Combattre la boulimie nocturne
Auteure de l'article : Catherine Hervais,
psychologue spécialisée dans l'addiction alimentaire
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Combattre la boulimie nocturne n'est pas facile surtout pour ceux qui se réveillent la nuit et qui se retrouvent à faire une boulimie sans s'en rendre compte vraiment. Ni pour les gens qui continuent à manger après le repas du soir pour y passer quasiment toute la nuit. C'est pourtant possible avec une approche thérapeutique, de préférence en groupe, ciblée sur le problème d'identité responsable de leur addiction.
Combattre la boulimie nocturne
Boulimie nocturne : Témoignages de personnes qui s'en sont sorties
1 - La boulimie nocturne disparaît avec un psychothérapie ciblée sur le trouble de l'identité
2 - La guérison de la boulimie nocturne apparaît dans la psychothérapie ciblée sur le trouble de l'identité
La seule différence entre la boulimie nocturne et celle qui se passe le jour, c’est que les crises ont lieu la nuit et non le jour. Du point de vue psychothérapeutique, l’approche est la même : apprendre à s’affirmer dans un premier temps puis à développer l’estime de soi.
- Avez-vous encore de la boulimie nocturne ai-je demandé à une personne dont je savais qu’elle faisait de la boulimie nocturne ?
- Oh, je me lève encore la nuit, m’a-t-elle répondu avec un immense sourire de satisfaction, mais maintenant ma boulimie nocturne se limite à une banane et un yaourt. Exceptionnellement deux bananes.
Combattre la boulimie nocturne
Je mange beaucoup la nuit. Mais suis-je boulimique nocturne ?
Combattre la boulimie nocturne nécessite de vérifier tout d’abord s’il s’agit bien de boulimie. Tous ceux qui mangent beaucoup ne sont pas nécessairement boulimiques parce que la boulimie a une définition spécifique. Pour être boulimique il faut non seulement manger beaucoup mais aussi avoir une configuration psychologique particulière : humeurs extrêmes, changeantes et fréquentes, l’impression d’être décalé avec les autres, jamais à la hauteur, avec un sentiment d’ennui fréquent et une très mauvaise estime de soi. Il y a des gens qui mangent beaucoup parce qu’ils ont un problème métabolique, ou parce qu’ils traversent une réaction émotionnelle importante à un évènement sans pour autant avoir ces spécificités psychologiques. Ceux-là ne sont pas boulimiques.
On peut aussi manger beaucoup la nuit sans avoir un problème métabolique ou réactionnel et sans qu’il s’agisse de boulimie nocturne. On peut par exemple avoir un tempérament avide, sans être pour autant atteint de boulimie. L’avidité n’est pas une maladie. C’est une manière d’être qui peut présenter des inconvénients mais aussi des avantages, parmi lesquels une grande aptitude à atteindre des objectifs avec rapidité et succès. Selon les psychologues, l’avidité et les quantités de nourriture ingérées le jour ou la nuit sans trouble de la personnalité ne sont pas des critères suffisants pour poser le diagnostic de boulimie. Bien sûr, il peut être utile de combattre l’hyperphagie nocturne si elle pose des problèmes physiques ou mentaux, mais s’il ne s’agit pas de boulimie il n’est pas nécessaire de s’adresser à un spécialiste avec l’objectif de combattre la boulimie nocturne.
Combattre la boulimie nocturne
Vaincre la boulimie nocturne : est-ce possible ?
Combattre la boulimie nocturne après s’être assuré qu’il s’agit bien de boulimie peut parfois sembler impossible quand on se réveille la nuit dans le but de se jeter sur la nourriture.
Lorsque la personne est consciente, il semble déjà très difficile de trouver un moyen efficace de combattre la boulimie nocturne. Mais la difficulté est encore plus grande lorsque l’on est pas vraiment réveillé, que l’on se lève tel un robot pour se diriger vers le réfrigérateur avec un besoin irrépressible de manger.
Comment espérer combattre la boulimie nocturne si l’on ne se rend même pas compte qu’elle s’active ?
Dans le cas de la boulimie diurne, les psychiatres, lorsqu’il s’agit d’une addiction alimentaire, tentent généralement avec la psychothérapie cognitive, de repérer les émotions et les pensées qui ont lieu avant la crise, afin de trouver comment traduire pensées et émotions autrement que par une addiction. Mais lorsque que la boulimie vous prend en plein sommeil, comment combattre la boulimie nocturne puisqu’on ne se souvient plus de ses pensées ni de ses émotions du moment ?
Combattre la boulimie nocturne
Combattre la boulimie nocturne à défaut de la vaincre ?
Combattre la boulimie nocturne à défaut de la vaincre, quand on se réveille en plein sommeil avec la contrainte d’aller manger ce qui reste dans la maison, est quasiment impossible. On se sent comme un robot, comme un automate, et on ne se rend pas compte de ce que l’on fait vraiment. Comment avoir la volonté alors qu’on n’est même pas conscient de ce que l’on fait ? C’est plus fort que soi.
Il y a aussi des gens qui mangent la nuit quasiment jusqu’au petit matin parce que le besoin de manger est plus fort que l’envie de dormir. Pour ces personnes-là il est parfois possible de combattre la boulimie nocturne à défaut de la vaincre en se forçant à ne pas céder à ses pulsions. C’est très difficile, ça met dans un état de nerfs à peine supportable, et probablement ça empêche aussi de dormir.
Combattre la boulimie nocturne par des médicaments ?
On cite le cas de gens qui ont réussi, par périodes, à combattre leur boulimie nocturne en prenant des somnifères, pour réussir à dormir malgré l’immense frustration qu’ils ressentent de ne pas craquer. Mais cela ne peut être fait que par petites , pour ne pas s’habituer aux somnifères, tout en sachant que, bien évidemment, ce n’est qu’une manière provisoire de combattre la boulimie nocturne à défaut de la vaincre. Bien que cette façon de faire ne soit pas recommandée par les médecins, dans la mesure où ça ne marche pas sur le long terme et où on risque de prendre goût aux benzodiazépines et provoquer un effet d’accoutumance, cela s’avère parfois, quand on ne le fait pas trop souvent, un moyen efficace de laisser souffler son corps. Car dans le cas de boulimies nocturnes quotidiennes, on a grand besoin de se reposer.
Pour les gens qui seraient tentés de temps en temps de faire cela, l’accompagnement d’un psychiatre, afin de ne pas franchir les limites, serait idéal.
Une autre façon, pour ceux qui ont envie de combattre la boulimie nocturne à défaut de la vaincre, est de trouver un service hospitalier médecin qui acceptera de réaliser une hospitalisation de courte durée. L’hospitalisation ne permet pas de vaincre la boulimie, mais elle permet de souffler et d’échapper pour un temps à la fatigue.
Combattre la boulimie nocturne
Quels sont les conseils pour combattre la boulimie nocturne ?
À ceux qui cherchent un moyen de combattre la boulimie nocturne, le psychologue ne peut que tenir le même discours que pour ceux qui cherchent à combattre la boulimie diurne : les informer qu’ils ne peuvent pas y parvenir avec la volonté seule. Ce n’est pas par hasard qu’on fait de la boulimie, mais par besoin. On ressent à l’intérieur de soi d’énormes tensions qu’on ne voit pas comment faire disparaître et qui déclenchent les crises de boulimie. Ce qu’il faut combattre, quand on a une addiction, ce n’est pas l’addiction en elle-même, mais c’est la raison pour laquelle on a une addiction. Si on veut vraiment combattre la boulimie nocturne durablement sans être envahi par l’obsession de la nourriture, c’est toute son identité qu’il faut remettre en question. Les gens ne le savent pas. Ils pensent que la boulimie est leur seul problème. Mais en réalité leur vrai problème est qu’ils ne se sentent pas vraiment dans leur corps.
Au cours d’une psychothérapie, ils découvrent également que même leurs pensées ne leur appartiennent pas. Ils se sont construit une identité à partir de leur vécu d’enfant, de leur éducation, de ce qu’ils pensent devoir faire pour plaire à leurs parents et aux gens qui les entourent. Mais combattre la boulimie nocturne, comme la boulimie diurne d'ailleurs, consiste à aller à la rencontre de sa véritable identité. Et ce faisant, faire le ménage dans leurs pensées dysfonctionnelles qui les amènent à ne pas se comporter en fonction de leurs besoins profonds mais en fonction de ce qu’ils croient devoir être pour plaire aux autres et pour survivre dans la société. Combattre la boulimie nocturne, comme diurne, c’est aller chercher en soi ce dont on a vraiment besoin à chaque pas. Et pour ce faire, il faut déconstruire, comme dirait le philosophe Dérrida : pas faire table rase, et déconstruire une fois pour toutes. Mais déconstruire à chaque pas, pour avancer sur ce qui deviendra son chemin à soi.
Combattre la boulimie nocturne
Combattre la boulimie nocturne grâce à la psychothérapie individuelle
En général la psychothérapie usuellement pratiquée dans le cas des TCA est repose sur l’approche cognitive, en psychothérapie individuelle.
L’approche cognitive s’intéresse aux émotions ressenties pour voir de quelle façon elles sont reliées aux pensées qui nous traversent, parfois si vite que nous ne nous en rendons même pas compte. Tout ce qui nous reste de nos pensées, il arrive que ce soit seulement les émotions que nous ressentons, qu’elles soient agréables ou désagréables. Les pensées et les émotions sont tellement reliées que parfois il est difficile de savoir si c’est une pensée qui a généré telle ou telle émotion ou bien si c’est telle ou telle émotion qui a généré la pensée.
Dans l’approche cognitive, utilisée dans le cas de l’addiction alimentaire, on pense pouvoir agir sur les émotions en réajustant celles de nos pensées dites dysfonctionnelles, et limitantes. A l’inverse, les thérapeutes cognitivistes proposent d’utiliser les techniques d’arrêt de la pensée dans le but de désamorcer les pensées afin d’apprendre à gérer les émotions.
Combattre la boulimie nocturne avec l'approche cognitive ?
L’approche cognitive étant la thérapie la plus utilisée dans le cas des TCA, on peut se demander comment elle peut aider à combattre la boulimie nocturne lorsque le sujet est endormi et non conscient des émotions et des pensées qui ont pu le traverser pendant son sommeil.
D’ailleurs l’approche cognitive ne marche pas très bien sur le long terme avec la boulimie diurne non plus, en les pensée en faisant reposer la pratique sur la recherche des pensées et des émotions qui précèdent une crise de boulimie. Quand on a l’habitude de travailler avec des personnes boulimique on s’aperçoit que les crises sont souvent précédées tout autant par des émotions positives que par des émotions négatives. C’est souvent la caractéristique des personnes hypersensibles, et ce, depuis le tout premier âge de leur vie. Quelque chose a perturbé la relation à l’autre, en général la relation avec la personne nourricière. Même si celle-ci est aimante, l’enfant, du fait de son hypersensibilité, ressent une angoisse de séparation qui le pousse à avoir besoin de s’accrocher à celle, celui ou ceux, qui l’entourent sans jamais prendre le risque de se détacher. Au début il s’accroche à la personne nourricière, puis à la maîtresse d’école, puis aux petits camarades, puis aux personnes qui le séduiront plus tard quand il sera adolescent, à sa compagne ou son compagnon quand il sera adulte, à son travail, à tout ce qui lui permet de ne pas rester seul avec lui-même. Un peu comme s’il n’y pas arrivait pas de lui-même, comme s’il n’avait pas eu le choix, ni l’espace, ni les moyens, de se développer, non pas en cherchant à plaire à l’autre, mais en fonction de ses vrais besoins. Combattre la boulimie nocturne ou diurne c’est apprendre à s’ajuster aux autres, avec une bonne distance, sans en ressentir de l’angoisse ni de l’ennui, avec la sensation d’être enfin connecté à son corps et à ses moindres besoins.
Combattre la boulimie nocturne
L'approche utilisée par Catherine Hervais pour combattre la boulimie nocturne
Pour combattre la boulimie nocturne et réussir à la vaincre définitivement, qu’elle consiste à se réveiller pendant la nuit pour faire une crise ou à ne pas pouvoir aller se coucher, tellement le besoin de manger est intense, la psychothérapie de groupe est un format idéal.
Pour les personnes qui souffrent d’une addiction, l’approche en groupe de parole ou en groupe de thérapie est ce qui donne les meilleurs résultats. Les gens qui souffrent d’une addiction sévère, parmi lesquels ceux qui sont addicts à la nourriture, ont un trouble de la personnalité qui, même parfois peu visible d’emblée leur gâche leur vie sociale quand l’émotion est en jeu. Le groupe de psychothérapie, quand il est centré sur la résolution du problème d’identité et relationnel, permet (grâce aux exercices tels que jeux de rôle et autres...) non seulement de combattre la boulimie nocturne et diurne durablement, mais également de faire une « mise à jour » complète de son identité. Il faut devenir authentiquement soi, et savoir communiquer sans agresser ou fuir, pour ne plus avoir besoin d’une addiction alimentaire pour vivre.
Ci-après des articles de la même thématique :
Pour aller plus loin sur le sujet de la boulimie nocturne :
- Les différents traitements pour soigner la boulimie
- Comment lutter contre la boulimie ? Seul ou avec un psy ?
- Le guide sur la boulimie nocturne