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Ce site porte un regard essentiellement psychologique et psychanalytique sur l'origine de la boulimie

Selon les travaux de
la psychologue Catherine Hervais
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Boulimie nocturne

Auteure de l'article : Catherine Hervais,
psychologue spécialisée dans l'addiction alimentaire

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La boulimie nocturne, pour les psychologues, est à considérer exactement comme la boulimie anorexie ou l’hyperphagie boulimique diurnes. Lorsque, comme la boulimie diurne, elle n’est pas liée à un problème métabolique spécifique, la boulimie nocturne est le symptôme d'une personne qui ne se sent pas dans sa peau, qui réagit émotionnellement comme un petit enfant dans un corps d’adulte et qui aurait pu dire comme Nietzsche : pourrait dire d’elle-même : « mes fruits sont mûrs, mais je ne suis pas encore assez mûr pour mes fruits ».

 

Boulimie nocturne

Boulimie nocturne : Témoignages de personnes qui s'en sont sorties

 

1 - La boulimie nocturne disparaît avec un psychothérapie ciblée sur le trouble de l'identité

 

La boulimie nocturne disparaît dans une psychothérapie de groupe ciblée sur le trouble de lidentité 1

 

2 - La guérison de la boulimie nocturne apparaît dans la psychothérapie ciblée sur le trouble de l'identité

 

 La boulimie nocturne disparaît dans une psychothérapie de groupe ciblée sur le trouble de lidentité 2

 

La seule différence entre la boulimie nocturne et celle qui se passe le jour, c’est que les crises ont lieu la nuit et non le jour. Du point de vue psychothérapeutique, l’approche est la même : apprendre à s’affirmer dans un premier temps puis à développer l’estime de soi.

  • Avez-vous encore de la boulimie nocturne ai-je demandé à une personne dont je savais qu’elle faisait de la boulimie nocturne ?
  • Oh, je me lève encore la nuit, m’a-t-elle répondu avec un immense sourire de satisfaction, mais maintenant ma boulimie nocturne se limite à une banane et un yaourt. Exceptionnellement deux bananes.

 

Boulimie 

Qu'est-ce que la boulimie nocturne ?

 

Certaines personnes ne font pas du tout de boulimie dans la journée, mais elles sont confrontées à de la boulimie nocturne. Elles se surprennent à se bâfrer la nuit. C'est le cas d’une de patiente qui, dans la journée, avait une très bonne hygiène alimentaire sans se priver de quoi que ce soit et par contre, la nuit elle avalait une énorme quantité d'aliments jusqu'à se rendre malade. À la fin de la crise elle ressentait un très fort sentiment de culpabilité. Pour ne pas grossir, elle finissait par se faire vomir. Cela l'inquiétait de se rendre compte qu'elle pouvait se préparer à manger, par exemple se faire des frites, à moitié endormie.
Une autre jeune femme qui faisait de la boulimie nocturne pensait que c'était peut-être le diabète qui lui procurait cela. Elle disait que son taux de sucre diminuait beaucoup la nuit et qu'elle avait besoin d'aller manger alors qu’elle était à moitié endormie.
Dans mes 35 années de pratique, il m'est arrivé plusieurs fois de rencontrer des personnes qui me disaient qu'elles faisaient de la boulimie nocturne.

Mais quand on est psychologue ou psychanalyste, on ne s'intéresse pas beaucoup au moment où les personnes sont sujettes à leurs crises de boulimie. On ne s'intéresse pas aux symptômes en eux-mêmes ni à la forme qu'ils prennent. Pour la boulimie nocturne comme pour les autres boulimies vomitives, non vomitives ou hyperphagiques, on considère que s'il y a un symptôme envahissant, il y a probablement un problème d'identité et un problème relationnel affectif.
Idéalement, quelle que soit la forme de la boulimie, nocturne ou pas, les psychanalystes spécialisés dans l’addiction ne donnent pas trop de place aux inconvénients créés par le symptôme ni à tous les bobos du passé.

 

Boulimie nocturne

Soigner la boulimie nocturne

 

Que la boulimie soit nocturne ou non, s'il y a quelque chose à soigner, qu’est-ce qu’il faut soigner ? Mais la boulimie nocturne ne se soigne pas. Pas plus que les autres boulimies. Quand une personne souffre de boulimie nocturne, c'est la personne qu’on soigne. Encore que le mot soigner ne soit pas approprié, dans la mesure où une personne qui fait de la boulimie nocturne ou diurne n'est pas une personne malade : c'est une personne qui n'a pas trouvé ses propres repères identitaires et relationnels affectifs.

Ce qui est à soigner, ce n'est donc pas la boulimie nocturne, c'est la relation à son environnement et la relation à elle-même.
Bien sûr quand on fait de la boulimie nocturne on se sent dépassé par son propre comportement qui semble plus fort que la volonté. En même temps, on se sent également dépassé quand on fait de la boulimie en pleine journée. Dans l’une comme dans l'autre il est important de voir avec un médecin s'il n'y a pas une cause organique (du diabète par exemple). Et s'il n'y a pas de cause organique, il s'agit d’un problème identitaire et relationnel affectif. Auquel cas la psychothérapie aujourd’hui, quand elle est adaptée à cette problématique, peut permettre de sortir définitivement de l'addiction alimentaire et donc, aussi, de la boulimie nocturne.

 

Boulimie nocturne 

Quel autre traitement pour combattre la boulimie nocturne ?

 

À part le groupe de psychothérapie intensive, qui permet de gérer ses problèmes d'identité et ses problèmes relationnels, je ne vois pas de meilleur traitement pour la boulimie nocturne ou diurne, dans la mesure où toute addiction trouve sa racine dans un problème d'identité et des difficultés relationnelles affectives.

Mais si on souffre de boulimie nocturne et que l'on ne peut pas s'inscrire dans un groupe de psychothérapie qui traite les problèmes d'identité et relationnels, on peut tenter la psychothérapie individuelle tout en sachant que ce sont les problèmes d'identité au présent qu'il faut travailler et non les événements traumatisants passés. Les gens qui font de la boulimie nocturne ont besoin, tout comme les autres boulimiques, pour se libérer de leur addiction, d'améliorer la relation aux autres qui reste trop superficielle. On n'ose pas tout dire parce qu’on cherche trop à plaire, et quand quelque chose coince entre soi et l’autre on prend la fuite, on agresse ou on cherche par tous les moyens à convaincre l’autre qu’on a raison.

C'est donc la relation avec le thérapeute qu'il faut travailler. Inutile de parler de la boulimie nocturne. Par contre, il faut oser dire au psychothérapeute ou au psychanalyste ce qu'on aime et ce qu'on n'aime pas chez lui, ce qu'il dit et que l'on n'aime pas entendre, ce qu'on voudrait lui dire et qu'on n’ose pas, par peur du ridicule, du rejet, ou de le blesser… La relation doit se travailler dans les moindres détails parce qu'elle permet de se détacher de soi pour aller à la rencontre de l’autre afin de mieux se revenir à soi dans un second temps. D'un point de vue psychothérapeutique la boulimie nocturne nécessite un travail sur l'identité et sur les difficultés relationnelles quand l'affectif est en jeu.

 

Boulimie nocturne 

Boulimie nocturne et médicaments

 

En revanche, dans la boulimie nocturne tout comme dans la boulimie diurne où hyperphagique il ne faut pas négliger l'utilité de certains médicaments permettant d'éviter les humeurs extrêmes, les ruminations mentales quasi-permanentes, les agitations « nerveuses » qui ne se voient pas mais qui font se sentir trop souvent inconfortable. Si vous faites de la boulimie nocturne, après avoir consulté un médecin pour constater que la cause n’est pas métabolique, Il est bon à tout hasard d’aller consulter un psychiatre qui pourrait vous prescrire un antidépresseur à petite dose. Cela peut calmer l'agitation intérieure sans qu'il soit nécessaire pour autant d'utiliser un anxiolytique. L'avantage de ne pas prendre d’anxiolytique est de ne pas se laisser entraîner chimiquement dans une deuxième addiction.

Souvent les personnes boulimiques ont peur de prendre les médicaments qui leur sont prescrits par les psychiatres justement par peur de remplacer leur boulimie nocturne par une boulimie de calmants. En réalité il faut savoir que si les anxiolytiques peuvent créer une addiction, les antidépresseurs quant à eux, s’ils peuvent créer une dépendance, celle-ci sera supprimée le moment venu avec l’aide du psychiatre au moyen d’un protocole précis. L'avantage d'un antidépresseur à petite dose c'est justement qu'il permet de ne pas prendre de benzodiazépines qui, quand on en abuse et qu’on en prend longtemps, peuvent entraîner une addiction.

 

 

Boulimie nocturne 

Thérapie individuelle et boulimie nocturne

 

La boulimie nocturne, quand elle n'est pas due à une cause organique se traite difficilement en thérapie individuelle. Comme il s'agit d'une addiction sévère, idéalement une psychothérapie de groupe est plus appropriée. Elle permet de travailler les troubles de la personnalité, les troubles relationnels et d'acquérir enfin de l’estime de soi. Difficile de faire ce travail en thérapie individuelle dans la mesure où il faudrait travailler la relation au psychothérapeute, ce que les personnes qui sont atteintes de boulimie ont tendance à éluder. Elles osent rarement dire au psy ce qui leur déplaît. En psychothérapie elles sont, comme dans la vie, soit trop en retrait, soit dans un besoin fusionnel de se faire materner.

Dans un groupe qui est centré sur le trouble de l'identité et sur le relationnel affectif, c'est différent. On n’y parle ni de la boulimie nocturne, ni des vomissements, ni de l’hyperphagie, ni de tout ce que ces symptômes créent comme inconvénients dans la vie quotidienne. On est confronté à l'autre (qui n’est pas neutre ou simplement « soignant » comme le sont les psychothérapeutes en général). En se confrontant aux autres du groupe, on se confronte également à soi-même parce qu’on prend conscience assez vite de ces fausses croyances et de ces fausses interprétations.

 

Boulimie nocturne 

Thérapie de groupe et boulimie nocturne

 

Dans un groupe, un matin, une jeune femme prend la parole spontanément : « Je ne sais pas ce que je fais ici, dans ce groupe. Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin de travailler sur moi. Tout va bien dans ma vie, tout ! Ma vie de couple est formidable, j'ai rencontré l'homme que j'aimais. Nous sommes très amoureux l'un de l'autre. Ma vie professionnelle est extraordinaire. J'exerce le métier que j'ai choisi. Mon entreprise est très satisfaite de moi. Avant d'être mariée j'étais dans une famille formidable. J'adore mes parents je me suis toujours bien entendue avec eux. Et ça continue aujourd'hui. La seule chose qui ne va pas dans ma vie c'est ma boulimie nocturne. Je ne comprends vraiment pas pourquoi je fais de la boulimie nocturne. Dans la journée je ne pense pas du tout à la nourriture ». C'est moi qui animais le groupe ce jour-là. Je lui dis que si elle fait de la boulimie nocturne c'est que probablement il y a quelque chose en elle qui lui pose problème sans qu'elle le sache. Mon choix est de ne pas avoir recours au passé des participants mais de me concentrer sur le présent point je ne lui parle donc plus de la boulimie nocturne, et, ne sachant très bien quoi lui dire dans l'immédiat face à son interrogation, je lui demande de choisir trois personnes.

 

Boulimie nocturne

Boulimie nocturne : son "traitement" dans un groupe de psychothérapie

 

Elle est surprise par ma demande. Elle pensait que je n'allais m'intéresser qu'à sa boulimie nocturne. Elle me dit qu'elle ne sait pas comment choisir puisqu'elle ne connaît personne du groupe. Je lui réponds que cela n'a pas d'importance. Sur son ordinateur (nous sommes en visioconférence en groupe) elle voit plein de visages. Certains l’inspirent peut-être. Agréablement ou désagréablement. D'autres lui font un effet différent. Elle me demande qu'elle personne souffre de boulimie nocturne. Je lui dis d'oublier son symptôme et je lui propose de dire comme ça vient ce qu'elle ressent des 3 personnes qu'elle aura choisies. Comme les prénoms sont affichés sur la grille elle choisit trois personnes en nomment leur prénom. Je lui demande de me dire ce qu'elle ressent à propos de la première personne qu'elle a nommée. « Émilie a l'air très douce. Quand je la regarde je me sens en sécurité. Elle est très belle aussi ». À propos de la deuxième personne qu'elle a choisie elle me dit qu'elle aussi a l'air très sereine, qu’elle aime son sourire. Enfin, pour la 3e elle fait un commentaire à peu près similaire. Elle aime son calme, mais je ne suis pas sûre qu'elle ait compris qu'on n'aborde pas le thème de la boulimie nocturne.

Néanmoins, elle accepte de laisser de côté son problème de boulimie nocturne, tandis que je lui demande, aussi, si la douceur est quelque chose de très important pour elle. Elle me répond que c'est fondamental. « Je ne peux m’entourer que de gens doux. j'ai très peur des conflits nous dit elle ». Je lui demande ce qui lui fait peur dans les conflits. Elle me dit qu'elle se sent désarmée par eux, angoissée. « Les conflits me terrorisent. Je fais tout pour les éviter. » Je lui demande ce qu'elle redoute dans les conflits. Elle me répond qu'elle ne sait pas vraiment mais qu'elle a peur d'être engloutie. « Quand je risque d'être prise dans un conflit, je rentre dans ma coquille ou alors je fuis. ». Je lui demande si elle se sent trop fragile pour faire face. Elle sourit timidement et répond : « probablement ». Je lui dis que c'est peut-être à cause de cette fragilité-là qu’elle fait de la boulimie nocturne. La boulimie nocturne vient peut-être apaiser une de ses fragilités qui se réveille la nuit et sur laquelle nous pouvons travailler nous en groupe. Avec des jeux de rôle Nous pourrons simuler des conflits auquel elle aura à faire face.

Ni elle ni moi ne savons pourquoi elle a des boulimie nocturnes mais dans les échanges avec les autres, au fil du temps, elle sera confrontée à certaines de ses fragilités qu'elle aura l'occasion le surmonter par des exercices relationnels en groupe. Lorsque sa peur des conflits disparaîtra il est possible que sa boulimie nocturne disparaisse elle aussi.

 

Soigner la boulimie

Et si la solution pour soigner la boulimie c’était le groupe de parole ?

 

Quand j’étais petite rien ne m'intéressait à part manger. En grandissant c'était de pire en pire au point que ma mère avait décidé de me mettre dans une clinique diététique pour soigner la boulimie. En réalité ma mère ne savait pas à cette époque ce qu'était la boulimie et cette clinique diététique ne proposait pas de soigner la boulimie mais de soigner l'obésité. J'avais quinze kilos de trop, j'en étais très affligée, j’avais honte, ma mère aussi et elle avait pris la décision de m’envoyer dans la clinique du docteur Pathé à Grasse. Ce n’est pas une plaisanterie, le nom de la ville était vraiment à Grasse et le nom du médecin de la clinique était vraiment Pathé. À l'époque on n'avait pas l'idée de soigner la boulimie tout simplement parce qu'on ne savait pas ce que c'était.

On soignait l'obésité en servant des repas légers et réguliers. Je ne crois pas avoir maigri beaucoup mais surtout je me souviens que j'ai recommencé à me goinfrer une ou deux semaines après mon retour. Je me souviens également que pendant tout le séjour dans la clinique je ne pensais qu’à manger. Et aussi qu'en rentrant de la clinique, pendant les deux semaines où j'ai essayé de respecter les prescriptions nutritionnelles, je rêvais la nuit que je mangeais des repas gargantuesques et je me réveillais en sursaut avec le sentiment de culpabilité d’avoir craqué. Je ne savais pas que j'avais une addiction alimentaire et que ce n'était pas ma faute, que c'était plus fort que ma volonté. Je culpabilisais et je me sentais très lâche et très nulle parce que je voulais maigrir et j’étais incapable de tenir un régime que pourtant j'avais très envie de faire.

Si à l'époque j'avais su que je faisais de la boulimie et qu'on pouvait soigner la boulimie avec une psychothérapie qui renforce l'affirmation de soi, j'aurais, bien entendu, tenté une psychothérapie pour soigner la boulimie. Mais en ce temps-là je ne pensais pas que j'avais quelque chose à soigner. Je pensais que j'étais moche, grosse, lâche et bête. Je pensais que la lâcheté, la bêtise, l'inconsistance ne se soignent pas. Après avoir vu plusieurs psychiatres pour soigner mes phases de dépression chaque année j’entrepris de faire une psychanalyse. J’avais vingt ans. Encore une fois ce n'était pas pour soigner la boulimie mais pour trouver pourquoi j'étais aussi malheureuse, pourquoi j'étais née comme ça, pourquoi le monde me paraissait si absurde, si violent, si agressif, pourquoi j'étais aussi bizarre.

Les psychothérapies avec les psychiatres n'ont pas marché pour soigner la boulimie mais au moins elles ont soigné temporairement les passages dépressifs. Quant à la psychanalyse, elle n'est pas parvenue à soigner la boulimie non plus. Mais en parler avec quelqu’un qui m’écoutait sans me donner de conseils m'a tout de même fait beaucoup de bien. La méthode diététique comportementale n'a pas réussi à soigner la boulimie, la psychanalyse n'a pas réussi à soigner la boulimie, mais cette dernière m'a permis d'avoir un peu moins honte de moi.

 

Soigner la boulimie

Et plus précisément le groupe de parole de Catherine Hervais

 

Bien que la psychanalyse ne m'ait pas apporté tout ce que j'espérais sur la compréhension du monde et sur la compréhension de moi-même, j'ai trouvé cette pratique très respectueuse de qui j'étais, même si je me trouvais tous les défauts de la terre. J'avais le droit d'être comme j'étais, même boulimique, même lâche… Il devait y avoir des raisons pour lesquelles j'étais comme j'étais. Cette façon de voir m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur la psychanalyse et quand je suis entrée à l'université pour faire des études de philosophie, j'ai suivi pendant deux ans le séminaire d'un psychanalyste lacanien, Pierre Kaufman, grâce auquel j'ai pu approfondir dans le détail ma connaissance de l’œuvre de Freud. Même si la psychanalyse n'avait pas vraiment bien marché pour moi, je la trouvais passionnante. Je me disais que ce n'était pas à cause de la psychanalyse que ça n'avait pas marché, mais parce que c'était moi. A cette époque-là je ne savais pas encore que j'étais boulimique. De toutes façons personne ne connaissait la boulimie et il n’existait donc aucun traitement pour soigner la boulimie.

Quand j’ai terminé mes études de psychologue clinicienne après ma licence de philosophie, je décidai de retenter une psychanalyse. Mais cette fois avec un psychanalyste lacanien, car le premier ne l'était pas. Je n'y suis pas restée très longtemps. Mon psychanalyste me paraissait très froid. En plus un jour il est arrivé en retard tandis que je l'attendais sur les marches de son escalier et je me souviens m'être dit que s'il était en retard, ça voulait dire qu’il n'en avait rien à faire de moi. Je l'ai quitté du jour au lendemain ne supportant pas l'idée que je puisse ne pas pour compter lui. Cette interprétation m’avait ainsi conduite à un passage à l’acte que je n’ai pas perçu sur le moment.

 

Boulimie nocturne

Boulimie nocturne et psychanalyse

 

Autant la psychanalyse me passionnait sur le plan théorique, autant je me disais que je n'étais pas faite pour elle, parce que d'une part je ne savais plus quoi dire et que d'autre part elle ne répondait pas à mes questions existentielles : pourquoi le monde est si moche, si absurde, pourquoi j'étais si nulle, si bizarre et différente des autres ?

Après le master de psychologie, je ne me suis pas dirigée vers une formation de psychanalyste parce que je ne me sentais pas de faire un métier qui ne m'avait pas suffisamment apporté de réponses.

A cette époque, l’entreprise dans laquelle je travaillais fermait et je décidais de profiter des aides de l’assedic pour faire une formation supplémentaire. J’ai choisi sciences de l’éducation. C’est à ce moment-là que j'ai découvert les groupes d'expression libre. Une cinquantaine d'étudiants étaient réunis dans une grande pièce et nous avions le droit d'exprimer tout ce que nous avions envie de partager. Je trouvais l'aventure intéressante et je décidais de dire librement aux gens tout ce qui me passait par la tête les concernant. J'ai osé dire à un tel que je le trouvais mal habillé, à telle autre personne que je la trouvais belle, ou que je n'étais pas d'accord avec elle. En un mot je me suis vraiment lâchée. Il n'y avait pas de psychologue pour me recadrer à ce moment-là, parce qu'on était en psycho socio, mais le fait de m'être exprimée librement, d'avoir trouvé ce courage, m'a permis d'être fière de moi pour la première fois de ma vie. Le fait de m'être affirmée telle que j'étais, avec authenticité, a étonnamment réussi à soigner la boulimie alors que m’étais résignée à vivre avec.

 

Boulimie nocturne

Boulimie nocturne et approche en groupe

 

Ayant compris que l'approche en groupe permettait de s'affirmer avec authenticité et que s’affirmer avait réussi à soigner la boulimie, je décidai de créer des groupes de thérapie pour des personnes boulimiques. Je ne savais pas qu'il y avait d'autres personnes boulimique que moi, mais je le supposais, parce que je voyais combien, dans les magazines féminins, les femmes était tout le temps à la recherche de régimes. Je mis une petite annonce dans la presse pour dire que je créais des groupes de psychothérapie pour personnes boulimiques dans le but de soigner leur boulimie. À ma grande surprise j'ai immédiatement eu assez de personnes pour créer un groupe. Puisqu'il avait suffit que je m'affirme avec authenticité pour que cela permette de soigner la boulimie, je présumai que c'était en réalité l'affirmation authentique de soi qui pouvait soigner la boulimie.

Mon hypothèse s’est trouvée vérifiée par la pratique. Dans le groupe, tous ceux qui sont parvenus à s'affirmer avec authenticité ont gagné en affirmation de soi. Et la majorité des participants, en prenant davantage confiance en eux, a réussi à soigner la boulimie dont personne n’espérait plus se débarrasser. Beaucoup plus tard je compris que soigner la boulimie n'était pas un but en soi parce que, bien que plus boulimique, les gens continuaient de manifester un manque d'estime d'eux-mêmes les rendant très malheureux, et rendant leur vie relationnelle affective très chaotique. Ils n'étaient plus boulimiques, et de cela ils éprouvaient un grand soulagement, mais étonnamment ils n'étaient pas plus heureux pour autant et continuaient à se sentir très mal dans leur peau et mal parmi les autres. C'est alors que je compris que soigner la boulimie n'était pas le but ultime à atteindre, que tous les participants du groupe – moi comprise - avaient un point commun dans leur personnalité : le manque d’estime de soi.

 

Boulimie nocturne

Le groupe permet de sortir de soi pour revenir à soi

 

En tant que psychothérapeute je continuai à participer à des groupes pour me former, mais aussi pour explorer tous les côtés de moi-même grâce aux interrelations avec les autres. Et de découverte en découverte, au fil des groupes de psychothérapie, je me suis sentie de moins en moins détestable et même intéressante aux yeux de certains participants des groupes. Toujours attentive à explorer la relation avec les autres qui me permettait d’avoir une relation avec moi-même, cette rencontre authentique avec toutes ces personnes, et plus particulièrement avec quelques-unes, au fil des années, m’a permis d'atteindre une posture formidablement confortable : l’estime de moi.

J'anime des groupes de psychothérapie depuis 35 ans et je sais aujourd'hui que, pour soigner la boulimie la confiance en soi est une première étape qui peut soigner la boulimie, au point qu'on n'est même plus obsédé par la nourriture. Mais je sais aussi qu'on ne doit pas s'arrêter là, parce qu’avoir de la confiance en soi permet d’échapper à la boulimie, mais n'est pas suffisant pour se sentir bien parmi les autres. Il faut aussi avoir confiance en l’autre, quoi qu’il tsoit et quoi qu’il fasse. Pas une confiance aveugle, mais une ouverture suffisante pour que l’autre se sente bien en face de soi. Dans les groupes que j’anime aujourd’hui, les gens travaillent sur l'acquisition de la confiance en soi qui permet de soigner la boulimie et travaillent aussi, dans un second temps à acquérir de l’estime de soi qui amène à se sentir enfin dans sa peau, à s’y sentir bien, et à se sentir également bien parmi les autres.

 

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