Marlon Brando, du non désir à la boulimie
Auteure de l'article : Catherine Hervais,
psychologue spécialisée dans l'addiction alimentaire
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L’hypersensibilé, origine du symptôme boulimie anorexie
Sa personnalité, comme la vôtre, est modelée par une hypersensibilité du premier âge et peut apparaître de deux façons, soit effacée, soit extravertie.
Dans la forme effacée, les personnes sont très lisses, plutôt fuyantes, n’osant pas s’exprimer, acceptant plus ou moins tout des autres, jusqu’à ce que leur coupe soit pleine. Elles retournent la violence contre elles-mêmes et rarement contre les autres, sauf au moment où elles rompent brutalement et impulsivement la relation. Et donc leur douceur apparente se termine, relationnellement parlant, dans la violence.
Dans la forme extravertie, les personnes sont très sûres d’elles-mêmes, très affirmées. On leur trouve parfois un petit air de supériorité qui fait souvent peur à leur entourage, professionnel ou affectif. Marlon Brando appartenait à cette forme extravertie.
Les symptômes psycho-comportementaux de l’hypersensibilité
Mais que vous exprimiez votre détresse sous la forme d’une violence extravertie ou d’une violence intériorisée vous aussi vous jouez un personnage souvent très charismatique pour compenser votre vide intérieur. Vous aussi vous vous sentez fébrile en amour parce que vous avez trop de méfiance ou de peur pour vous donner. Vous aussi comme Brando, au fond de vous-même, vous ne vous sentez pas réellement un être humain, vous bafouez les cadres, vous vous moquez des limites, en particulier des limites affectives et relationnelles.
Dans le reportage on explique que Marlon Brando avait des parents alcooliques et que très petit il était déjà malheureux. Ce n’est pas le cas de toutes les personnes boulimiques anorexiques. Certaines ont eu des parents formidables. C’est d’ailleurs ce qui a fait que jusqu’à l’adolescence et parfois au-delà, elles n’ont souffert de rien. Leur désarroi a commencé au moment de leur vie où elles ont eu besoin d’affirmer leur identité. Sur le plan de l’intelligence et du professionnalisme ou du créatif ça marche très bien marchait parfois. Mais quand l’affectif est impliqué dans la relation, comme pour Brando, c’est la haute tension.
Beaucoup d’artistes quand ils ne sont pas alcooliques ou drogués sont boulimiques anorexiques. Certains d’ailleurs deviennent alcooliques ou drogués pour ne pas manger trop afin de ne pas devenir obèse. C’est probablement le cas de Emy Wihinehouse, chanteuse anglaise de grand talent qui s’est suicidée. À la base elle était boulimique anorexique et pour ne pas manger trop et grossir elle s’est mise à l’alcool et à la drogue. C’était le cas également de Marilyn Monroe à propos de laquelle j’ai fait un article sur boulimie.fr. https://www.boulimie.fr/articles/les-stars-boulimiques/marilyn-grandeur-et-fragilite
Généralement la plupart des artistes qui sont boulimiques se font vomir, parviennent à rester mince et se disent anorexiques parce que l’anorexie leur semble moins ridicule que la boulimie. Mais il y a très peu de véritables anorexiques alors qu’il y a un très grand nombre de boulimiques anorexiques, même très maigres. Dans certaines institutions d’ailleurs on soigne les boulimiques très maigres comme les anorexiques c’est-à-dire en les faisant grossir dans un univers quasiment carcéral. Quand la maigreur est extrême il se peut que l’univers carcéral soit nécessaire pour leur sauver la vie. En tout état de cause elles ont, elles aussi, besoin d’un traitement médical pour prendre des forces avant d’entamer une psychothérapie.
Apprendre à ajuster son hypersensibilité afin qu’elle ne soit plus destructrice.
Pour ce qui est de cette psychothérapie, concernant votre type de personnalité, que certains disent borderline ou bipolaire ou avec un côté autiste, il vous faut non pas une compréhension de votre passé mais quasiment une naissance. Pour cela je préconise le groupe. Il permet de se rendre compte du personnage qu’on se joue à soi-même et qu’on joue aux autres, de ce que l’on ressent émotionnellement au fond de soi, d’apprendre à l’exprimer avec authenticité face aux autres, et enfin d’apprendre avec des exercices et des jeux de rôle à être soi-même sans être ni agressif ni fuyant.
Il n’est jamais trop tard pour comprendre qu’on joue un rôle et pour apprendre à devenir soi-même. Encore faut-il un psy qui s’investisse avec transparence dans le relationnel afin de vous faire réaliser votre côté « autiste » et de vous guider progressivement vers une capacité à entrer en relation authentique et paisible avec l’autre. Encore une fois l’idée n’est pas de vous aider à voir ce qui n’a pas marché quand vous étiez petit mais à devenir la personne que vous êtes réellement et à apprendre à communiquer sans fuir et sans bousculer.
Aujourd’hui une jeune femme m’a informé qu’elle n’a plus du tout de boulimie depuis quelques années. Elle n’y croyait pas parce que celles-ci sont parties longtemps après sa psychothérapie. « Bien sûr », m’a-t-elle dit, « J’ai toujours des états intérieurs Intenses mais aujourd’hui contôlables »
[1] De Philippe Kohly. Réalisateur. Qu’il s’agisse de montrer l’humanité d’un personnage "noble", tel Maria Callas, ou la noblesse d’un personnage "populaire", comme Dalida, l’ambiance est commune : univers clos, proximité du regard et distance, commentaire laconique de style "télégraphique émotionnel".