Boulimie et troubles relationnels : le besoin de s’excuser en permanence

Cet article explore le lien entre boulimie, mal-être et troubles relationnels. Il explique pourquoi les personnes concernées éprouvent le besoin de se justifier et s’excuser en permanence, mais également comment la psychothérapie peut les aider.

Un mal-être incompréhensible, le syndrome de l’imposteur

Souvent perçues comme performantes et irréprochables par les autres, les personnes ayant une addiction alimentaire chronique ont pour point commun d’être dépassées quand il s’agit de leur vie affective. Malgré une apparence de perfection, une profonde déconnexion existe entre leur extérieur et leur monde intérieur. C’est ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Ces personnes, malgré leurs éventuelles réussites objectives, ne se trouvent jamais assez compétentes ni à la hauteur. Au fond d’elles-mêmes, elles savent que la perfection apparente affichée n’est qu’un moyen de compenser un mal-être identitaire. Elles ne se trouvent jamais assez bien pour avoir l’assurance de se faire une place parmi les autres et ont tendance à se confondre en excuses et à se justifier continuellement.

Le sentiment de honte, le sentiment de vide

Les psychiatres attribuent la honte au fait que les personnes boulimiques se font vomir volontairement et ne parviennent pas à contrôler leur alimentation. Pour celles qui ne se font pas vomir, la honte vient de leur tendance à prendre du poids très rapidement.

Au-delà du comportement alimentaire, la honte chez les personnes boulimiques est aussi liée à un sentiment de vide. Que ce soit des hommes ou des femmes, elles se sentent transparentes, insignifiantes, sans intérêt. Ainsi, au-delà de la honte de ne pas contrôler leur alimentation, il y a surtout la honte de ne pas se sentir à la hauteur parmi les autres. Cette honte est primaire, et l’une des caractéristiques des troubles relationnels liés à la boulimie.

 

LIRE ÉGALEMENT : Angoisse du vide et addiction alimentaire

 

La peur de décevoir, un profond besoin de reconnaissance

Malgré tous leurs efforts pour dissimuler leur mal-être, l’inconscient joue ici un rôle central, car il laisse transparaître des indices, même dans les interactions les plus banales. L’une des manifestations les plus courantes de cette fragilité identitaire réside dans le besoin compulsif de s’excuser et de se justifier. Dans leur relation aux autres, les personnes boulimiques s’excusent de manière excessive, même lorsqu’elles n’ont rien fait de mal. Cette tendance à se justifier révèle leur peur de décevoir ou de ne pas être à la hauteur des attentes. Elles doivent sans cesse prouver leur légitimité et leur place dans le monde.

Derrière ces comportements, on retrouve un profond besoin de reconnaissance, une quête de validation qui ne peut être comblée par la simple appréciation des autres. Cette dépendance à l’opinion d’autrui et ce besoin de plaire à tout prix sont induits par la sensation de ne pas pouvoir exprimer leur véritable identité.

L’addiction pour s’accrocher à la vie

Dans leur tentative de combler ce vide intérieur, les personnes boulimiques se tournent vers des comportements addictifs qui leur permettent de ne plus penser et de ressentir une forme d’existence. L’addiction alimentaire est une manière de s’ancrer dans une réalité tangible, même si celle-ci est destructrice. Elle leur fait oublier leur mal-être profond et leur apporte un soulagement temporaire.

La boulimie pour échapper aux pensées négatives

C’est pourquoi, en s’accrochant à une addiction telle que la boulimie ou l’hyperphagie boulimique, souvent associée chez les jeunes à d’autres substances, ces personnes trouvent un moyen de ne plus penser et d’avoir la sensation de se sentir vivantes.

 

LIRE ÉGALEMENT : Comprendre l’addiction pour guérir d’un trouble alimentaire

 

L’acquisition de l’estime de soi en psychothérapie

Ainsi, la quête de perfection et l’addiction alimentaire sont des indices d’un manque existentiel. Les troubles relationnels, marqués par des excuses incessantes et une tendance à se justifier, ne sont que la partie émergée d’un problème plus profond. En psychothérapie, ce n’est pas l’addiction elle-même qu’il faut combattre. Il vaut mieux laisser de côté temporairement le dysfonctionnement alimentaire, tant que la vie n’est pas en danger, et partir à la recherche de sa véritable identité.

Laisser un commentaire