des personnes qui s’en sont sorties de ce site (chaque mois vous pouvez voir un témoignage différent). Nous avons craqué sur ce qu’elle dit parce que ses réponses illustrent le message de boulimie.fr :

la boulimie n’est pas un problème de nutrition mais de personnalité. Un bon travail sur ses problèmes d’identité actuels et la boulimie disparaît sans effort de volonté.

{xtypo_quote_right} »Avec mon petit frère j’étais très cheftaine. Avec mon frère aîné, on se battait au poing jusqu’à 16 ou 17 ans. Avec ma mère c’était très conflictuel » dit Rosemarie qui associe dans son interview boulimie et violence.{/xtypo_quote_right}Boulimie.fr:Tu étais très très boulimique?

« Je faisais deux à trois crises par jour »

Rosemarie: Moi je faisais deux à trois crises par jour. Pendant un an je me suis fait vomir puis je me suis punie, je suis devenue très grosse. Je faisais aussi des crises sur des choses que je n’aimais pas.

Boulimie.fr:Trois crises par jour… des grosses grosses ?

 

Rosemarie: Au moins une grosse. Je bossais dans la communication à l’époque, j’étais en représentation tout le temps et c’était compliqué à gérer. Mais au moins une grosse, oui.
B: C’était quoi une grosse pour nous donner une idée ?
R: Un caddy de supermarché.
B: Tu n’es plus boulimique ?

« C’est mon caractère qui a changé »

R: Je ne fais plus d’énormes boulimies. Il peut m’arriver d’avoir des façons de manger complusives, mais pas du tout sur des volumes comme avant, ça n’a rien à voir. Et puis c’est plus mon caractère qui a changé. Je ne me sens plus boulimique. Je n’ai plus de violence, je n’ai plus de colère contre les autres, je suis responsable de ma vie : je suis responsable quand je vais bien ou pas bien et je sais ce qu’il faut que je fasse pour aller bien ou pas bien. C’est la grande différence avec avant où je pensais que c’était la faute de toute le monde, de ma famille, de la société etc. Je n’ai plus de colère. Je suis responsable de mon destin.
B: Depuis combien de temps n’as-tu plus de grosses boulimies comme avant ?
R: Depuis quatre ans.
B: Tu as fait une thérapie ?

La thérapie a duré un an et demi

R: Oui, elle a duré un an et demi.
B: Qu’est-ce que tu as découvert avec cette thérapie ?
R:Que j’étais aimable, ce dont je n’avais pas conscience. Aimable sans rien faire. Moi je souriais tout le temps, c’était pire que faire la gueule, j’avais toujours un masque et ça me coupait des autres complètement. J’arrivais pas à être moi-même, à être sobre dans la relation à l’autre. En thérapie j’ai appris à être simplement là et que je n’avais pas besoin d’en faire des tonnes pour qu’on m’aime bien.
B: Quelle genre de thérapie as-tu faite ?
R: Les boulimiques anonymes : ça ne m’a pas convenu parce que j’étais une vraie éponge et que je prenais toute la douleur des autres. Par contre ça m’a quand même permis de mettre un nom sur ce qui m’arrivait et de voir que je n’étais pas toute seule. Et puis j’ai essayé de l’hypnose, mais c’était de la suggestion : il faut pas manger ci, il ne faut pas manger ça… Ça c’était catastrophique. Et puis je suis allée voir un psychiatre qui m’avait proposé des médicaments que je n’ai pas pris.

Le groupe, un laboratoire.

B: Quelle genre de thérapie t’a permis de devenir toi-même ?
R: Une thérapie de groupe. En fait c’était comme un micro-monde dans lequel je pouvais expérimenter des choses. Parfois me prendre des claques ou pas, recevoir beaucoup d’amour et de reconnaissance parce que je pense que j’en avais besoin. Une fois que j’ai expérimenté ces choses là dans le groupe, j’ai pu les mettre en pratique dehors. Et aujourd’hui, c’est moi qui entre dans la relation d’aide. C’est un bonheur de pouvoir à mon tour aider les autres et leur faire partager la beauté de la vie.
B: Est-ce que vis à vis de tes proches il y a une différence entre comment tu étais quand tu étais boulimique et maintenant comment tu es ?

R: Oui, ça les repose. Avec mon frère aîné, on se battait au poing jusqu’à 16 ou 17 ans. Après c’est resté extrêmement violent, même si on ne se battait plus. Le premier truc que j’ai appris en thérapie, c’est que lui n’avait pas besoin de moi, moi je n’avais pas besoin de lui. On avait des échanges polis pendant plusieurs années : « comment ça va ? » « et toi ? »…

« J’ai été attentive à ne pas lui faire la leçon »

Et puis un jour il a eu un gros pépin dans sa vie, un divorce, c’était très difficile et j’étais la seule personne à ne pas lui avoir dit dans son entourage : « je le savais » et à ne pas lui donner de leçons. Juste à être là. Et ça a basculé – alors que je n’attendais plus rien du tout de notre relation. Là c’est l’exemple le plus flagrant, mais avec mon petit frère j’étais très cheftaine, avec ma mère c’était très conflictuel et maintenant ça se passe dans la douceur. Quand ils essayent de m’envahir – moi j’ai fait un travail sur moi, eux pas – j’essaie de mettre la bonne distance, j’attends que la tempête soit passée et je reviens quand ça va. Et du coup on a des relations qui sont chouettes.
B: Quel est le message que tu as envie de donner aux gens qui viennent sur boulimie.fr et qui pensent qu’ils ne s’en sortiront jamais.
R: J’ai envie de leur dire qu’il faut chercher, pour s’en sortir. Parce que quand on cherche, on trouve.

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