Reportage boulimie : L'après boulimie
Avant de vous proposer notre reportage sur la boulimie nous vous invitons à regarder la vidéo du témoignage de cette jeune femme qui s'en est sortie.
Reportage boulimie
Reportage boulimie : Témoignages récents
Des témoignages qui aident à comprendre la philosophie d’un travail à faire quand on est boulimique anorexique, que l’on fasse de l’individuel ou du groupe.
Il y a vingt ans j’avais fait un documentaire pour montrer la souffrance intérieure des personnes boulimiques, souffrance qui passe souvent inaperçue aux yeux des autres et même des très proches (Le documentaire Boulimie et Thérapie ).
Aujourd’hui ce document est plus centré sur l’action à faire pour s’en sortir.
On ne peut vraiment bien parler de la boulimie que lorsqu’on en est sorti, parce que l’on ose enfin en parler sans honte mais aussi parce qu’on se rend mieux compte après coup des difficultés mentales dans lesquelles on était enfermé. Dans cette rubrique, elles parlent de leur changement par rapport à la nourriture, par rapport à elles-mêmes et par rapport aux autres. Et cerise sur le gâteau, même la vie sexuelle parfois se réveille.
Reportage boulimie
Reportage boulimie : apparus quand les médias ont commencé à parler de la boulimie
Les reportages sur la boulimie sont apparus il y a quarante ans quand les médias ont commencé à parler du problème. Avant on ne connaissait que la pathologie de l’anorexie ou de l’obésité. Le traitement se limitait à aider les obèses à maigrir et forcer les anorexiques à manger. Il faut dire que quelque fois les situations étaient tellement critiques et douloureuses pour les gens que les médecins n’avaient pas le choix, pour leur santé, que de supprimer le trouble du comportement alimentaire, parfois pour une question de vie ou de mort, parfois pour une question d’immense souffrance.
Un reportage sur la boulimie a néanmoins vu le jour en France (je ne sais pas pour les autres pays) lorsqu’un cinéaste, connaissant Catherine Hervais qui faisait déjà des groupes pour des personnes boulimiques anorexiques, décida de faire un reportage sur cette étrange pathologie. Il était intrigué de découvrir que des personnes pouvaient être obsédées par le besoin constant de manger, se jeter sur d’énormes quantités de nourriture, et en même temps avoir un physique mince, soigné et parfois magnifique.
Son reportage est passé à la télévision, qui à l’époque avait moins de chaînes qu’aujourd’hui. Il s’appelait « Moi Je ». On y voyait une jeune femme mince, belle, intelligente, expliquer qu’elle ne pouvait pas faire autrement que manger et qu’elle se faisait vomir après avoir mangé pour ne pas devenir obèse.
Dans ce reportage sur la boulimie, on la voyait faire une crise de boulimie et, de dos, vomir dans la cuvette des wc.
Depuis ce premier reportage sur la boulimie il y en a eu beaucoup d’autres, souvent faits avec des personnes qui étaient en milieu hospitalier. Mais on ne montrait ces personnes que face à leur symptôme alimentaire et elles ne parlaient que de leur difficulté avec la nourriture.
En réalité le problème de fond se situant ailleurs que dans la nourriture, la nourriture n’étant que le symptôme de surface, Catherine Hervais proposa à ceux de ses participants de groupes d’expliquer le trouble identitaire et émotionnel qui, selon leur découverte dans les groupes de thérapie, était à l’origine du trouble alimentaire. Ils avaient hâte de parler parce qu’ils se sentaient incompris de leur entourage et même du monde médical. C’est ainsi que TF1 consacra un reportage à l’interview des personnes qui participaient à une psychothérpie de groupe et qui se rendaient compte que l’origine de leur problème était leur personnalité, et non la nourriture.
Un autre reportage sur la boulimie a également été réalisé par Catherine Hervais dans les années 1995 et on peut le trouver sur youtube sous le titre « Boulimie et Thérapie ».
D’autres reportages sur la boulimie, initiés par Catherine Hervais, ont suivi jusqu’à aujourd’hui, reportages que l’on peut voir sur sa chaîne youtube dans lesquels sont interviewés des personnes qui ne sont plus boulimiques et qui expliquent ce qu’elles ont traversé et comment elles ont réussi à ne plus souffrir de cette addiction, sans effort de volonté concernant le trouble alimentaire, mais en restaurant leur trouble de personnalité.
En 1997, j’ai voulu faire un documentaire avec des personnes qui n’étaient plus boulimiques grâce à une approche psy en groupe centrée sur les problèmes d’identité et relationnels. Dans la 1ére partie, grosse émotion en évoquant leur passé de boulimique. Dans la 2è partie, sourires joyeux d’en être sorties.
Reportage boulimie
Reportage boulimie : extrait du reportage de 1997
Les témoignages sont tous différents et si semblables en même temps. La veille du tournage, ne sachant pas comment nous allions commencer, j’avais demandé à toutes les personnes qui souhaitaient venir faire ce tournage avec moi de faire une lettre pour décrire leur vie d'avant, lorsqu'elles étaient encore obsédées par la nourriture.
Chacune a lu sa lettre, les larmes aux yeux, tant émotion était grande. Ces lettres sont toutes magnifiques.
J’ai juste choisi ici de retranscrire l'une d'elle, celle de Marie.
Il me semble que dans cette lettre Marie décrit le vécu intérieur de ce que ressentent la majorité des femmes qui ont une addiction alimentaire.
« Boulimie quand tu nous tiens. Certains diront « c'est beau d'avoir 20 ans ». Pour ma part, à 20 ans, plus rien n'a compté que manger. Quand j'ai commencé à devenir boulimique, je ne me suis pas demandée pourquoi ni comment cela avait pu m'arriver ? D'ailleurs ce que je vivais n'avait pas de nom. C'était un réflexe de survie pour continuer à vivre cette vie ou tout prenait en même temps un sens et son contraire. Être aimé et ne pas se sentir aimé. Vouloir dire non et s'entendre dire oui à la place. Ne pas avoir envie mais le faire quand même. Marcher et se sentir paralysé. Respirer et s'asphyxier en même temps. Apprendre et oublier dans le même instant… Je me sentais si mal, si bonne à rien, si inutile, face à ces contradictions perpétuelles, comme si j'étais en permanence à côté de la vie, sans pouvoir jamais y prendre ma place. Que faire face à ce vide d'existence ? Se remplir vite et bien, je dirai, engloutir des monceaux de nourriture, tout ce qui me tombait sous la main, qui me donner instantanément la sensation d'être simplement vivante par le simple fait de la saveur des aliments qu'on avale encore et encore sans fin et sans faim. Surtout ne plus s'arrêter pour rester en vie un petit moment de plus. Boulimie tu me tiens, ne me quittes plus. Sans toi c'est la mort, avec toi c'est l'enfer. De la mort, de l'enfer, mon choix est fait. Je veux vivre en enfer. »
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